La France s’affranchira-t-elle du joug US?

Francoise Riviere
11 Min Read

Dans un discours chargé d’urgences et de réprimandes, le président français Emmanuel Macron a vertement critiqué l’attitude des États-Unis et a appelé l’Europe à se prémunir contre les « menaces russes et iraniennes », tout en prenant ses distances vis-à-vis de l’influence américaine.

« La sécurité en Europe n’est plus une priorité pour les États-Unis, a souligné Macron, exhortant les Européens à prendre leurs responsabilités face à un monde de plus en plus hostile. Il a vigoureusement plaidé en faveur d’une stratégie de défense européenne autonome, face à l’incertitude quant à l’engagement américain dans la région.

Ses propos tranchants interviennent dans un contexte marqué par les doutes quant à la fiabilité de l’alliance transatlantique. Les tensions entre l’administration américaine et l’Europe se sont exacerbées avec les déclarations de Donald Trump, l’ex président US, évoquant un possible désengagement militaire américain envers les pays européens sous-financés, ce qui a semé la panique parmi les dirigeants européens.

La politique tumultueuse de Washington a également été mise en lumière par les querelles politiques qui ont retardé l’aide militaire à l’Ukraine, illustrant la volatilité des relations transatlantiques. Face à cette crise que les Américains ont créée pour embourber l’Europe, celle-ci a été contrainte de rechercher activement des moyens de soutenir Kiev, témoignant ainsi de sa prise de conscience croissante du lâchage dont elle fait l’objet  de la part des Etats-Unis.

Macron a accentué la nécessité pour l’Europe de se réveiller face à l’accroissement rapide des puissances régionales, en particulier la Russie et l’Iran, qui renforcent leur potentiel militaire sans retenue. Cette montée en puissance créé un environnement défiant l’omnipotence occidentale, une montée en puissance qui inquiète  une Europe en recule sur tous les points, y compris militaire.

Dans ce contexte, le président français a mis en garde contre le maintien du statut quo , soulignant que le destin de l’Europe était entre ses propres mains. Il a exhorté les dirigeants européens à faire un choix décisif dès maintenant pour assurer la survie du continent face aux menaces émergentes.

La position de la France en faveur de la création de forces européennes de réaction rapide d’ici 2025 est un témoignage flagrant de la désillusion croissante envers les capacités américaines à protéger les Européens et le besoin urgent pour l’Europe de se dégager de l’ombre des États-Unis. Emmanuel Macron, dans son récent « discours sur l’Europe », avance plusieurs propositions visant à renforcer l’indépendance militaire d’une Union européenne, larguée par Washington aussi bien en Ukraine qu’en mer Rouge.

Pourtant, cette initiative soulève des questions essentielles sur les choix géopolitiques européens et la manière dont ils sont façonnés par les intérêts des États-Unis et de leurs alliés. La France, dans sa quête d’une défense européenne, est confrontée à des défis politiques, économiques et sécuritaires issus des décennies de suivisme envers les Etats-Unis.

En effet, le discours de Macron, prononcé à la Sorbonne dans le cadre d’une tentative désespérée de redéfinir le leadership européen, souligne bien l’échec des politiques de sécurité européennes sous la tutelle américaine. Alors que les États-Unis se tournent de plus en plus vers leurs propres priorités et laissent l’Europe à son sort, il semble bien impératif pour les pays européens qu’ils repensent leurs orientations politiques.

L’idée de créer un « bouclier antimissile européen », bien que présentée comme une initiative européenne, semble être toutefois une tentative déguisée de renforcer la position de l’Europe dans le jeu de pouvoir mondial que les Etats-Unis sont sur le point de perdre face aux puissances émergentes telles que l’Iran ou la Russie. Mais la tache s’annonce ardue. Les critiques précédentes de Macron à l’égard de cette proposition soulignent les tensions internes au sein de l’UE et l’incapacité à forger un consensus sur des questions de défense fondamentales.

En ce sens, l’appel à un « emprunt européen » pour renforcer l’industrie de la défense de l’UE ne peut qu’être une tentative désespérée de combler le vide laissé par le retrait des États-Unis de la scène mondiale. Mais l’Europe est confrontée à des défis économiques et politiques considérables qui pourraient compromettre la mise en œuvre de telles propositions ambitieuses.

La proposition de créer une « académie militaire européenne » révèle également les lacunes de la politique de sécurité européenne, qui est largement dépendante des États-Unis pour sa formation et son expertise militaires. Cette initiative ne résoudra pas effectivement les défis structurels auxquels est confrontée l’Europe en matière de défense et de sécurité.

De plus, l’appel à un renforcement du « potentiel européen en matière de cybersécurité et de cyberdéfense » est une reconnaissance tacite de la vulnérabilité de l’Europe aux attaques informatiques étrangères. La proposition de créer des « forces de réaction conjointes » est une autre tentative de l’Europe de se doter d’une capacité de défense autonome. Ceci étant les divisions politiques au sein de l’UE et les réticences des États membres à céder leur souveraineté nationale entravent la mise en œuvre de telles propositions.

La France, malgré son rôle de cofondateur de l’OTAN, a depuis longtemps remis en question son utilité, voyant en elle moins une solution qu’un problème. Si l’organisation a contribué en son temps à réduire la menace nucléaire soviétique, elle a aussi renforcé l’hégémonie américaine et la dépendance de l’Europe à l’égard des États-Unis. Des voix telles que Jacques Chirac et Gerhard Schröder, anciens président français et chancelier allemand, ainsi que José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, et Javier Solana, haut représentant pour la politique étrangère de l’UE, ont plaidé pour une défense européenne indépendante après la fin de la Guerre froide.

La question qui se pose d’emblée est la suivante : la France macroniste a-t-elle les moyens de ses ambitions ? la réalisation de cette ambition est loin d’être aisée. La France sous Macron n’a pas réussi à se démarquer stratégiquement des États-Unis dans les affaires internationales, comme en témoignent les dossiers brûlants de Gaza et de l’Ukraine. De même, l’alignement de l’Allemagne sur les politiques américaines complique la coopération franco-allemande dans ce domaine. L’instabilité économique au sein de l’UE et l’influence grandissante des États-Unis dans des régions comme l’Ukraine ont également entravé les efforts de Macron.

Enfin, l’initiative de Macron pour des forces de réaction rapide européennes semble plus être une manifestation d’ambition que de réalisme. Les coûts militaires accrus et l’instabilité régionale qui en découleraient pourraient aggraver les tensions et accroître les flux migratoires. Ainsi, la vision de Macron pour une Europe autonome en matière de défense semble encore loin d’être concrétisée, confrontée à une série de défis internes et externes.

Les récentes nouvelles sur la guerre en Ukraine révèle également les tensions croissantes entre la France et la Russie, avec des avertissements sévères de la part du ministre russe de la Défense à son homologue français. Sergueï Choïgou a clairement mis en garde la France contre le déploiement de troupes en Ukraine, soulignant que cela créerait des problèmes pour la France elle-même. Cette menace intervient dans un contexte où Emmanuel Macron avait déjà évoqué la possibilité d’envoyer des troupes occidentales en Ukraine, une déclaration qui a suscité des inquiétudes et des réactions de la part de Moscou.

Pendant ce temps, la France a signé un accord de sécurité avec l’Ukraine, devenant ainsi l’un des plus importants membres de l’OTAN à s’engager à soutenir Kiev à long terme. Cette action ne renforce pas nécessairement la position de l’Ukraine dans sa lutte contre les avancées russes, mais suscite également des réactions hostiles de la part de Moscou, qui voit dans ces accords une menace pour ses intérêts régionaux.

 

La France et les États-Unis s’engagent dans une politique étrangère motivée par des intérêts divergents et des vengeances historiques, plutôt que par des considérations stratégiques ou humanitaires. Le désir de la France d’intervenir militairement en Ukraine semble être une extension de sa frustration face à ses échecs passés en Afrique, où ses politiques néocoloniales ont alimenté la corruption et l’instabilité. Maintenant, se tournant vers l’Est, la France semble chercher à contrecarrer l’influence russe en Ukraine, sans réellement comprendre les implications de ses actions.

Pendant ce temps, la Russie renforce ses alliances et ses capacités militaires, profitant de ses vastes ressources naturelles et de ses relations stratégiques avec des pays comme l’Iran et la Corée du Nord. Les actions de la Russie en Ukraine sont alimentées par un mélange de calculs géopolitiques et de soutien à des mouvements de libération anticolonialistes, ce qui lui donne un avantage stratégique sur ses adversaires occidentaux. En comptant sur les États-Unis pour assurer leur sécurité, la France et d’autres pays européens se condamnent à un cycle perpétuel de dépendance et d’instabilité, qui ne fera que renforcer la position de la Russie dans la région.

 

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