La France peut fournir jusqu’à 95% de son gaz cet hiver ; Le gouvernement prévoit d’augmenter les prix et de réduire la consommation de gaz

Francoise Riviere
7 Min Read

La France augmente les exportations de gaz à destination de l’Allemagne pour remédier aux déficits provoqués à la suite de la guerre en Ukraine. Une nouvelle capacité d’exportation de gaz de la France vers l’Allemagne sera mise à disposition à partir de la mi-octobre, a indiqué le responsable du réseau gazier français, au moment où le système énergétique européen est réorganisé à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. « Les flux historiques de gaz en provenance de l’Est ont été inversés sous l’effet de la guerre en Ukraine », a déclaré l’opérateur GRTgaz dans un communiqué. Il ajoute que l’entreprise « travaille à l’adaptation de son réseau pour développer de nouvelles capacités d’exportation de la France vers l’Allemagne, qui seront disponibles à partir de la mi-octobre ». GRTgaz a également indiqué que les terminaux d’importation de gaz naturel liquéfié (GNL) en France fonctionnaient à 90 % de leur capacité, contribuant à remplir les réserves du pays à 94 %, soit environ dix points de plus que la moyenne européenne. Dans un hiver « normal », il n’y aurait « pas de pénurie de gaz », a déclaré la société, tout en avertissant que « la marge de manœuvre est faible, notamment les jours de forte consommation ».

Par ailleurs, pour un hiver « très froid », GRTgaz prévoit un déficit d’approvisionnement en gaz d’environ 5 %, un pourcentage qui peut être absorbé en atteignant les objectifs d’économie d’énergie fixés par les autorités. Il a encouragé les ménages à suivre le conseil de baisser leur chauffage d’un degré Celsius. « En dernier recours, un délestage ciblant les gros consommateurs pourrait protéger les clients résidentiels dans des situations extrêmes qui ont très peu de chances de se produire », a déclaré l’opérateur. Ces avertissements interviennent alors que la Première ministre Elisabeth Borne s’apprête à présenter les plans du gouvernement pour aider le pays à faire face à la flambée des coûts énergétiques cet hiver, causée par les perturbations dues à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Le réseau gazier français, selon le scénario de base de l’opérateur, sera à l’équilibre et ne connaîtra pas de pénurie cet hiver, mais avec des marges étroites. GRTgaz, qui a tenu une conférence de presse sur l’approvisionnement hivernal, a également indiqué que les stocks de gaz du pays étaient remplis à 94% et atteindront près de 100% au début de l’hiver. L’infrastructure gazière de la France, principalement fournie par Engie, est moins exposée aux exportations de gaz russe que celle de la plupart de ses voisins européens, mais le pays doit tout de même réduire sa consommation d’énergie, a déclaré GRTgaz. Les flux entrants en provenance d’Allemagne sont actuellement nuls, a déclaré Thierry Trouve, directeur général de GRTgaz, ajoutant que l’opérateur travaillait actuellement à inverser les flux à la frontière pour aider l’Allemagne à faire face. En cas d’hiver exceptionnellement froid, le déficit pourrait atteindre 16 térawattheures, ce qui représenterait 5 % des besoins globaux en gaz du pays.

La France prévoit de plafonner à 15 % la hausse des prix de l’énergie pour les ménages à partir de l’année prochaine, afin d’atténuer les conséquences financières de la crise énergétique qui secoue le continent. La Commission européenne avait auparavant proposé une réduction obligatoire de la consommation d’énergie dans l’Union européenne, ainsi que des mesures visant à atténuer les tensions sur les marchés causées par l’explosion des demandes de garanties. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a présenté des plans visant à prélever 140 milliards d’euros (140 milliards de dollars) sur les bénéfices des entreprises énergétiques. Les changements doivent être approuvés par les États membres et les discussions ne seront pas faciles. Les prix du gaz ont bondi, après une volatilité extrême ces dernières semaines. Ils sont environ huit fois plus élevés que les niveaux habituels pour cette période de l’année, ce qui souligne le défi auquel sont confrontés les décideurs politiques.

Les ministres de l’énergie de l’Union européenne sont susceptibles de soutenir les propositions de la Commission visant à réduire la demande et à taxer les bénéfices exceptionnels lorsqu’ils se réuniront à la fin du mois. On a ajouté qu’une réduction obligatoire de 5 % de la consommation d’électricité pendant les heures de pointe doit rester dans le paquet de l’UE pour que le bloc atteigne ses objectifs. Il y aura un objectif contraignant pour les heures de pointe que les États membres de l’UE seront en mesure de trouver un accord très rapidement.

La France a déclaré qu’elle limiterait la hausse des prix de l’énergie à 15 % pour les ménages à partir du début de l’année prochaine afin d’alléger le fardeau de la crise énergétique sur les consommateurs. Ces plafonds coûteront au gouvernement un montant net de 16 milliards d’euros (16 milliards de dollars) en 2023, a déclaré le ministre des finances Bruno Le Maire. Sans cette limite, les prix auraient augmenté de 120 %, a-t-il ajouté. L’État continuera également à verser des subventions, avec un paiement unique pouvant aller jusqu’à 200 euros pour chacun des 12 millions de ménages les plus pauvres, a déclaré la Première ministre Elisabeth Borne.

Le système gazier français peut faire face à la demande pour un hiver « moyen », tout en soutenant le secteur de l’électricité et en contribuant à la « solidarité » de l’Europe, ont déclaré les resposables de réseau GRTgaz et Terega dans un communiqué. En cas d’hiver très froid, le déficit de gaz pour la période pourrait atteindre 5 % de la demande hivernale française. Les vagues de froid sont plus faciles à gérer dans la première partie de l’hiver en raison de capacités de stockage et d’injection plus importantes. Parallèlement, la France travaille sur la capacité d’envoyer 100 GWh/jour de gaz naturel vers l’Allemagne à partir d’octobre, a déclaré Thierry Trouve, directeur général de GRTgaz, lors d’une conférence de presse. Ce gaz passerait par un gazoduc précédemment utilisé pour envoyer des flux de l’Allemagne vers la France.

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