La crise à Jabalia ; Manque d’eau et de nourriture

Francoise Riviere
8 Min Read

La situation dans le camp de réfugiés de Jabalia, au nord de la bande de Gaza, est extrêmement désastreuse en raison des opérations militaires et du siège israéliens en cours, un Israël militairement exa gue qui plus de 13 mois après le début de sa guerre, n’a aucun  acquis, si ce n’est une pathétique obstination dans le massacre des civils. Les familles  entières sont confrontées à la crise à Jabalia en raison du manque grave de nourriture et d’eau et luttent pour survivre sans aucun accès aux produits de première nécessité.

Le manque de fournitures essentielles

La crise à Jabalia est si ample que les résidents sont privés de nourriture et d’eau depuis plus d’une semaine, certains rapports indiquant même que cette privation a duré jusqu’à 15 jours. L’armée israélienne a imposé un siège strict à la zone, limitant sévèrement l’entrée de l’aide alimentaire. Les familles sont affamés et ne mangent pas à leur faim.

Quant à l’accès à l’eau potable, il est quasiment inexistant. Les Gazaouites sont amenés à  boire de l’eau salée non potable provenant de puits souterrains, qui est contaminée par les eaux usées, ce qui a conduit à des problèmes gastro-intestinaux généralisés et à d’autres problèmes de santé. Cette situation chronique a entraîné une famine et une malnutrition généralisées, visant les  200000 citoyens de la région de Jabalia.

Les défis de l’aide humanitaire

Un autre signe de la crise à Jabalia se manifeste à travers un flux désormais inexistant de l’aide humanitaire, qui touche les distributions de nourriture. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a dû suspendre ses distributions de nourriture dans le nord de Gaza en raison de l’intense conflit, laissant les familles dépendantes d’une aide rare et souvent inadéquate. Les forces sionistes ont attaqué les centres de stockage de l’ONU et volé de la nourriture, aggravant encore la pénurie de fournitures essentielles.

Depuis plusieurs jours, les organisations humanitaires, telles que «Save the Children», implorent l’Occident d’intervenir de toute urgence pour garantir un cessez-le-feu définitif et garantir la libre circulation des aides.  Ils soulignent que la situation actuelle est intenable et qu’une action immédiate est nécessaire pour éviter que le génocide à coup de bombes ne soit doublé de massacres à coup de famine. Pour la Défense civile à Gaza qui a qualifié la situation de «désastre humanitaire», il est urgent de créer un couloir humanitaire et permettre à l’aide d’atteindre ceux et celles qui en ont désespérément besoin.

La destruction des infrastructures et des services

Mais à Jabaliya, la stratégie d’extermination de masse de l’entité israélienne ne se réduit pas qu’à lusage ehonté de l’arme de la famine. Les forces israéliennes s’acharnent sur les infrastructures et prennent pour cible les canalisations d’eau et d’égouts, aggravant ainsi la pénurie d’eau potable. L’infrastructure du camp, notamment les habitations, les marchés centraux et les services essentiels, ont été en grande partie détruits, ce qui a aggravé la pénurie alimentaire et laissé les familles sans produits de première nécessité. Des écoles, censées être des zones sûres, ont été ciblées, causant la mort des enfants et des familles entières qui y avaient trouvé refuge.

Les hôpitaux de la région, tels que les hôpitaux Kamal Adwan et al-Awda, sont soumis à de violents bombardements, piégeant les patients et le personnel médical. Ces hôpitaux, confrontés à la diminution des fournitures médicales,  sont incapables de fournir des soins adéquats en raison du manque de ressources.

Le déplacement et la violence

Mais cette politique d’épuration ethnique a des aspects encore plus atroces. Les habitants sont expulsés de force de leurs maisons par les troupes israéliennes, les hommes étant séparés des femmes et emmenés pour des interrogatoires, souvent dans des lieux inconnus. Les femmes et les enfants sont contraints de fuir vers le sud, mais beaucoup ont été tués ou blessés par les criminels sionistes sur le chemin de l’exode. Les récentes attaques ont fait de nombreuses victimes, dont de nombreux enfants. En 24 heures, de nombreux civils dont des enfants et des bébés, ont été massacrés dans des attaques visant des bâtiments, des écoles et des hôpitaux. Les bombardements ont provoqué des destructions de masse et une extension inouïe de la crise à Jabalia, les familles étant coincées dans leurs maisons ou sous les décombres.

Des témoins qualifient la scène d’horrible, avec une odeur de mort omniprésente dans tout le camp. L’impact psychologique est grave, les enfants et les familles vivant dans la peur constante des bombardements et des frappes aériennes. Les bombardements incessants ont créé un «cauchemar vivant» où les familles sont coincées à l’intérieur, incertaines quant à leur sécurité. De nombreux habitants ont été contraints de chercher refuge dans des écoles surpeuplées, comme le lycée Oussama ben Zaid, où plusieurs familles partagent de petites salles de classe. Ces refuges manquent d’équipements de base comme l’électricité, l’eau potable et des salles de bains utilisables.

Des luttes quotidiennes

Mais les Palestiniens ont-ils pour autant baissé les bras? S’il est vrai que les familles sont obligées de s’aventurer dehors dans des conditions dangereuses pour se procurer de l’eau et de la nourriture, souvent confrontées à de longues attentes et au risque d’être prises pour cible par les forces terroristes israéliennes, il est aussi vrai qu’ils refusent de quitter leurs maisons, leurs quartiers, leur camp. C’est le cas de cette  famille qui a déclaré avoir attendu plus de huit heures pour avoir de l’eau, pour finalement découvrir qu’elle était épuisée juste avant d’atteindre le début de la file d’attente mais que malgré cela, elle est prête à en baver encore si c’est à ce prix que Gaza devra vaincre Israël. Youssef Abu Touq collecte de l’eau à peine potable et du bois de chauffage pour les vendre à d’autres personnes déplacées afin qu’elles puissent préparer leurs repas avec des fourneaux rudimentaires et c’est cette solidarité qui a permis à Gaza de se tenir plus de 14 mois sous les bombes.

La communauté très unie du camp de Jabalia joue un rôle important dans leur survie. Les Gazaouites comptent les uns sur les autres pour se soutenir, partager le peu qu’ils ont et leur apporter un réconfort émotionnel face à des difficultés extrêmes. L’environnement physique du camp, avec ses rues étroites et ses bâtiments serrés, a historiquement facilité une communication rapide et une action communautaire. Et c’est cela qui constitue la clès de la victoire sur l’occupant.

Aussi, les familles du camp ont beau à faire face aux conditions extrêmes, avec de graves pénuries de nourriture et d’eau, leur exemple s’érige en modèle pour tout peuple prêt à aller jusqu’au bout pour devenir souverain.

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