Le conflit Israël-Gaza se déplace au Yémen où les États-Unis et le Royaume Uni ont lancé dans la nuit du 11 au 12 janvier une opération militaire contre la capitale yéménite Sanaa et les villes côtières de Saada, Dhamar et Hodeidah sur la mer Rouge, suite à la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU. Dans une déclaration commune, Washington, Londres et huit de leurs alliés parmi lesquels l’Australie, le Canada et Bahreïn ont prétendu que leur objectif était la désescalade en mer Rouge, alors que les frappes d’envergure de la coalition anglo-saxonne trahissent une volonté manifeste de militarisation de cette voie navigable stratégique au moment où Israël poursuit sa guerre génocidaire contre Gaza.
La réaction du Yémen n’a pas tardé à venir : tous les intérêts américano-britanniques sont devenus des cibles légitimes pour les forces armées yéménites après l’agression directe et déclarée contre le Yémen, a prévenu vendredi le Conseil politique suprême yéménite.
« Il n’y a aucune justification à cette agression contre le Yémen, puisqu’il n’y avait pas de menace sur la navigation internationale en mer Rouge et la cible était et restera les navires israéliens ou ceux se dirigeant vers les ports de la Palestine occupée », a écrit sur X un autre porte-parole d’Ansarallah, Mohammad Abdel Salam.
Ansarallah a toutefois précisé que tous les autres navires, à l’exception de ceux à destination des territoires occupés de la Palestine, étaient à l’abri des frappes yéménites tant que leurs pays ne faisaient pas partie de la coalition anti-Yémen dirigée par les États-Unis ou n’envisageaient pas de la rejoindre.
Les frappes sur le Yémen sont un exemple du dédain total du droit international par les Anglo-saxons au nom d’une escalade dans la région, de leurs objectifs destructeurs, a indiqué ce 12 janvier la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.
Des responsables américains ont déclaré au New York Times qu’il est à craindre que les frappes contre le Yémen ne dégénèrent en frappes mutuelles. Un responsable militaire américain a déclaré dans les médias que les forces américaines au Moyen-Orient sont en état alerte, révélant que l’agression contre le Yémen implique des navires, des avions de guerre et des sous-marins.
Plusieurs membres du Congrès des États-Unis, notamment issus des rangs des démocrates, ont fustigé l’initiative de Joe Biden de frapper le Yémen. Des frappes qui, dénoncent-ils, n’ont pas été avalisées par le Congrès.
Les Etats-Unis manipulent le Conseil de sécurité à des fins hégémoniques
Le 10 janvier, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une résolution préparée par les États-Unis et le Japon, exigeant l’arrêt «immédiat» des attaques des forces yéménites en mer Rouge.
Aucun veto, cette fois-ci, pour l’adoption de cette résolution du Conseil de sécurité des Nations unies liée à l’offensive israélienne actuelle à Gaza. A onze voix pour et quatre abstentions, la résolution « condamne dans les termes les plus forts les attaques contre les navires marchands et commerciaux en mer Rouge.
Sur proposition de la Russie, qui s’est abstenue, la résolution adoptée convient que la paix ne pourra revenir que si l’on s’attaque « aux causes profondes, notamment les conflits qui alimentent les tensions régionales et qui contribuent à perturber la sécurité maritime ». La Chine a voté le texte ainsi rédigé.
Le lendemain, 11 janvier, les États-Unis et le Royaume-Uni ont mené une vaste opération de bombardement au Yémen, en violation de la souveraineté yéménite, des lois internationales et en militarisant la mer Rouge, ce qui exposerait la région à des dangers imprévisibles.
Le président américain Joe Biden a déclaré avoir ordonné ces frappes pour prétendument protéger « l’une des voies navigables les plus vitales du monde ». Cependant le Conseil de Sécurité n’a pas autorisé d’action militaire. Il a, au contraire, appelé à renforcer l’embargo sur l’armement des différentes factions yéménites. Cette action est donc bien une extension de la guerre de Gaza.
A ce sujet, l’ambassadeur russe à l’ONU Vassili Nebenzia a notamment exprimé son inquiétude de voir « les Etats-Unis et leurs alliés préférer comme souvent choisir une solution unilatérale par la force ».
Les forces armées yéménites ont pris pour cible des navires dans le sud de la mer Rouge et ont averti qu’elles attaqueraient tous les navires faisant route vers Israël. Elles affirment que ces attaques visent à soutenir les Palestiniens face à « l’agression et au siège » qu’Israël fait subir à la Bande de Gaza.
La mer Rouge est l’une des principales voies maritimes du monde pour le transport de pétrole et de carburant.
Le mois dernier, le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, a annoncé la création d’une coalition anglo-saxonne pour faire face aux attaques des forces yéménites contre les navires marchands en mer Rouge. Après que le président français Emmanuel Macron ait décidé de s’y joindre, l’état-major des armées française a refusé de participer à une opération visant à permettre au massacre de Gaza de se poursuivre.
Le mouvement Ansarallah Yémen a rejeté, jeudi, la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU lui enjoignant de cesser ses attaques en mer Rouge, la qualifiant de « jeu politique ».
L’Occident accusé de duplicité et de mensonges flagrants
Le bureau politique du mouvement yéménite Ansarallah a accusé l’Occident de «duplicité et de mensonges flagrants» en exigeant que les forces yéménites cessent les attaques contre les navires israéliens, alors qu’«il n’est pas question d’arrêter le génocide et de lever le blocus de la bande de Gaza.» «De quel genre d’humanité et de droits de l’homme pouvons-nous parler si nous voyons tous ce qui se passe actuellement à Gaza ?
Le Conseil de sécurité de l’ONU et tous ceux qui le soutiennent poursuivent une politique de deux poids, deux mesures, désinformant systématiquement la communauté mondiale dans le but de mettre en œuvre des projets coloniaux et des conspirations diaboliques contre les peuples libres et les pays qui se sont opposés aux États-Unis, à Israël et aux pays occidentaux.
Le responsable d’Ansarallah a ajouté que le Yémen poursuivra ses actions contre les navires israéliens en mer Rouge et d’autres navires naviguant vers Israël, soulignant que son pays est attaché au droit international pour protéger le transport maritime international en mer Rouge et ne représente aucune menace pour le trafic maritime.
Depuis le 19 novembre 2023, Ansarallah a attaqué une vingtaine de navires israélien ou en partance pour Israël en mer Rouge afin de contraindre Israël à stopper le massacre à Gaza. Au début, seuls les navires transportant des marchandises israéliennes ou faisant escale en Israël l’ont été. Puis, lorsque les Occidentaux ont couvert Israël, tous les navires des pays soutenant le massacre à Gaza ont été frappés. Jeudi 11 janvier, le quotidien américain Wall Street Journal a rapporté que 80 navires ont traversé normalement la mer Rouge en direction du canal de Suez, précisant que 20 d’entre eux sont russes et chinois.
Ces attaques militaires sont menées dans le cadre du maintien du plein soutien des États-Unis et du Royaume-Uni au cours des cent derniers jours aux crimes de guerre du régime sioniste contre la nation palestinienne et les citoyens opprimés sous le siège total de la bande de Gaza. A vrai dire, les actions de la coalition anglo-saxonne visent à soutenir l’entité sioniste et non pas à sauvegarder le commerce maritime international. En d’autres termes, en militarisant la mer Rouge, elles ne feront que compliquer davantage la situation et à exacerber les tensions déjà vives dans la région.
La question reste de savoir si la confrontation se déroulera sans problème pour l’Occident. Rappelons qu’Ansarallah vient de sortir victorieux d’une guerre cruelle de neuf ans contre Israël et l’Arabie saoudite. Ils ont été bombardés durant huit années et ont appris à se protéger. Il est peu probable que l’attaque du tandem américano-britannique puisse avoir raison d’eux.
En outre, les experts estiment qu’une militarisation par la coalition anglo-saxonne de la mer Rouge affectera sérieusement la navigation maritime de tous les pays .