Israël a utilisé des armes interdites à Gaza

Francoise Riviere
11 Min Read

Les révélations se multiplient sur l’envoi et l’utilisation d’armes interdites dans la bande de Gaza. La frappe dévastatrice d’Israël sur le camp d’al-Mawasi, marquant l’une des attaques les plus meurtrières depuis plus de neuf mois de conflit à Gaza, a utilisé des bombes massives fournies par les États-Unis, selon des experts en armement.

Les bombardements ont transformé la « zone de sécurité » déclarée par Israël, un village de tentes sur la côte méditerranéenne, en un désert calciné.

Alors que le régime israélien poursuit son génocide à Gaza, l’administration Biden a dans le plus grand silence autorisé ces derniers temps le transfert vers Israël de bombes et d’avions de combat valant des milliards de dollars.

Ces révélations surviennent alors qu’une loi de 1997 stipule qu’il est interdit à la Défense et aux départements d’État de fournir de l’aide militaire à des armées étrangères qui risqueraient de commettre des violations flagrantes des droits de l’homme.

Raid sur une zone humanitaire à Gaza: deux experts identifient une bombe américaine

L’entité israélienne continue d’utiliser des armes prohibées de fabrication américaine contre la population civile à Gaza. Israël a employé une bombe à lourde charge guidée de fabrication américaine lors de sa frappe du 13 juillet, provoquant des dizaines de morts dans un camp de déplacés au sud de Gaza, estiment deux spécialistes en armement.

Selon le ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, 92 Palestiniens ont été tués et plus de 300 blessés lors du bombardement israélien sur le camp d’Al-Mawasi, près de Khan Younes, désigné par Israël comme une « zone humanitaire », où des civils déplacés avaient été invités à se regrouper.

Deux experts en armement ont déclaré qu’un éclat de munition vu dans une vidéo du site de l’explosion circulant sur Internet était une dérive d’une munition d’attaque directe interarmées (JDAM) de fabrication américaine.

Le kit assisté par GPS convertit les bombes à chute libre non guidées – appelées «bombes muettes » – en munitions « intelligentes » guidées avec précision qui peuvent être dirigées vers une ou plusieurs cibles.

Trevor Ball, un ancien technicien en neutralisation des explosifs et munitions de l’armée américaine, a conclu, à partir des images de l’attaque d’Al-Mawasi, que «c’est à 100 % un kit JDAM fabriqué aux États-Unis ».

Il a déclaré qu’étant donné les types de bombes compatibles avec le système de guidage et la taille du fragment d’aileron, le JDAM était très probablement utilisé avec une charge utile de 1 000 ou 2 000 livres (450 ou 900 kilogrammes).

Sur la base de l’objectif déclaré d’Israël, Wes Bryant, sergent-chef à la retraite de l’armée de l’air américaine et expert en frappes et ciblages interarmées, a déclaré qu’il aurait été possible d’éviter les dommages collatéraux dans la zone environnante.

Les États-Unis continue de livrer des bombes lourdes à Israël

L’administration Biden serait prête à livrer environ la moitié du lot de bombes lourdes qu’elle avait retenu depuis mai dans le cadre d’un coup de com destiné à redorer le blason d’une Amérique sans l’appui de qui Israël aurait déjà perdu la guerre.

Confirmant que les bombes de 500 livres étaient en route vers Israël, le responsable américain a indiqué que  ces munitions particulières faisaient partie d’une cargaison contenant des bombes plus mortelles de 2 000 livres.

En mai, la Maison-Blanche avait évoqué un envoi de 1 800 bombes de 2 000 livres (907kg) et 1 700 bombes de 500 livres (226kg) à condition que Netanyahu ne prenne pas d’assaut Rafah. Or l’entité a lancé son offensive contre Rafah qui s’est transformé en un cimetière pour ses soldats, un cimetière où il patauge depuis plus de deux mois.

Le mois dernier, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a tenté de justifier cet enlisement en prétendant que les États-Unis avaient adopté une politique plus large de rétention des livraisons d’armes à Israël. A vrai dire, ces querelles de clocher americano-sionistes n’ont en rien arrêté le flux d’armes US en direction de l’entité qui poursuit ses livraisons de bombes lourdes.

Le ministre israélien des Affaires militaires, Yoav Gallant, a d’ailleurs réussi à apaiser certains désaccords lors de sa visite à Washington à la fin juin, ce qui explique la décision des États-Unis de livrer les 1 700 bombes de 500 livres.

Gaza, laboratoire pour les armements dotés d’IA

Les armes lourdes ne sont pas les seules demandes de plus en plus pressantes de l’entité israélienne. L’armée israélienne voulait aussi des armes intelligentes dotées d’IA, capables de détruire à distance et avec une capacité d’action plus large vu que Gaza tout comme le Liban sont désormais munis de missiles sol-air et se sont déjà accrochés avec les chasseurs israéliens.

Les Etats-Unis laissent entendre que, l’utilisation de l’IA dans la fourniture d’armes interdites à Israël pose des problèmes majeurs. Le 13 novembre dernier, les États-Unis ont commencé à mettre en œuvre une nouvelle politique étrangère visant à régir l’utilisation militaire responsable de ces technologies. Cette politique, approuvée par 45 autres pays, vise à maintenir l’utilisation militaire de l’IA et des systèmes autonomes dans le cadre du droit international de la guerre. Mais bizarrement, n’en est pas signataire, ce qui laisse un vide grandissant dans l’effort visant à maintenir les armes de haute technologie dans les limites convenues.

A défaut d’une défense aérienne israélienne capable de contrer les drones et missiles  de Gaza, du Hezbollah et de leurs alliés, il est plus que sûr  que l’intelligence artificielle serait utilisée par l’armée israélienne contre des cibles civiles à Gaza. C’est pour cette raison que près de 200 leaders de l’IA, chercheurs et scientifiques des données ont signé une lettre ouverte qui, en plus de condamner la « violence d’Israël contre le peuple palestinien à Gaza et en Cisjordanie », condamne également « l’utilisation des armes interdites telles que les technologies pilotées par l’IA pour la fabrication de la guerre, dont le but est de rendre la perte de vies humaines plus efficace, et les cas dans lesquels les préjugés anti-palestiniens sont perpétués à travers les systèmes activés par l’IA ».

De cette manière, des centaines, voire des milliers de personnes innocentes ont été assassinées, non pas par accident, mais par une logique algorithmique délibérée. Autre raison pourrait être la crainte que nourrit désormais le fabricant américain à mettre à l’épreuve des faits sa technologie « intelligente » dans la mesure où l’adversaire l’a bien dépassé dans ce domaine aussi bien en mer Rouge et dans le golfe d’Aden qu’en mer Méditerranée.

Aujourd’hui, à Gaza, Israël teste sur les Palestiniens les nouvelles armes fournies par les États-Unis, armes qui même en étant imparfaites, s’avèrent léthales. Une expérience de masse impliquant la massacre de femmes, de personnes âgées, d’enfants et des civils sans défense pour tester les capacités et les performances des armes intelligentes américaines et pour pousser l’utilisation de l’IA dans l’armée. Il s’agit d’une gigantesque expérience de laboratoire grandeur nature devant une « communauté internationale » bien trop silencieuse et complaisante face au plus de 40 000 victimes civiles.

Les Etats-Unis responsables de la catastrophe humanitaire majeure à Gaza

Ces livraisons massives d’armes n’ont rien de nouveau dans les relations bilatérales entre Washington et Tel-Aviv. Les États-Unis ont fourni à Israël plus de 70 000 armes – avions, véhicules terrestres, missiles et bombes – par le biais de l’aide militaire entre 1950 et 2022, selon une analyse d’Axios à partir de la base de données de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI).

Le Hamas a déclaré qu’en armant Israël, l’administration Biden était « légalement et moralement responsable » d’avoir engendré une « catastrophe humanitaire majeure ».

Il a déclaré que les armes fournies par les États-Unis et utilisées par Israël comprenaient des bombes guidées par GPS, des bombes stupides, des bombes anti-bunker et des JDAM.

Depuis le début de la guerre israélienne à Gaza, les Etats-Unis ont orchestré plus de 100 transferts individuels d’armes sans en notifier le Congrès, afin de dissimuler l’ampleur du soutien de l’administration américaine. Au total, d’après une note du Congrès américain, les Etats-Unis ont envoyé plus de 150 milliards de dollars d’aide à Israël depuis les années 1940, dont la majeure partie (plus de 78%) a servi à acheter des armes et du matériel militaire.

Malgré des déclarations de façade et de timides avertissements visant à épargner les civils, les États-Unis ont largement renforcé l’offensive militaire israélienne lancée le 7 octobre dernier. Alors que le génocide israélien est en cours dans le territoire palestinien assiégé, les livraisons d’armes des États-Unis à Israël se poursuivent, au mépris du droit international et des milliers de victimes causées par l’utilisation de ces armes interdites à Gaza.

Une fois de plus, cela démontre le soutien et la complicité des États-Unis dans le massacre israélien à Gaza et leur volonté d’aller jusqu’au bout pour protéger Israël, même si cela va à l’encontre du droit internationale, des intérêts américains et de la volonté du peuple américain, dont la majorité est en faveur d’un cessez-le-feu.

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