Vers une coopération militaire et nucléaire entre la Russie et le Burkina Faso

Francoise Riviere
7 Min Read
THIES, SENEGAL - FEBRUARY 19, 2020: Burkinabe special forces practiced responding to attacks at a military training exercise run by the United States in Thies, Senegal, on February 19, 2020. Soldiers said they had to work harder in response to a growing extremist threat in Burkina Faso's restive north. (Photo by Danielle Paquette/The Washington Post via Getty Images)

Après avoir mis la France dehors, le Burkina Faso a décidé de diversifier ses partenariats stratégiques dans le domaine militaire. Désormais, Ouagadougou se penche davantage pour la Russie. Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou et son homologue burkinabè Kassoum Coulibaly, ont convenu récemment à Moscou de renforcer les liens entre leurs pays dans le domaine de la défense. Les discussions, centrées sur la coopération militaire, visent à consolider les liens de défense bilatéraux entre les deux nations.

Le ministre Coulibaly a salué le partenariat avec la Russie, le qualifiant de « vraie phase pratique ». De son côté, Sergueï Choïgou a souligné la « dynamique positive» des relations russo-burkinabées, fondées sur le respect mutuel et la considération des intérêts de part et d’autre.

Les dirigeants militaires du Burkina envisagent d’approfondir leur coopération militaire avec Moscou alors que le pays cherche à diversifier ses alliés internationaux à la suite du coup d’État de l’année dernière, au détriment de la France néocoloniale.

Outre le domaine militaire, Ouagadougou a conclu un accord avec Moscou pour la construction de sa première centrale nucléaire. En octobre dernier, le gouvernement burkinabè a révélé que les deux pays avaient signé un accord pour la construction d’une centrale nucléaire, dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.

Le Burkina Faso signe un accord avec Moscou pour la construction de sa première centrale nucléaire

Le Burkina Faso et la Russie continuent de resserrer leurs liens : un accord a été signé le 13 octobre pour la construction d’une centrale nucléaire par Moscou dans ce pays sahélien où moins d’un quart de la population a accès à l’électricité. «Le gouvernement du Burkina Faso a signé un mémorandum d’entente pour la construction d’une centrale nucléaire», a fait savoir Ouagadougou dans un communiqué. «La construction de cette centrale nucléaire a pour objectif de couvrir les besoins énergétiques des populations», poursuit le texte.

La signature de cet accord entre le Burkina Faso et la Russie a eu lieu à l’occasion de la Semaine russe de l’énergie qui se tenait à Moscou, à laquelle participait le ministre de l’Energie du Burkina, Simon-Pierre Boussim. Côté russe, le document a été signé par Nikolaï Spassky, le directeur général adjoint de l’agence nucléaire Rosatom. «Le mémorandum constitue le premier document dans le domaine de l’utilisation pacifique de l’énergie atomique entre la Russie et le Burkina Faso», précise Rosatom dans un communiqué.

«Nous prévoyons, si nous le pouvons, de construire des centrales nucléaires d’ici 2030, de façon à résoudre le problème du déficit énergétique», a déclaré le  ministre Simon Pierre Boussim. «Notre défi est de doubler notre production d’électricité d’ici 2030, ce qui nous permettra de donner un coup de fouet à l’industrialisation de l’Afrique», a-t-il ajouté. Le Burkina Faso importe une grande partie de son électricité de la Côte d’Ivoire et du Ghana voisins et en produit une autre partie localement, principalement par énergie hydroélectrique ou solaire.  Le continent africain ne compte pour l’heure qu’une seule centrale nucléaire, en Afrique du Sud à Koeberg, près du Cap.

La Russie, nouvel allié au Burkina Faso au Sahel

Après le coup d’Etat militaire au Burkina Faso, les nouvelles autorités ont refusé toute coopération avec la France.

Depuis l’arrivée au pouvoir Du capitaine Ibrahim Traoré en septembre 2022, le Burkina s’est éloigné de la France, partenaire historique et ancienne puissance coloniale, en obtenant notamment le départ des soldats français de son sol en février dernier. Dans sa recherche de nouveaux alliés, Ouagadougou s’est notamment rapproché de Moscou. Le président russe Vladimir Poutine avait annoncé lors du sommet de Saint-Pétersbourg en juillet que Moscou allait livrer gratuitement dans les mois à venir des céréales à six pays africains, dont le Burkina. Début septembre, une délégation russe conduite par le vice-ministre de la Défense, Yunus-Bek Yevkurov, s’était rendue à Ouagadougou pour échanger avec Ibrahim Traoré sur des questions de développement et de coopération militaire. Le 30 septembre, dans une interview à la télévision nationale, le capitaine Traoré avait affirmé que la plupart des équipements de l’armée burkinabè étaient russes. Le Burkina Faso est confronté depuis plusieurs années à des violences terroristes meurtrières et récurrentes sur une grande partie de son territoire, qui ont fait quelque 17 000 morts et plus de deux millions de déplacés internes ce qui l’a convaincu de faire alliance avec le Mali et le Niger, deux pays dirigés par des militaires revolutionnaires, aussi, qui entretiennent également de bonnes relations avec Moscou, dans le cadre de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), une coopération de défense.

La France avait environ 400 soldats des forces spéciales stationnés au Burkina Faso, mais les relations se sont détériorées ces derniers mois pour cause d’ « ingérence française dans ses affaires intérieurs » et de « collusion avec les terroristes » .

En effet, l’intervention française a suscité des critiques croissantes de la part des Burkinabés et des observateurs indépendants, compte tenu du fait que la présence de l’armée française n’a fait que multiplier les attaques terroristes dans le pays. Un partenariat militaire avec la Russie où les deux parties s’interagissent d’égale à égale devra littéralement changer la donne. Surtout à la lumière de la première alliance militaire inter sahélienne qui a vu le jour en juillet au plus fort de menaces d’intervention militaire occidentale. Rappelons que le Burkina Faso a été le premier pays ouest africain à se déclarer prêt à prendre des armes et à défendre son voisin nigérien. Aux dernières nouvelles, l’alliance militaire Mali/Russie a remporté une grande bataille à Kidal au nord du Mali où elle a presque vaincu les séparatistes touareg soutenus par la France.

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