Le 14 novembre, l’armée malienne a réussi à reconquérir la ville stratégique de Kidal. Après plusieurs années d’absence de cette ville, les forces armées maliennes (FAMAS) s’y sont de nouveau installées. A vrai dire, la reprise de Kidal est une victoire stratégique pour l’Alliance des Etats du Sahel ( AES) laquelle victoire pourrait constituer un tournant dans la lutte contre le terrorisme dans la région des trois frontières. Au Mali, de nouveaux éléments apparaissent progressivement sur l’offensive de l’armée malienne qui a conduit à la reprise de Kidal face aux rebelles du CSP (Cadre stratégique permanent). Les soldats maliens ont en effet bénéficié de moyens militaires mis à disposition par leurs alliés du Niger et du Burkina Faso qui se sont ajoutés à la combativité des FAMas pour remporter cette grande victoire.
Cette synergie militaire est pourtant en parfaite cohérence avec les objectifs affichés de l’Alliance des États du Sahel créée en septembre dernier par le Mali, le Niger et le Burkina et qui est une forme de pacte de défense contre le terrorisme, mais aussi contre les rébellions armées, rebellions qui comme le terrorisme sont montés de toute pièce par des puissances coloniales en quête d’occuper pour un oui ou pour un non des pans entiers des pays du Sahel. L’appui fourni par le Niger et le Burkina pour l’offensive malienne vers Kidal démontre donc le caractère concret de cette nouvelle alliance militaire qui sait parfaitement où se trouve le vrai ennemi, et lui confère une réalité de terrain.
Reconquête de Kidal, un enjeu majeur de souveraineté pour Bamako
L’armée malienne a repris le contrôle de Kidal le 14 novembre, moins de deux semaines après le retrait de la mission onusienne Minusma qui n’y était qu’une paravent servant rebelles et terroristes. Cette ville stratégique était contrôlée depuis 2014 par une alliance de groupes armés, dont des séparatistes touareg.
Précédemment, des médias ont relayé que le groupe « le Cadre stratégique permanent » (CSP) opérant dans le nord du Mali s’était emparé de la base de Kidal juste après que les Casques bleus de l’ONU eurent quitté cette dernière le 31 octobre comme pour laisser place aux séparatistes.
Le 30 juin, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté à l’unanimité, à la demande du gouvernement malien, une résolution sur la fin de la mission de maintien de la paix dans ce pays africain. Le retrait des unités devrait être achevé d’ici le 31 décembre 2023.
Une situation qui peut s’expliquer par le fait que cette mission onusienne ne visait pas du tout l’éradication du terrorisme, a estimé Fousseynou Ouattara, vice-président de la Commission de la défense et de la sécurité du Conseil de transition au Mali.
La prise de Kidal est en ce sens un succès symbolique significatif pour le Mali mais aussi pour ces deux autres Etats-nations que sont le Niger et le Burkina d’autant plus que l’armée et l’Etat maliens n’avaient quasiment pas repris pied à Kidal depuis mai 2014 et qu’au Niger tout comme au Burkina existent de pareilles régions infestées de terroristes et coupés du reste du pays.
Le pouvoir malien a signifié de longue date sa détermination à reprendre Kidal, symbole des ingérences et des manigances d’une France qui a longtemps agi par séparatistes touareg interposés. Mais une Kidal qui a fait lourdement saigner entre 2012 et 2014, l’armée est désormais sous contrôle soumise à la toute puissance de souveraineté territoriale.
La reconquête de Kidal répond aux objectifs de l’AES
C’est avec une immense joie que les populations des trois Etats membres de l’Alliance des Etats du Sahel, AES, ont appris la libération de Kidal le 14 novembre dernier par les Forces Armées Maliennes, FAMAS. Pour la libération de la ville de Kidal, l’armée malienne a bénéficié de moyens militaires octroyés par le Niger et le Burkina Faso. Le Niger a prêté un avion-cargo et peut-être aussi un avion de chasse. Le Burkina Faso des drones, et des munitions pour des frappes de drone. Les deux pays ont également dépêché des officiers au poste de commandement de l’armée malienne basé à Gao. Ce déploiement d’officiers avait pour objectif de faciliter et d’optimiser la progression des forces armées combattantes vers Kidal. Le soutien accordé à Bamako par Niamey et Ouagadougou a ainsi répondu pleinement aux objectifs de l’Alliance des États du Sahel notamment celui d’aider à contrer d’éventuelles menaces de rébellion armée ou d’agression extérieure.
Ce soutien du Burkina Faso et du Niger au Mali est la matérialisation de la charte de l’Alliance des États du Sahel (AES). Rappelons qu’il y a quelques mois, Ouagadougou, Niamey et Bamako ont décidé de joindre leurs efforts pour combattre le terrorisme et les mouvements rebelles. Le 15 septembre, les gouvernements en place à Bamako, Ouagadougou et Niamey ont annoncé la création d’une « Alliance des États du Sahel », destinée à se défendre contre toute atteinte à leur l’intégrité.
Si le coup d’État nigérien a galvanisé le projet de rapprochement trois Etats sahéliens, la menace d’intervention militaire de la Cedeao a également constitué un accélérateur certain.
Pour beaucoup d’observateurs, la prise de contrôle de Kidal n’est pas du tout une surprise. En effet, avec le départ des forces françaises d’abord du Mali, ensuite du Burkina Faso et récemment du Niger, les groupes armées terroristes n’ont plus la liberté d’action qu’ils avaient parce qu’ils manquent désormais de renseignements et les armées nationales sont en train de leur couper les voies de ravitaillement.
Cette victoire éclatante et stratégique pour l’Alliance des Etats du Sahel est aussi un bon départ du processus de libération de l’espace AES de l’emprise du complot terroriste international. C’est la preuve qu’avec des partenaires transparents et locaux, le terrorisme n’a plus aucune chance de prospérer comme il l’avait fait par le passé. D’ores et déjà, les collaborations et la coordination des opérations entre les armées nationales Burkinabè, nigérienne et malienne, donnent des résultats satisfaisants.
Reprise de Kidal : un tournant dans la lutte contre la domination impérialiste française
Si elle n’est pas l’épilogue d’une histoire, la prise de Kidal constitue un tournant crucial dans la lutte des nations africaines contre la domination impérialiste française.
Pour rappel, le 2 mai 2022, soit un an après leur prise de pouvoir, les militaires maliens exigent le départ des troupes françaises qui se replieront sur le Niger. Chassées ensuite du Niger et du Burkina Faso, les troupes françaises continueront à exercer leur influence dans le Sahel à travers la mission onusienne Minusma. Quand, par la résolution 2690 de l’ONU, le Mali a obtenu le départ de la Minusma de son territoire, on a assisté en moins de trois à quatre mois à un basculement complet de la situation sur le terrain, pour aboutir à une victoire éclatante et stratégique qu’a constituée la reprise de Kidal par les forces armées militaires du Mali.
Ce que les forces armées françaises, de l’OTAN, de l’ONU, n’ont pas pu et n’ont pas voulu faire en dix ans, l’armée malienne l’a fait en moins de deux ans. Pour la France, c’est un échec cuisant et un coup fatal porté à ses prétentions de lutte contre le terrorisme sur le continent africain. Il ne faut pas oublier que le 11 octobre 2023, Sébastien Lecornu , ministre des armées de France prétendait devant une commission du Sénat français, que le départ des troupes de la Minusma du nord du Mali, allait entrainer une terrible guerre civile et peut-être la partition du Mali. En effet ce ministre dévoilait ainsi les plans de l’impérialisme français.
La rapidité de la chute de Kidal après le départ des troupes françaises et de la Minusma prouve de façon éloquente que c’est la France qui avec ses troupes, entretenait et nourrissait les terroristes. Elle vient corroborer la décision des autorités du Burkina Faso et du Niger de chasser les forces françaises de leur territoire. Cette victoire stratégique de l’AES indique aux nations africaines et surtout celles des anciennes colonies françaises qu’elles doivent s’engager courageusement dans la lutte pour en finir avec la France et ses mercenaires.