L’assassinat d’Ismail Haniyeh à Téhéran : un symbole de résistance contre Israël

Francoise Riviere
12 Min Read

Les dernières images d’Ismail Haniyeh lors de son voyage à Téhéran, avant qu’il ne soit sauvagement assassiné dans son lieu de résidence à Téhéran, ont été largement partagées sur les réseaux sociaux et de nombreux plates-formes de communication. Le leader politique du Hamas a eu des rencontres chaleureuses avec des hauts responsables iraniens lors de son séjour à Téhéran. Par la suite, sa présence à la cérémonie d’investiture de Masoud Pezeshkian, le nouveau président iranien, a montré des images de solidarité, de coopération et d’unité entre les groupes de résistance et le gouvernement et le peuple iraniens, ce qui a profondément affecté les sionistes.

Netanyahu, qui avait tenté de montrer le soutien maximal des États-Unis à Israël en se rendant aux États-Unis et en prononçant un discours devant le Congrès américain, a été confronté à des images du Parlement iranien montrant les dirigeants et représentants des groupes de résistance occupant les premiers rangs des invités à la cérémonie d’investiture du président iranien, et tous applaudissant le discours virulent et percutant du président  Masoud Pezeshkian contre les sionistes, tout en scandant avec les poings levés « Mort à Israël ». Or ces images, si le dirigeant Haniyeh n’avait pas été assassiné  à Téhéran, n’auraient peut-être pas eu un tel écho dans les médias internationaux.

Les médias, en s’appuyant sur ces images, posent désormais cette question : la bataille contre le régime sioniste est-elle déjà  aboutie, ou bien les assassinats en série perpétrés par ce régime à Gaza, Beyrouth et Téhéran ont-ils  réussi à ralentir la victoire ?

En effet, ces assassinats n’ont fait que consolider la détermination du peuple palestinien et des groupes de résistance dans la région à lutter contre les crimes et l’occupation du régime sioniste. Les médias internationaux, y compris les médias américains et sionistes, qui avaient déjà averti à plusieurs reprises le gouvernement Netanyahu de l’impossibilité de la victoire sur la résistance à Gaza et dans la région, expriment maintenant de graves inquiétudes quant à l’ampleur de la défaite qui attend l’entité sioniste. Les analystes pensent que les assassinats ciblés, militairement sans valeur aucune, ne peuvent en rien, remplacer une victoire sur le champ de bataille à Gaza.

Dix mois de crimes infanticides et de génocide de masse à Gaza, à quoi s’ajoutent la destruction et la dévastation d’infrastructures,  n’ont conduit à aucune victoire du régime et de ses soutiens occidentaux sur le terrain, ne serait-ce que minime. Non seulement il n’est pas parvenu à éliminer le mouvement de la résistance islamique, Hamas, sur le champ de bataille ou à libérer ses prisonniers, mais encore il a perdu toute crédibilité sur la scène internationale, malgré le soutien inconditionnel des États-Unis dans les forums internationaux, son mythe d’invulnérabilité ayant éclaté en mille morceaux.

Netanyahu, sachant que la fin de la guerre à Gaza marquerait la fin de sa carrière politique voire celle d’Israël , tente de compenser l’échec sur le champ de bataille face aux Résistants palestiniens et libanais et yéménites, en commettant ce qu’il sait le mieux à savoir des actes terroristes et des assassinats visant des leaders politiques ou les commandants de la Résistance. Cependant, à aucun moment dans l’histoire, l’assassinat de dirigeants n’a pu altérer la détermination du peuple palestinien et sa volonté inébranlable à combattre l’occupation illégitime sioniste. C’est cette foi inaltérable qui rend, comme l’ont remarqué, terrifiés les médias sionistes, éternellement gravée dans l’esprit des populations entières, l’image d’Ismail Haniyeh au Parlement iranien, quand il faisait le signe de la victoire aux côtés du président iranien.

Netanyahu sait pertinemment qu’Israël est grand perdant de la guerre en cours et  qu’il devra tôt ou tard se rendre à Canossa et accepter un cessez-le-feu qui signifierait la reconnaissance de facto d’un Etat indépendant palestinien. Il n’aura alors d’autres choix que de se soumettre aux conditions posées par le Hamas. Et c’est cette perspective qui lui fait peur. D’autant plus que depuis la mort de Haniyeh les opérations militaires des combattants palestiniens n’ont cessé de gagner en nombre et en intensité et que la direction du bureau politique du Hamas a été confié, non plus à un politicien  comme Haniyeh qui ne participait pas aux opérations militaires quotidiennes du Hamas, mais à un grand commandant, Yahya Sinwar, qui a été pendant longtemps le leader militaire du mouvement islamique.

La mort de Haniyeh a accru en revanche les tensions dans la région et a renforcé les incertitudes quant à l’avenir d’Israël. D’ailleurs, l’échec des sionistes à atteindre leurs objectifs fixés  est facilement identifiable en examinant ces objectifs.

Au début de cette guerre, Netanyahu avait annoncé en effet divers objectifs pour justifier une intervention terrestre contre Gaza. Il avait déclaré : « Si vous voulez la paix, détruisez le Hamas. Si vous voulez la sécurité, détruisez le Hamas. Si vous voulez un avenir pour Israël et la région du Moyen-Orient, détruisez le Hamas. ». Cet objectif, Netanyahu l’a revendiqué d’ailleurs lors de son discours au Congrès américain où il avait également demandé une victoire totale sur le Hamas et la destruction de ce dernier même si après 10 mois de rasage total,  Gaza continue à tirer des missiles contre les colonies sionistes.

Netanyahu voulait que Gaza soit démilitarisée et « déradicalisée » pour que l’on puisse parler d’une « paix durable ». Où en est-il désormais ? La défaite de l’armée sioniste est totale comme l’avait prédit des experts qui avaient averti dès le premier jour de l’offensive israélienne contre Gaza que le régime sioniste ne pourrait pas éliminer tous les combattants du Hamas ni les structures sociales, religieuses, éducatives, militaires et politiques que la Résistance a créés à Gaza.

En ce sens, l’élimination des figures du Hamas n’en entrainera pas la disparition, sa démilitarisation ou la fin de son influence à Gaza. Au contraire, le martyre d’Ismail Haniyeh, a ouvert la voie à une riposte qui, elle, s’annonce dévastatrice. Cet assassinat n’a été donc rien de plus qu’une opération à haut risque qui expose l’existence même de l’entité.

L’effet d’annonce qu’en a tiré Netanyahu en criant à la victoire et en  se présentant comme un vainqueur dans la lutte contre le Hamas, n’a donc pas été que de courte durée. Toutefois, il n’est pas certain que cette stratégie soit la bonne, soit celle qui permettrait à Tel-Aviv d’inverser la donne et de mettre un terme à la spirale d’échecs car le meurtre de Haniyeh à Téhéran a tout pour déclencher une tempête de réponse « collective » de tous les composants de l’axe de la Résistance.

En 2004, lorsque Israël a éliminé physiquement Sheikh Ahmed Yassin, l’un des fondateurs du Hamas, cela a ouvert la voie à une extension des  coopérations entre le Hamas et l’Iran, avec en toile de fond la montée en puissance du Hamas qui se reconstruit toujours après chaque coup reçu pour infliger des coups plus puissants.

Mais quid des applaudissements répétés des membres du Congrès américain lors du récent discours de Netanyahu ? Ces applaudissements peuvent être liés à la perception des congressistes des élections présidentielles  US  et à leur préoccupation pour ces élections et leurs résultats. En fait, il s’agit de l’influence du lobby sioniste sur les candidats et leur campagne de financement. Mais les congressistes souvent républicains, ne réalisent pas qu’ils sont là entrain d’attiser les tensions dans une région où Israël  est définitivement condamné et où il n’a aucune chance de s’en sortir.

Mais alors même que les représentants US applaudissent la campagne de crimes israélienne,  les exactions s’entassent : La dernière en date a été le bombardement simultané des écoles Nasr et Hassan Salama, qui a fait 30 martyrs, dont la plupart étaient des enfants. Il est à noter que le nombre total de civils tués a déjà dépassé les 1040. Or cet acharnement criminel ne semble pas avoir ému outre mesure les soutiens américains de Tel-Aviv. Mais les USA sont-ils prêts à s’impliquer directement dans une guerre contre Gaza et ses alliés pour sauver Tel-Aviv?

Il est vrai que Netanyahu cherche éperdument à entraîner les États-Unis dans un conflit avec l’Iran et ses alliés au sein de l’axe antisioniste, façon de retarder un naufrage désormais inévitable. Netanyahu sait que dès que les balles auront cessé de tonner et que la guerre aura pris fin, il devra répondre de sa défaite et de la colère des millions de sionistes déplacés depuis le 7 octobre.

Israël ne remportera pas la bataille en assassinant les dirigeants palestiniens ou libanais, et ces assassinats ne sont que des « victoire de fàçade », car elle ne sert qu’à assurer la survie de Netanyahu au pouvoir sans aider l’entité à assurer sa propre survie.  Sami Abu Zuhri, un haut responsable du Hamas, a déclaré à Reuters : « Le Hamas est un mouvement d’institutions, et la mort de ses dirigeants ne fait pas disparaître ce mouvement. »

La dernière image d’Ismail Haniyeh à Téhéran reflète largement cette pérennité car elle approuve le définitif ancrage du Hamas, mouvement de résistance sunnite au sein d’un front chiite, quitte à enterrer à jamais la clivage inter musulman face à un ennemi qui a tout perdu y compris son éternelle arme anti musulmane, à savoir la désunion.

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