La guerre israélienne dans la bande de Gaza vient d’entrer dans son quatrième mois. Israël a annoncé, début janvier, être désormais passé à la « troisième phase », c’est-à-dire des opérations plus ciblées. Selon les médias israéliens, on s’attend à ce que le régime sioniste poursuive, dans la prochaine phase, le processus «d’affaiblissement du Hamas » au cours de l’année 2024 et détruise les capacités militaires et les infrastructures du Hamas par des opérations précises de l’armée.
Cela fait une centaine de jours que le Hamas a lancé l’opération du 7 octobre contre les positions militaires israéliennes et les colonies qui bordent la bande de Gaza, et Israël n’est pas près de détruire le Hamas ou de libérer les Sionistes retenus par le Hamas. Israël et les États-Unis admettent que la puissance militaire pure ne peut pas changer la situation à Gaza. Il y a de nombreuses preuves qu’Israël commence à réaliser qu’il a mordu plus qu’il ne pouvait mâcher et que le Hamas, ses capacités militaires et ses infrastructures restent largement intacts voire au-dessus de celles d’Israël.
Les tunnels du Hamas sous Gaza, un cauchemar pour Israël
Sous Gaza, une zone d’une superficie de 360 kilomètres carrés et dans ses zones frontalières, la résistance palestinienne dispose de différents types de tunnels qui lui servent notamment à mener des attaques, acheminer des produits et équipements et abriter des centres opérationnels.
Le chef du bureau politique du Hamas à Gaza, Yahya al-Sinwar, avait déclaré après le précédent cycle d’affrontements, en 2021, que les tunnels dont le mouvement palestinien disposait était de « plus de 500 kilomètres ».
Neutralisant la supériorité d’Israël en termes d’équipements militaires et de puissance aérienne, le Hamas considère les tunnels comme un moyen de changer le rapport de force, en sa faveur en contraignant les militaires israéliens à se déplacer dans des espaces souterrains exigus que les combattants du groupe palestinien connaissent bien et qu’ils font sauter à l’occasion. D’autres sources ont estimé la profondeur du réseau souterrain à 80 mètres. Et ce en dépit de plus de 50.000 frappes aériennes, les tunnels du Hamas reliant Gaza à l’Egypte sont toujours actifs.
Ces réseaux souterrains permettent aux combattants du Hamas de survivre aux bombardements, de se déplacer sans être aperçu à travers Gaza, de réapprovisionner ses forces, de cacher des prisonniers et de mener des attaques surprises de rester en contact avec leurs QG.
John Spencer, analyste du Modern War Institute auprès de l’Académie militaire de West Point, a également utilisé le terme de « cauchemar » pour décrire les réseaux de tunnels du Hamas, avertissant qu’il n’y a « pas de solution parfaite » au « problème » qui paralyse les forces israéliennes.
En effet, les tunnels permettent au Hamas de mener des attaques surprises contre les forces ennemies qui avancent, en s’infiltrant derrière leurs lignes et en faisant potentiellement des ravages sur les unités orientées vers l’arrière avec des tireurs d’élite, des canons antichar et des troupes armées de roquettes antichar. Mais la dure vérité, c’est que la profondeur et l’ampleur des tunnels du Hamas à Gaza dépasseront les capacités d’Israël.
Les médias occidentaux et israéliens ont proposé toute une gamme d’explications possibles quant à la raison pour laquelle l’armée israélienne n’a pas réussi à effacer le Hamas « de la surface de la Terre », malgré les promesses fanfaronnes de hauts responsables israéliens.
Un facteur majeur qui pourrait contribuer à expliquer le revers israélien concerne la lassitude des commandants de l’armée israélienne face aux difficultés auxquelles ils seraient inévitablement confrontés pour assurer leur supériorité sur le champ de bataille contre des milliers de combattants du Hamas. Ces derniers sont déployés dans l’environnement urbain dense de Gaza et dans des réseaux de tunnels parfaitement convenables pour créer des embuscades et des nids de tireurs d’élite.
Les tunnels de Gaza ont été largement utilisés par les combattants du Hamas pendant des décennies pour faire passer en cachette du matériel et des fournitures à travers la frontière fortement fortifiée autour de la bande. Aujourd’hui, ils sont suffisamment sophistiqués pour créer des réseaux souterrains entiers permettant de déplacer et d’évacuer rapidement les combattants et le matériel, ainsi qu’abriter des postes de commandement souterrains et même des ateliers de production d’armes y compris des drones pour renforcer les infrastructures et les capacités militaires du Hamas.
Les drones du Hamas ont déjoué les technologies avancées de l’armée israélienne
Alors que les forces armées israéliennes sont dotées d’une technologie de pointe, le Hamas a réussi à les déjouer avec une « masse » de drones peu coûteux et facilement accessibles.
En effet, l’usage de drones modifiés et peu coûteux par le mouvement de la Résistance islamique de la Palestine, Hamas, a révélé des failles importantes au sein des forces armées israéliennes, pourtant réputées pour leur usage permanent des hautes technologies et une frontière bardé de capteurs, ayant coûté plus d’un milliard de dollars.
« Ce n’est pas l’éruption de tirs de roquettes depuis Gaza qui a secoué les soldats à la frontière sud d’Israël le 7 octobre. C’est le bourdonnement inhabituel au-dessus de leur tête qu’ils n’avaient jamais entendu auparavant », a écrit le site Bloomberg dans un rapport.
Selon Bloomberg, une flotte de drones, disponibles en ligne pour seulement 6 500 dollars, a envahi le ciel au-dessus de la barrière frontalière israélienne d’un milliard de dollars. Ils étaient équipés pour transporter des explosifs et neutraliser les caméras, les systèmes de communication et les armes télécommandées, ouvrant ainsi la voie à un massacre sans précédent.
Les armées utilisent des drones dans les conflits depuis plus de deux décennies. Israël lui-même possède l’une des plus grandes armées de véhicules aériens sans pilote au Moyen-Orient.
L’utilisation par le Hamas de drones commerciaux modifiés pour organiser des attaques a révélé une vulnérabilité importante des défenses aériennes et terrestres tant vantées d’Israël. Les tactiques ont submergé un adversaire beaucoup plus avancé, le tout avec un budget restreint.
Le coût économique de la mésaventure militaire à Gaza pour Israël est réel, mais ce n’est pas la raison principale de l’échec d’Israël à détruire les infrastructures et les capacités miliaires du Hamas. Comme beaucoup d’analystes l’avaient prédit dès le départ, la décision d’Israël d’essayer de bombarder le Hamas pour le soumettre s’est avérée contre-productive.
Le discours officiel d’Israël sur la guerre à Gaza est que le Hamas est affaibli, mais la réalité est que la doctrine de la force massive de l’armée israélienne est en train d’échouer. Jusqu’à récemment, le discours de guerre sur Gaza était largement contrôlé par l’armée israélienne. Le récit a été facilité par les graves difficultés rencontrées par les quelques journalistes encore en activité à Gaza, notamment le risque pour leur sécurité personnelle, tandis que la presse internationale était bloquée à Qods et dépendait des sources de l’armée israélienne pour une grande partie de ses informations. Mais la situation a changé à mesure qu’une image différente commençait à émerger.
Les milieux médiatiques et politiques et les responsables sionistes et occidentaux sont également arrivés à la conclusion que la guerre à Gaza est devenue une guerre d’usure pour Israël et que ce régime ne peut pas atteindre ses objectifs déclarés. Selon de nombreux observateurs, Israël a perdu la guerre contre le Hamas, mais le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son cabinet refusent de l’admettre.