Les conséquences de la chute de Bachar Assad pour la France

Francoise Riviere
11 Min Read

Les révélations se multiplient sur l’implication des Etats-Unis et du régime israélien dans le projet de déstabilisation et démembrement de la Syrie. Il soulève également des interrogations sur l’impact des récents évènements sur les équations régionales et la géopolitique mondiale en l’occurrence les conséquences de la chute de Bachar Assad pour la France.

La chute de Bachar Assad, sponsorisée par l’Occident en complicité avec certains pays de la région, a fait de la Syrie un véritable laboratoire du chaos voire de la terreur, favorisant d’une part l’officialisation de la terreur- Jolani étant le chef de l’ex Front Al Nosra rebaptisé Tahrir al-Chaam- et de l’autre, la prolifération de groupes terroristes comme Daech.

Les répercussions de l’effondrement de l’Etat syrien dépassent largement les frontières syriennes : flux massif de réfugiés, déstabilisation régionale, prolifération des armes et montée en puissance des réseaux terroristes d’abord et surtout pour les voisins immédiats du pays (Turquie, Liban, Jordanie) et ensuite pour l’ensemble de la région.

En parallèle, la guerre redéfini les équilibres géopolitiques régionaux, compliqués par les interventions étrangères, notamment des États-Unis et de l’OTAN qui prétextant la déstabilisation en cours, œuvreront à l’effet de piller les richesses syriennes et surtout d’en faire une seconde Libye, soit un terreau fertile où fabriquer et proliférer des milices terroristes.

Comment les États-Unis et Israël ont détruit la Syrie ?

Avant d’aborder les conséquences de la chute de Bachar Assad pour la France en particulier, il faudrait aborder la cause principale de la situation chaotique en Syrie à savoir les projets interventionnistes du tandem américano-israélien aidé par la Turquie atlantiste dans la région.

En effet, l’ingérence américaine, à la demande du régime sioniste, a laissé des pays entiers en ruines, avec plus d’un million de morts et des guerres ouvertes faisant rage en Libye, au Soudan, en Somalie, au Liban, en Syrie et en Palestine. Mais ce qui vient de se produire à Damas occupe de loin une place à part auprès des planificateurs américano sionistes dans la mesure où il a fallu 15 longues années et une colossale dépenses de plusieurs dizaines de milliards de dollars pour le faire aboutir et qu’il n’a abouti que lorsque l’armée arabe syrienne, largement infiltrée par les services secrets étrangers, a cessé de se battre et de s’éloigner de l’axe de la Résistance. Un puissant axe qui a réussi pendant plus d’une décennie à barrer la route au binôme américano-sioniste, quitte à préserver l’unité et l’intégrité territoriale syrienne.

La chute du gouvernement de Bachar Assad avait été planifiée en effet dès  1996 avec l’arrivée de Netanyahu au poste de Premier ministre. La guerre Israël-Etats-Unis contre la Syrie s’est intensifiée en 2011 et 2012, lorsque Barack Obama a secrètement chargé la CIA de renverser le gouvernement syrien dans le cadre de l’opération Timber Sycamore puisque le gouvernement Assad restait un rempart contre le maximalisme sioniste, et un soutien sans faille à la Palestine et une menace permanente pour Israël. Cet effort malsain n’aurait pourtant jamais pu « porter ses fruits venimeux »,  si ce n’était pas des milliards de dollars de gazodollars quataris injectés par le truchement du renseignement turc à quelques 300 000 terroristes qui partis d’Idlib, se sont emparés, à la faveur de l’appui US/Isrsël de Damas avant de jeter les infrastructures militaires syriennes en pâture aux Sionistes lesquels les ont mené depuis le départ d’Assad plus de 500 raids aériens contre la Syrie.

La chute de la Syrie est survenue donc rapidement en raison de la désobéissance d’une partie des officiers de l’armée à Assad, leur refus de se battre non pas tant pendant les 15 jours qui ont duré l’invasion terroriste mais plus d’une décennie marquée par une criante apathie envers l’occupation turque et américaine et israélienne des pans entiers du territoire syrien. Et les sanctions économiques écrasantes imposées par le pilleur américain du pétrole syrien ont fait le reste.

Pour revenir à l’opération Timber Sycamore rappelons qu’elle était un programme secret de la CIA d’un milliard de dollars consistant à financer, former et fournir des renseignements aux terroristes.

Peu après le lancement de Timber Sycamore, en mars 2013, lors d’une conférence conjointe d’ Obama et de Netanyahu à la Maison Blanche, Obama a déclaré : « En ce qui concerne la Syrie, les Etats-Unis continuent de travailler avec leurs alliés et amis ainsi qu’avec l’opposition syrienne pour accélérer la fin du régime d’Assad ».

Chute de Bachar al-Assad : la France face à ses politiques inadéquates

Mais la France qui a fermement soutenu la guerre mondiale contre la Syrie devra-t-elle se réjouir de l’effondrement syrien ? Les conséquences de la chute de Bachar Assad pour la France sont multiples et comportent des éléments de défi et de danger.

La France, qui a soutenu  fermement les forces terroristes en Syrie, subit aujourd’hui les conséquences de ses politiques passées inadéquates. Sous François Hollande, la France a choisi de soutenir à la fois les forces kurdes et certains groupes terroristes, mais cette stratégie n’a pas servi son influence.

La récente rhétorique virulente du président Emmanuel Macron contre le gouvernement renversé d’Assad n’a eu que peu d’impact, car la France est éclipsée par d’autres puissances interventionnistes, tels que les États-Unis et la Turquie.

Un terroriste comme Jolani érigé â la tête de la Syrie cela ne servira pas non plus les intérêts français, la Syrie s’apprêtant à tomber dans le chaos et à avoir des millions de réfugiés à vouloir atteindre l’Europe. La France dit vouloir  retrouver sa place en Syrie en alignant ses efforts diplomatiques sur des contributions claires dans des domaines tels que la reconstruction, l’aide humanitaire ou même la médiation mais même avec de tels efforts, il est peu probable qu’elle soit un acteur central dans la construction de l’avenir de la Syrie, en raison de sa position diminuée dans la région et au-delà.

L’Union européenne et la France sont toutes deux confrontées à un moment critique, mais on ne sait pas encore comment elles réagiront, car elles sont confrontées à la perspective de devenir insignifiantes pour la Syrie et ses besoins de redressement et de stabilité régionale.

Une stratégie coordonnée combinant principes, politiques adéquates et action pragmatique leur serait considérablement bénéfique à condition que les Etats Unis déterminés à éterniser la guerre en Ukraine le permettent.  Sans de tels efforts, les puissances régionales et mondiales concurrentes consolideront leur emprise sur l’avenir de la Syrie.

Syrie : une «grosse centaine» de terroristes français ont participé à la prise de Damas

Les médias se focalisent déjà sur les conséquences de la chute de Bachar Assad sur la France et plus particulièrement sur le plan intérieur. Ils parlent d’une centaine de terroristes français qui ont participé à la prise de Damas par Hayat Tahrir al-Cham et ses alliés. Un chiffre confirmé par le procureur national antiterroriste de France lors d’une interview avec Le Figaro.

Dans une interview avec Le Figaro le 10 décembre, le procureur national antiterroriste de France, Olivier Christen, a confirmé la participation d’au moins une «grosse centaine» de terroristes français, issus de Hayat Tahrir al-Cham (HTC) ainsi que de la brigade d’Omar Omsen, à la prise de Damas par les terroristes dans la foulée de la chute de Bachar el-Assad.

«Dans le détail, une cinquantaine appartiendrait en effet à la brigade d’Omar Omsen et une trentaine à la mouvance dirigée par Abou Mohammed al-Jolani. Nous avons dénombré, également présentes à Idlib, une trentaine de femmes évadées des camps ou qui s’y sont réfugiées avec la débâcle de Daech», a notamment déclaré Olivier Christen.

Le procureur antiterroriste français a précisé que, sur les 1 500 terroristes français recensés depuis les années 2000, on comptait 390 revenants en France, 500 morts, une centaine affiliée aux groupes qui ont pris Damas, environ 150 détenus ou retenus dans le nord-est syrien et en Irak, mais aussi 300 disparus. Christen a souligné que le sort des détenus et des disparus «qui parfois réapparaissent», selon ses mots, était une «source d’inquiétude».

Le procureur antiterroriste a écarté la possibilité d’une préparation d’actions en France par ces combattants, arguant que ces miliciens armés appartenaient depuis «extrêmement longtemps» à la HTC et qu’ils étaient «totalement absorbés» par la Syrie. Olivier Christen estime que ces Français donnaient le sentiment d’avoir voulu s’établir définitivement en Syrie.

Quoiqu’il en soit, les positions mitigées voire contradictoires vis-à-vis des conséquences de la chute de Bachar Assad pour la France ont créé des débats houleux dans l’Hexagone. Ces divergences ont mis en lumière les dilemmes auxquels la France est confrontée : comment se mettre à l’abri des conséquences de plus d’une décennie d’ingérence politico militaire en Syrie et vouloir respecter les principes démocratiques, tout en flirtant avec une bande de terroristes qui s’emparent de Damas tout en étant sur la liste noire des pays occidentaux ?

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