Il est le fils anti-immigration de parents originaires d’Algérie. Il se présente comme le grand défenseur de la civilisation chrétienne de la France, bien qu’il soit lui-même juif. Zemmour incarne Donald Trump dans une campagne anti-establishment. Et il brouille maintenant les lignes de bataille avant l’élection présidentielle française d’avril. L’ascension fulgurante d’Éric Zemmour, un auteur d’extrême droite et un expert de la télévision, a bouleversé la politique française à l’approche de l’élection présidentielle 2022.
Jusqu’à il y a quelques semaines, la plupart des gens s’attendaient à ce que les prochaines élections présidentielles françaises soient une revanche prévisible entre le président Emmanuel Macron et la candidate d’extrême droite Marine Le Pen qui, selon les sondages, a laissé les électeurs qui voulaient des alternatives profondément insatisfaits. Bien qu’il ne soit pas encore un candidat déclaré, Zemmour, 63 ans, s’est hissé à la deuxième place dans un sondage auprès des électeurs probables, ce qui a perturbé les stratégies de campagne de tous les partis, même au-delà de celles de Macron et de Le Pen.
L’ombre de l’extrême droite sur le second tour de l’élection présidentielle 2022
Cinq mois avant l’élection présidentielle 2022, la droite française se retrouve coincée, entre le marteau et l’enclume comme on dit ici, sans candidat et face à une menace existentielle de part et d’autre. D’un côté, on trouve l’extrême droite Marine Le Pen et Éric Zemmour, un polémiste de la télévision qui veut parler d’immigration, d’identité et d’islam, les trois « i », et interdire les prénoms « non français » comme Mohamed. De l’autre, Emmanuel Macron, un président autoproclamé « centriste » qui, à l’approche de la fin d’un quinquennat marqué par l’épidémie de Covid, doit courtiser les électeurs de centre-droit pour rester au pouvoir.
Alors que Zemmour, qui a été surnommé le Trump français, domine les ondes en martelant son message, les sondages suggèrent que s’il se présente, lui ou Le Pen affronteront Macron au second tour. Qu’en est-il des Républicains, les héritiers traditionnels du Général de Gaulle et de sa « certaine idée de la France », qui doivent maintenant faire face aux accusations de Zemmour de trahir leur héros et de devenir un parti de chochottes ou de « flocons de neige » français ? Les années précédentes, le centre droit a fait preuve d’une unité, même fragile, dans les courses présidentielles. En 2017, à l’issue d’un primaire âprement disputée, le parti s’est rallié à François Fillon, élu comme prochain président jusqu’à ce que des scandales historiques le rattrapent.
Zemmour ; plus à droite que Le Pen
La course à la présidence française est divisée en deux tours. Le second vote ne comprend que les deux candidats de l’élection présidentielle 2022 qui ont obtenu le plus de voix au tour précédent. Pour l’instant, les sondages prévoient que Marine Le Pen, la candidate du parti de droite anti-immigration, (Le Rassemblement national), rejoindra Macron au second tour. Mais elle est suivie de près par Éric Zemmour. Il n’a pas officiellement annoncé sa candidature, mais a organisé des événements publics et devrait déclarer qu’il se présente prochainement. Zemmour, condamné à deux reprises par la justice pour provocation raciale ou religieuse, est considéré comme encore plus à droite que Marine Le Pen. Cette dernière a adouci une partie de la rhétorique de son parti pour tenter de séduire des électeurs de centre-droit.
Zemmour donnera un coup de pouce à la réélection de Macron
Macron est constamment en tête des sondages d’opinion, avec le soutien d’environ un quart des électeurs probables. Dans un second tour, aucun sondage n’a indiqué qu’il serait confronté à un défi sérieux de la part de Zemmour, ou de Le Pen d’ailleurs. En fait, le nom de Zemmour sur le bulletin de vote pourrait persuader davantage d’électeurs de gauche de soutenir Macron. Ce n’est pas que les assistants d’Emmanuel Macron veuillent mettre cela en avant. Ils ont tout intérêt à parler de Zemmour comme d’une menace politique. Bien qu’ils ne l’admettent pas publiquement, ils reconnaissent que l’ascension électorale de cet expert en talk-show et candidat non déclaré est une bénédiction déguisée pour le Président français en difficulté.
Ils estiment que Zemmour, un critique anti-migrants qui souhaite l’interdiction des prénoms étrangers en France et l’arrêt de l’immigration, donnera un coup de pouce à la réélection de Macron et lui assurera peut-être une victoire plus importante qu’autrement. La semaine dernière, Le Pen, leader du Rassemblement national, s’est moquée du défi lancé par Zemmour, mettant en doute l’exactitude des sondages d’opinion. « Nous savons très bien que nous ne pouvons pas mesurer réellement l’opinion des Français », a-t-elle déclaré lors d’une interview. Elle a ajouté qu’elle n’avait peur de personne.
« Le plus grand risque pour Macron est un autre Gilet Jaune ! »
Jugement sévère, peut-être, mais l’histoire de France (bien avant l’instauration de la République) atteste de cette dimension racialisée. Lorsqu’il fait de l’identité nationale le fil conducteur de la cause républicaine, l’universalisme est gravement dévoyé, au point d’en perdre toute substance. Il est à noter que cette version de l’universalisme peut se décliner sous d’autres formes, notamment dans l’anti-cosmopolitisme, qui dénonce les incorrigibles utopistes de la société et les cœurs aveuglés. C’est précisément le ton adopté par Éric Zemmour. On peut même émettre l’hypothèse que derrière ce faux universalisme se cache une haine de l’universel. De la même manière, Zemmour nous présente un monde fragmenté qui heurte sa propre obsession de la pureté, sa haine simultanée du brassage et une peur de la similitude.
« Le plus grand risque pour lui est un autre Gilet Jaune », on a déclaré au sujet de la réélection potentielle de Macron. Les manifestations des « Gilets Jaunes » ont commencé en novembre 2018 en raison de la hausse des taxes sur le carburant, qui ont ensuite été supprimées, et sont devenues une manifestation plus large contre le gouvernement français. Macron a réussi à apaiser les tensions au cours des mois suivants, notamment en rencontrant le public en face à face lors de divers événements, dans le but de montrer qu’il était à l’écoute de leurs préoccupations. Mais la crise énergétique actuelle en Europe a fait resurgir la crainte de nouvelles manifestations en France.
Pour éviter une nouvelle réaction, le Premier ministre Jean Castex a annoncé la semaine dernière un versement de 100 euros aux citoyens gagnant moins de 2 000 euros par mois pour les aider à faire face à la hausse des coûts énergétiques. Cependant, des questions telles que la santé, la sécurité et l’immigration occupent également une place importante dans le débat public à l’approche des élections. On a également souligné qu’un problème clé était également une inadéquation apparente entre ce que les employeurs recherchent et les compétences que possèdent les travailleurs. D’autre part le taux de chômage, les dépenses publiques et les pressions salariales étaient tous des thèmes importants de cette campagne électorale.