76 ans après, vers une nouvelle Nakba à Gaza

Francoise Riviere
10 Min Read

Les Palestiniens ont marqué mercredi 15 mai, les 76 ans de la Nakba, l’exode palestinien qui a suivi la création de l’entité israélienne, pour dénoncer la nouvelle Nakba en cours à Gaza. Les commémorations de la Nakba se déroulent cette année alors qu’Israël, militairement aux abois face à la résistance palestinienne, s’acharnent sur les civils et force à coup de bombes et de sous-munition, le déplacement de Palestiniens pour, prétend-elle mener un assaut à grande échelle contre la ville de Rafah où elle s’embourbe d’ors et déjà.

Il s’agit d’un génocide et d’un déplacement massif qu’Israël perpétue, sous nos yeux, avec la complicité de ses maitres occidentaux à savoir les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne. Un nouveau chapitre du « génocide progressif », débuté avec la « Nakba », le nettoyage ethnique de 1948, et qui se poursuit par l’expansion coloniale et le projet non dissimulé du gouvernement Netanyahou d’annexer la bande de Gaza et d’expulser la population locale vers l’Égypte, une fois le massacre actuel terminé.

Ce qui se passe aujourd’hui à Gaza est la continuation de la Nakba, lorsqu’en 1948, des centaines de milliers de Palestiniens ont été déplacés de force. Sauf que cette fois la pilule est trop dure à avaler et que la résistance armée dont fait preuve depuis huit longs mois Gaza, du Nord au Sud a faussé tous les calculs et laissé sans voix les génocidaires de Tel-Aviv. En ce sens, C’est sur le champ de bataille que la continuation de 76 années de violations du droit international par Israël, marquées par le colonialisme et l’apartheid contre l’ensemble du peuple palestinien, l’occupation de leurs terres et 16 années de blocus imposées aux Palestiniens vivant dans la bande de Gaza, a trouvé son époustouflante réponse.

La Nakba, la mère des catastrophes pour les Palestiniens

La Nakba (catastrophe en arabe) est le nom donné au déplacement forcé, ponctué de toutes sortes de crimes, de la population palestinienne d’origine lors de la création de l’entité israélienne en 1948. Des millions de Palestiniens ont fui leurs maisons, qui ont été brûlées ou rasées. Certains se sont retrouvés dans des camps de réfugiés en Jordanie ou au Liban, et d’autres dans les territoires palestiniens eux-mêmes, en Cisjordanie occupée et à Qods-Est, ou bien dans la bande de Gaza, comme c’est le cas du camp de réfugiés de Jabalia, où l’armée sioniste vient de subir l’un des plus mortels pièges de ces huit derniers mois en dépit des bombardements brutaux de l’entité.

L’actualité de la cuisante défaite militaire sioniste àGaza donne à la Nakba un retentissement international, les articles de presse évoquant une « nouvelle Nakba », une « seconde Nakba » que provoque une armée israélienne rancunière et en totale débandade. Aussi, c’est désormais un mot-image, celui de Palestiniens cherchant les leurs dans les décombres, dans la grisaille d’un paysage lunaire mais ayant mis à genou son ennemi.

De ce fait, le sens véritable de la Nakba n’est plus celui de la « déplacement massif de Palestiniens », maiscelui d’une politique d’ épuration ethnique délibérée, réfléchie, méthodique, qui se poursuit aujourd’hui à Gaza et parallèlement en Cisjordanie mais qui bute sur la volonté de la résistance d’un peuple et de son intransigeance .

Le génocide actuel à Gaza s’inscrit dans leprolongement de la Nakba

Depuis le 7 octobre, 2 millions de Gazaouis ont été déplacés et chassés de leur domicile, soit le plus grand nombre de déplacements forcés de Palestiniens depuis 1948. 1,4 million de personnes s’entassent tout au sud de la bande de Gaza, à Rafah, dans des conditions inhumaines, selon l’OMS.

Sous prétexte de démanteler un Hamas à qui il a perdu lamentablement la guerre, le gouvernement Netanyahu répète sa volonté d’attaquer cette zone en menaçant de massacrer les civils. Au nord, Gaza n’est que ruines et combats ; à l’est se dresse la frontière des territoires occupés et à l’ouest les flots de la Méditerranée. Reste le désert du Sinaï au sud, bloqué par un mur avec l’Egypte mais c’est simpliste que de croire Israël qui patauge, au bout de huit mois de guerre dans les ruines de Gaza être capable de vider Gaza de sa population. D’où les agissements sionistes en cours. Alors qu’Al-Sissi dénonce les projets israéliens et refuse d’ouvrir la porte au sud de Gaza, Netanyahu choisit la diplomatie du carnage pour renforcer la pression sur le gouvernement égyptien.

Tempête d’Al-Aqsa, une réponse à 75 ans de crimesisraéliens

En effet c’est en riposte aux 75 ans de crimes et d’occupation israélienne et de la profanation de la mosquée Al-Aqsa ainsi qu’aux velléités de Tel-Aviv de déclencher une nouvelle Nakba à Gaza, que la Résistance palestinienne a lancé le 7 octobre 2023l’opération Tempête Al-Aqsa contre les positions israéliennes.

En représailles à l’opération du Hamas, Israël, totalement pris de court, a ouvert un nouveau chapitre dans ses 75 ans d’histoire de crimes contre l’humanité, en procédant en direct au massacre de la population sans défense de Gaza. Sans surprise, le régime sioniste n’a respecté aucune des lois internationales de la guerre lors de son offensive. Tout en attaquant des civils et en bombardant des hôpitaux, des écoles et des centres universitaires, en assiégeant complètement Gaza, en coupant l’eau, l’électricité et le carburant, et en détruisant toutes les voies de communication dans cette zone avec le monde extérieur, ils a fait usage decertaines armes, notamment des bombes au phosphore, qui, selon les protocoles internationaux, sont considérées comme des armes interdites.

Quelle a été la réaction de la communauté internationale ? Alors que les crimes du régime sioniste sont condamnés principalement par les Nations Unies, l’Union européenne et de nombreuses autres institutions et pays qui appellent verbalement Israël à faire cesser la guerre, mais en pratique aucune mesure n’est prise pour garantir les droits des propriétaires originaux de la terre palestinienne. Or il n’en pas été de même côté opinion publique.

L’émergence d’un mouvement anti-guerre sur les campus universitaires

La brutalité des attaques israéliennes contre Gaza a suscité des mobilisations de masse dans les pays arabes et musulmans, aux Etats-Unis, en Amérique latine dans les pays européens, en particulier la Grande-Bretagne, l’Espagne et la France, qui défient les politiques répressives des gouvernements qui persécutent et criminalisent tous ceux qui manifestent leur solidarité avec la lutte du peuple palestinien, en utilisant dans de nombreux cas l’accusation d’« apologie du terrorisme ».

Nous sommes au début de l’émergence d’un mouvement anti-guerre en soutien à la cause palestinienne – une cause juste, anticoloniale et anti-impérialiste qui est sur le point de gagner grâce à une étonnante résistance armée. C’est pourquoi beaucoup font une analogie historique avec le mouvement contre la guerre du Viêt Nam et, plus récemment, contre la guerre en Irak.

La consécration à l’échelle internationale du mot « Nakba » témoigne surtout du dévoilement, au grand jour, de la continuité de l’entreprise sioniste, une entreprise de plus en plus désavouée à travers le monde.

C’est tout cela que signifie désormais le mot Nakbaaux yeux de l’opinion publique mondiale, avec le recours croissant au terme « génocide ». Si la Nakbaest actuellement occultée par l’opinion publique israélienne, elle est revendiquée sans la moindre retenue par les officiels israéliens, comme Ariel Kallner, membre du Parlement israélien, ou le ministre de l’agriculture et ancien dirigeant du Shin Bet, AviDichter, qui se réjouit de « dérouler une nouvelle Nakba » contre les Palestiniens.

Si Israël utilise déjà la punition collective comme politique de terreur systématique contre les Palestiniens, une nouvelle Nakba serait le point culminant de cette action criminelle. Elle serait la confirmation palpable de ce que l’historien israélien Ilan Pappé et d’autres intellectuels et organisations internationales ont d’abord défini comme le « nettoyage ethnique » de la population palestinienne par Israël, puis, au fil des ans, comme un « génocide progressif ». Mais cette Nouvelle Nakba est loin d’être acquise pour l’entité l’armée israélienne ayant perdu pour la premi

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