- Ecrit par Michelle Toussaint
Un immigrant rwandais en France, déjà mis en examen pour avoir mis le feu à la cathédrale de Nantes l’année dernière, a été arrêté et soupçonné d’avoir tué un prêtre catholique romain, ont déclaré les procureurs lundi dernier. L’homme de 40 ans s’est rendu à la police en milieu de matinée et a admis avoir tué le chef de la congrégation religieuse où il séjournait en attendant son procès pour l’incendie de la cathédrale. Ensuite le procureur de La Roche-sur-Yon, Yannick Le Goater, a déclaré aux journalistes que la police avait trouvé le corps d’Olivier Maire, 60 ans, chef de l’Ordre missionnaire montfortain à Saint-Laurent-sur-Sèvre, dans une chambre dont le suspect leur avait donné la clé. “À ce stade de l’enquête, il semble qu’il n’y ait pas la moindre motivation terroriste”, a déclaré Le Goater.
À la suite de l’incendie de la cathédrale en juillet 2020, le suspect a été placé en détention jusqu’à la fin mai, avant d’être remis en liberté sous contrôle judiciaire et placé à l’abbaye, a précisé le procureur. Après avoir évoqué sa volonté de partir, il a été transféré dans un hôpital psychiatrique où il est resté jusqu’à la fin du mois de juillet. Comme on pouvait s’y attendre, ce meurtre va accroître la pression sur le président Emmanuel Macron concernant sa politique de sécurité et d’immigration, à huit mois d’une élection présidentielle qui verra son plus grand défi venir de l’extrême droite. Ainsi, en France, vous pouvez être un immigrant illégal, incendier la cathédrale de Nantes, ne jamais être expulsé et récidiver en assassinant un prêtre. Ce qui se passe dans notre pays est sans précédent : l’échec total de l’État », a tweeté Marine Le Pen.
« Un prêtre proche de la population !»
Les autorités françaises de l’immigration avaient remis au ressortissant rwandais un ordre d’expulsion en 2019, mais il est resté dans le pays dans l’attente de son procès. Les procureurs affirment qu’un an plus tard, il a mis le feu à la cathédrale de Nantes. L’incendie de juillet 2020 a embrasé l’intérieur de la cathédrale du XVe siècle, détruisant un grand orgue, des vitraux et un tableau. Les fidèles locaux ont décrit un prêtre très aimé de ses paroissiens et connu pour ses homélies profondes. “Je suis sous le choc. Je n’arrive pas à le croire”, a déclaré par téléphone à Reuters Sœur Dorothée Harushinana, qui a assisté à une messe que le prêtre avait dirigée dimanche. “C’était quelqu’un de proche de la population. On pouvait toujours faire appel à lui”.
Les procureurs ont ouvert une enquête pour « homicide volontaire » lundi après l’assassinat d’un prêtre catholique dans la région de Vendée. “Aucun motif terroriste n’apparaît dans cette affaire”, a déclaré le vice-procureur Yannick Le Goater aux journalistes après la détention du suspect. Le suspect, Emmanuel Abayisenga, faisait déjà l’objet d’une enquête pour avoir mis le feu à la cathédrale de Nantes où il travaillait comme bénévole il y a un an, a déclaré le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Il avait été placé en détention avant d’être libéré sous contrôle judiciaire. Darmanin a ajouté que le suspect a déclaré (aux gendarmes) avoir tué le prêtre. Le ministre a exprimé « tout son soutien aux catholiques de notre pays ». Il a aussi indiqué qu’il se rendait sur le site de Saint-Laurent-sur-Sèvre.
Emmanuel Macron : « Protéger ceux qui croient est une priorité »
Le prêtre, âgé de 61 ans, hébergeait le suspect depuis « plusieurs mois », a précisé une source policière. « Au nom de la Nation, je rends hommage au père Olivier Maire », a tweeté le président Emmanuel Macron après avoir salué la « générosité » de l’ecclésiastique. « Protéger ceux qui croient est une priorité », a ajouté Macron. Contacté par Euronews, le parquet anti-terroriste français a déclaré que les “faits ne semblaient pas être de nature terroriste”. Plusieurs responsables politiques de l’opposition ont fustigé l’« échec » présumé du gouvernement après la tragédie.
Abayisenga s’était vu refuser l’asile politique en France après avoir vécu dans le pays depuis 2012. La dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen a tweeté : “Ainsi, en France, il est possible d’être un immigré clandestin, de mettre le feu à la cathédrale de Nantes, de ne jamais être expulsé et de récidiver en assassinant un prêtre.” Darmanin a déclaré que le suspect n’était pas expulsable tant qu’il était sous contrôle judiciaire et a accusé Mme Le Pen d’ « argumenter sans connaître les faits. »
«Réactions de la classe politique »
Bruno Retailleau, qui représente la Vendée au Sénat français, a tweeté qu’il était “profondément choqué par le terrible meurtre d’un prêtre qui avait pris en charge son meurtrier”.”Que faisait encore cet homme en France ?”, a demandé Retailleau, qui est membre du parti de droite Les Républicains. Marine Le Pen, la dirigeante du Front national, s’est également empressée d’attaquer le gouvernement centriste du président Emmanuel Macron à propos de ce meurtre. En France, on peut être un migrant illégal, mettre le feu à une cathédrale, ne pas être expulsé et ensuite récidiver en assassinant un prêtre », a-t-elle tweeté.
Darmanin, qui a dit se rendre sur les lieux, a rétorqué que Le Pen faisait « une polémique sans connaître les faits. » L’immigration, la sécurité et l’islamisme sont susceptibles d’être des sujets de division lors de l’élection d’avril, où Macron sera confronté à son défi le plus difficile de la part des partis de droite.
« Ainsi, en France, on peut être ici en situation irrégulière, mettre le feu à la cathédrale de Nantes, ne jamais être expulsé, et commettre un autre délit en assassinant un prêtre », a déclaré la dirigeante d’extrême droite, Marine Le Pen, dans un tweet. « Ce qui se passe dans notre pays est d’une gravité sans précédent : C’est l’échec complet de l’État », a-t-elle ajouté. Le tweet a déclenché une série d’échanges entre Mme Le Pen et M. Darmanin, qui a accusé la dirigeante d’extrême droite d’exploiter le meurtre à des fins politiques au lieu d’exprimer sa compassion pour la communauté catholique.