Afghanistan : La France continue ses efforts pour protéger des Afghans laissés pour compte !

Remy Legaros
9 Min Read
Des personnes évacuées d’Afghanistan par la France prennent l’avion vers Paris, le 26 août 2021, sur la base d’Al Dhafra, près d’Abou Dhabi. AFP
  • Ecrit par Enzo Legrand

La France et la Grande-Bretagne prévoient de déposer une résolution d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU. Ils veulent demander aux talibans de soutenir une zone de sécurité gérée par des civils à l’aéroport de Kaboul. Ce qui permettrait de poursuivre l’évacuation aérienne de ceux qui veulent quitter le pays, a déclaré le président français. “Ce que nous essayons de faire, c’est de pouvoir organiser des opérations humanitaires ciblées pour des évacuations qui ne se feront pas par l’aéroport militaire de Kaboul”, a-t-il ajouté au Journal du Dimanche. “Il s’agit de protéger ces Afghans menacés et de les faire sortir du pays dans les jours ou les semaines qui viennent. Nous verrons si cela peut se faire par l’aéroport civil de la capitale ou par les pays voisins”.

La France est en pourparlers avec les talibans pour permettre l’évacuation de centaines d’Afghans

La France est en pourparlers avec les talibans pour permettre l’évacuation de centaines d’Afghans d’Afghanistan, a déclaré jeudi le président français Emmanuel Macron, alors qu’un attentat suicide présumé a explosé devant l’aéroport de Kaboul, faisant au moins 13 morts. Le Pentagone a déclaré qu’il y avait au moins deux explosions près de l’aéroport au milieu d’un effort d’évacuation énorme et chaotique de l’Afghanistan avec des civils et des membres des services américains parmi les victimes.

Macron, en visite en Irlande, a déclaré qu’il ne pouvait pas garantir que la France réussirait à évacuer les gens. Car la situation sécuritaire en Afghanistan s’est détériorée, notamment à l’aéroport de Kaboul. « Nous sommes confrontés à une situation extrêmement tendue », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre irlandais. Le ministère des Affaires étrangères a déclaré que jusqu’à présent, plus de 2 500 ressortissants français et afghans avaient atteint le sol français après les évocuations d’Afghanistan avant la date limite du 31 août fixée pour le départ des forces étrangères.

Macron a déclaré que l’ambassadeur de France en Afghanistan ne resterait pas dans le pays pour des raisons de sécurité. Il opérerait depuis Paris. Il a aussi ajouté que les forces spéciales françaises se trouvaient à l’aéroport de Kaboul. Les attaques ont eu lieu après que les États-Unis et leurs alliés ont exhorté les Afghans à quitter la région en raison de la menace que représente l’État islamique. Un pont aérien massif de ressortissants étrangers et de leurs familles, ainsi que de certains Afghans, est en cours depuis la veille de la prise de Kaboul par les forces talibanes, le 15 août qui a marqué le point culminant d’une progression rapide dans le pays, au fur et à mesure du retrait des troupes américaines et alliées.

L’évacuation des Afghans « de manière sûre et ordonnée », les talibans ont-ils assuré

Dans le même temps, les talibans ont assuré à 100 pays qu’ils continueraient à autoriser les étrangers et les Afghans munis de documents de voyage étrangers à quitter le pays “de manière sûre et ordonnée”, même après la fin du retrait des troupes américaines mardi, ont indiqué les pays dans une déclaration dimanche. Le groupe de 100 pays comprend les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne. “Nous avons reçu des talibans l’assurance que tous les ressortissants étrangers et tous les citoyens afghans ayant une autorisation de voyage de nos pays, auront le droits de se rendre de manière sûre et ordonnée aux points de départ et à voyager en dehors du pays”, indique le communiqué.

“Nous sommes tous déterminés à faire en sorte que nos citoyens, nos ressortissants et nos résidents, nos employés, les Afghans qui ont travaillé avec nous et ceux qui sont en danger, puissent continuer à voyager librement vers des destinations hors d’Afghanistan”, ajoute la déclaration. Ce qui a également été signée par l’Union européenne et l’OTAN. Le groupe a déclaré qu’il continuerait à délivrer des documents de voyage aux “Afghans désignés”. Il a ajouté que « les Talibans s’attendent clairement à ce qu’ils puissent se rendre dans nos pays respectifs et s’y engagent ». La Chine et la Russie ne figurent pas parmi les signataires du document.

Quel avenir pour les Afghans laissés pour compte par les occidentaux ?

Alors que les évacuations occidentales d’Afghanistan se terminent avant la date limite du 31 août, on s’entretient avec des Afghans qui ont travaillé aux côtés des militaires français. Ils disent aujourd’hui être laissés pour compte. Les forces américaines et alliées ont mis en place un effort massif de deux semaines pour transporter les ressortissants étrangers et des dizaines de milliers d’Afghans vulnérables hors de portée des talibans. Mais alors que le spectaculaire pont aérien de Kaboul touche à sa fin, de nombreux Afghans désespérés sont laissés pour compte, y compris certains qui ont aidé les forces occidentales dans leur guerre de deux décennies contre les militants islamistes.

Le président Emmanuel Macron a déclaré samedi que la France avait des discussions préliminaires avec les talibans sur la situation humanitaire en Afghanistan et l’évacuation éventuelle d’un plus grand nombre de personnes en danger après la prise de pouvoir des talibans le 15 août. “Nous sommes en train de mener des discussions, encore fragiles et provisoires, avec les talibans concernant les évacuations humanitaires pour rapatrier les hommes et les femmes afghanes en danger”, a déclaré Macron. Les évacuations continuent conjointement avec le Qatar et peuvent impliquer des « opérations de transport aérien », a précisé Macron. Il a aussi ajouté que la France avait évacué 2 834 personnes d’Afghanistan depuis le 17 août.

Le Qatar a de bons contacts avec les talibans puisque Doha accueille un bureau politique taliban qui a négocié le retrait des troupes américaines d’Afghanistan. Cette révélation a été faite lors d’une conférence de presse dans la capitale irakienne, Bagdad, où Macron a participé à un sommet sur la sécurité régionale visant à apaiser les tensions au Moyen-Orient et à souligner le rôle de médiateur de l’Irak.

La France continue sa présence en Irak malgré la décision de Washington

 La crise afghane a toutefois éclipsé la conférence de presse du président français, qui s’interrogeait sur les engagements extérieurs des États-Unis après le retrait de leurs troupes d’Afghanistan. Pendant son séjour à Bagdad, Macron a eu des entretiens séparés avec l’émir du Qatar sur le rôle que pourrait jouer Doha, qui a de bons contacts avec les talibans après avoir accueilli des discussions de paix, dans l’organisation de nouvelles évacuations au-delà de la date limite du 31 août fixée par Washington, selon des sources proches du président. Les évacuations continuent conjointement avec le Qatar. Et elles pourraient impliquer des “opérations de transport aérien”, a déclaré Macron à l’issue du sommet.

Les forces militaires américaines doivent se retirer avant une date limite fixée mardi par le président Joe Biden. Le gouvernement français a déclaré vendredi qu’il avait terminé son opération d’évacuation de Kaboul conformément à ce calendrier. Mais il continuerait à aider ceux qui ont besoin de protection à quitter l’Afghanistan. Macron a également déclaré que la France maintiendrait des troupes en Irak dans le cadre d’opérations antiterroristes aussi longtemps que le gouvernement irakien en aurait besoin, que les États-Unis décident ou non de se retirer. “Quelle que soit la décision des Américains, nous maintiendrons notre présence pour lutter contre le terrorisme en Irak “, a-t-il déclaré.

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