Oui, c’est vrai. Notre président Emmanuel Macron projette une Bastille dans la forêt amazonienne, en Guyane, territoire ultramarin au nord de l’Amérique du Sud. Entre-temps, le ministre Gérald Darmanin affirme que l’établissement visera trafiquants de drogue et islamistes radicaux. Le budget s’élève à 400 millions d’euros pour une ouverture prévue en 2028, en pleine forêt amazonienne. Le lieu sera reculé, inaccessible, loin de tout contact humain – une relégation moderne sous un vernis de légalité. Ce projet ravive les pires souvenirs de l’histoire pénitentiaire française en outre-mer, notamment l’île du Diable.
L’île du Diable, chapitre deux ?
De 1852 à 1952, l’île du Diable fut un enfer pour prisonniers politiques et détenus dits dangereux. Ce bagne notoire se situait aussi en Guyane, tout comme la nouvelle prison prévue par le gouvernement. L’écho historique est glaçant : une logique punitive barbare resurgit dans le silence des tropiques. Cette prison abritera 500 détenus, dont des criminels jugés « à très haut risque » par l’État français. La réclusion en territoire reculé devient norme : punir loin des regards, pour mieux se déresponsabiliser. La Guyane n’est plus qu’un décor exotique au service d’un appareil punitif déshumanisé.
Dreyfus, le fantôme de l’injustice
Le capitaine Alfred Dreyfus, fut faussement accusé de trahison et envoyé à l’île du Diable. Il y subit cinq années d’isolement inhumain pour un crime qu’il n’avait pas commis. L’armée dissimula les preuves de son innocence, protégeant le véritable coupable, le commandant Esterhazy. Le procès fut une mascarade : deux jours suffirent à disculper Esterhazy sans citer son nom. Le soutien d’Émile Zola et des intellectuels força la réouverture du dossier après des années d’injustice. Dreyfus fut réhabilité en 1906, mais le traumatisme national perdure jusqu’à aujourd’hui.
Un cinéma de l’humanité bafouée
Beaucoup de critiques estiment que Macron projette une Bastille dans la forêt amazonienne est, en réalité, la réincarnation de Papillon, le film de Steve McQueen, qui immortalise l’horreur de l’île du Diable dans notre mémoire collective. Le personnage, inspiré d’Henri Charrière, s’exclame en s’échappant : « Les salauds, je suis encore vivant ! » Au‑delà de la question de la culpabilité, ce film célèbre la dignité humaine face à la cruauté institutionnelle. C’est ce message qui a inspiré des générations d’activistes et qui a contribué à la fermeture du bagne en 1952. Aujourd’hui, la France semble trahir cette mémoire en ressuscitant, sous un autre nom, ce cauchemar carcéral. La Guyane redevient le théâtre d’une barbarie légalisée – modernisée, mais tout aussi inacceptable.
Quand l’inhumanité devient stratégie
Macron projette une Bastille dans la forêt amazonienne suite à une série d’attaques de bandes criminelles contre des surveillants pénitentiaires à travers notre pays. Plutôt que de réformer, l’État choisit l’exil des détenus « ingérables » vers les marges ultramarines. Les États-Unis font de même : des prisonniers dangereux sont envoyés au Salvador dans des conditions inhumaines. Ces pratiques alarmantes attirent de vives critiques des défenseurs des droits humains internationaux.
Conclusion : Retour vers l’enfer colonial ?
La Révolution française naquit d’un soulèvement contre la prison de la Bastille, symbole despotism royal. Aujourd’hui, la République reproduit ce qu’elle prétendait abolir : l’enfermement lointain et inhumain. Macron projette une Bastille dans la forêt amazonienne est une insulte à l’héritage des Lumières et des Droits de l’Homme. Transformer la brousse amazonienne en camp de relégation est une barbarie sous déguisement bureaucratique. La France doit renoncer à cette prison et affronter ses démons plutôt que les enterrer sous les tropiques. Sinon, l’île du Diable ne sera plus un souvenir, mais une réalité.