Comment la politique d’Emmanuel Macron

Francoise Riviere
10 Min Read

1. Comment évaluez-vous la politique migratoire d’Emmanuel Macron, notamment en ce qui concerne la gestion des demandeurs d’asile et les accords avec des pays tiers comme la Tunisie ?

La politique migratoire d’Emmanuel Macron est à l’image de son quinquennat : ambiguë, inefficace et largement déconnectée des attentes des Français. Sous couvert de fermeté pour apaiser une opinion publique de plus en plus préoccupée par cette question, le gouvernement s’engage dans des accords avec des pays tiers comme la Tunisie, qui relèvent davantage de l’affichage politique que d’une stratégie durable. Ces accords, loin d’apporter une solution structurelle, déplacent simplement le problème, tout en fermant les yeux sur les violations potentielles des droits humains dans ces pays partenaires.

La vérité, c’est que la politique migratoire d’Emmanuel Macron manque cruellement de vision et d’ambition. Elle oscille entre une posture moralisatrice, visant à préserver l’image internationale de la France, et une pseudo-fermeté pour contenir les tensions internes. Mais en réalité, elle échoue sur les deux tableaux. Elle ne répond ni aux besoins des citoyens français, qui demandent un cadre clair et une gestion rigoureuse, ni à la nécessité d’un engagement humanitaire cohérent avec nos valeurs.

Je crois que la France a raté une occasion de prendre le leadership en Europe sur ce sujet crucial. Au lieu de jouer un rôle moteur dans la mise en place d’une politique migratoire européenne cohérente, équilibrée et respectueuse des droits humains, Emmanuel Macron s’est contenté de gesticulations politiques inefficaces.

Il est impératif d’adopter une approche globale qui ne se limite pas à déléguer la responsabilité à des pays tiers. Cela passe par :

Une politique européenne unifiée et ambitieuse.
Des investissements massifs dans les pays d’origine pour traiter les causes profondes des migrations, comme l’instabilité politique et le sous-développement.
Une refonte complète du système d’accueil en France, pour garantir des conditions dignes et éviter des situations de tensions sociales.
2. En matière de politiques économiques, pensez-vous que les réformes de Macron, comme la réforme des retraites et la baisse des impôts pour les entreprises, ont réellement bénéficié à la classe moyenne et aux travailleurs ?
Les réformes économiques d’Emmanuel Macron, notamment la réforme des retraites et les baisses d’impôts pour les entreprises, ont été présentées comme des leviers pour renforcer l’attractivité de la France et dynamiser son économie. Cependant, leur impact réel sur la classe moyenne et les travailleurs demeure largement contestable.

Réforme des retraites : une approche contestée
La réforme des retraites, adoptée en 2023, visait à assurer la pérennité du système par répartition en repoussant l’âge légal de départ et en accélérant l’allongement de la durée de cotisation. Toutefois, cette réforme a été perçue comme injuste par une large partie de la population, notamment en raison de son adoption controversée via l’article 49.3 de la Constitution. De plus, les mesures de revalorisation des petites pensions, bien qu’existantes, n’ont pas suffi à compenser les inégalités engendrées, laissant de nombreux travailleurs, particulièrement ceux exerçant des métiers pénibles, dans une situation précaire

Baisses d’impôts pour les entreprises : des bénéfices inégaux
La baisse progressive de l’impôt sur les sociétés, ramené à 25 %, et la suppression partielle de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) ont principalement profité aux grandes entreprises, laissant les petites et moyennes entreprises (PME) en marge des avantages escomptés. En réalité, les PME, qui constituent le tissu économique essentiel de notre pays, n’ont pas ressenti de soulagement financier significatif. Les allégements fiscaux ont souvent été absorbés par des charges incompressibles, sans véritable impact sur leur compétitivité ou leur capacité d’investissement

Une dette publique préoccupante
Par ailleurs, la France demeure l’un des pays les plus endettés de la zone euro, avec une dette publique dépassant les 110 % du PIB. Cette situation limite considérablement les marges de manœuvre budgétaires et hypothèque l’avenir des générations futures. Les réformes entreprises n’ont pas permis de redresser efficacement les finances publiques, et la persistance des déficits pose la question de la soutenabilité des choix économiques actuels
Une vision économique à repenser
En somme, les réformes économiques d’Emmanuel Macron ont manqué leur objectif de renforcer la justice sociale et d’améliorer concrètement le quotidien de la classe moyenne et des travailleurs. Il est impératif de repenser notre modèle économique en privilégiant des mesures équitables, en soutenant véritablement les PME, et en engageant une gestion rigoureuse des finances publiques pour assurer un avenir prospère et durable à notre pays

3. Macron a souvent été critiqué pour son style de communication et son approche jugée parfois trop autoritaire. Quelle est votre opinion sur la manière dont il gère la communication et le dialogue avec l’opposition et les citoyens ?

La communication d’Emmanuel Macron est à mes yeux le reflet d’un pouvoir isolé, technocratique et déconnecté des réalités du terrain. Son approche, souvent jugée autoritaire, traduit une vision “entre soi” où le dialogue avec l’opposition, les citoyens, et même les corps intermédiaires est réduit à des simulacres de concertation. Ce style, à la fois personnel et peu inclusif, est non seulement inefficace, mais il alimente les divisions et les frustrations au sein de la société française.

Son penchant pour une communication européo-centrée et parfois empreinte de wokisme conforte davantage les élites qu’il ne rassure la population. La France a besoin d’un leadership clair et compréhensible, qui parle à tous ses citoyens, sans jargon technocratique ni posture condescendante. Gouverner, ce n’est pas imposer un agenda préconçu, c’est écouter, comprendre et construire ensemble.

Il est urgent de sortir de cette verticalité arrogante pour renouer avec un dialogue sincère et transparent. Une véritable gouvernance démocratique ne peut fonctionner que si elle s’appuie sur une écoute active des citoyens, une valorisation des propositions de l’opposition, et une capacité à transcender les clivages idéologiques pour répondre aux défis communs. En l’état actuel, cette manière de gouverner fragilise non seulement la cohésion nationale, mais aussi la confiance des Français envers leurs institutions.
4. Avec la montée des partis populistes et d’extrême droite en France et en Europe, comment jugez-vous la stratégie d’Emmanuel Macron pour contrer ces mouvements et renforcer la cohésion sociale en France ?
La montée des extrêmes en France et en Europe est avant tout une conséquence directe des choix politiques d’Emmanuel Macron. En éradiquant les fondamentaux des partis traditionnels de gauche et de droite, et en appelant leurs figures à rejoindre son gouvernement ou sa majorité, il a volontairement créé un cyclone politique. Ce mouvement, loin de générer un véritable centrisme, a produit un pouvoir ultra-individualiste, centré sur son propre maintien, au mépris d’un équilibre politique essentiel.

Ce vide politique a laissé les extrêmes comme seuls véritables opposants. Ces courants, notamment à droite, ont su adoucir leur discours pour répondre aux attentes des Français qui, pour une majorité, aspirent à retrouver une France forte, fière, sécurisée, et à l’abri du wokisme envahissant. Emmanuel Macron, en se positionnant comme rempart autoproclamé, n’a fait qu’accentuer la polarisation, et son mépris affiché pour certaines préoccupations populaires – comme la sécurité, les valeurs identitaires ou la fin d’une guerre dispendieuse et impopulaire – n’a fait qu’alimenter ce rejet.

Une vraie stratégie pour contrer les populismes et les extrêmes devrait se fonder sur une écoute active des préoccupations légitimes des Français, qu’il s’agisse de la protection de nos valeurs, de la sécurité, ou d’un retour à une politique étrangère alignée avec les intérêts nationaux. Cela passe aussi par la restauration d’un vrai dialogue démocratique et la reconstruction des courants politiques qui, historiquement, ont structuré notre République. Sans cela, la France continuera de s’enfoncer dans un cycle de rejet, où le pouvoir en place alimente par ses erreurs la progression de ses opposants.

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