La République islamique d’Iran a annoncé ce lundi 20 mai le décès du président Ebrahim Raïssi et du ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian dans un accident d’hélicoptère survenu dimanche.
Le président Raïssi, est décédé suite au crash de son hélicoptère lors d’une visite dans la province de l’Azerbaïdjan de l’Est, où lui et son homologue azerbaïdjanais Ilham Aliev avaient inauguré deux barrages construits sur la rivière Aras.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, le gouverneur de la province iranienne de l’Azerbaïdjan de l’Est, ainsi que d’autres responsables et gardes du corps se trouvant également à bord de l’hélicoptère ont perdu la vie.
Elu président, le défunt Raïssi a été à l’origine d’importantes évolutions en matière économique et de politique intérieure et étrangère.
Ce que l’on sait sur le décès du président Raïssi dans un accident d’hélicoptère
Pris dans de mauvaises conditions météorologiques, l’hélicoptère qui transportait le chef de l’exécutif iranien et son ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian aux côtés d’autres personnes a rencontré quelques difficultés et aurait été contraint d’effectuer un « atterrissage brutal », le dimanche 19 mai 2024 dans la ville de Jolfa, dans la province iranienne de l’Azerbaïdjan de l’Est, selon les premières explications fournies par les autorités.
Le président Raïssi ainsi que la délégation qui l’accompagnait revenaient d’une cérémonie d’inauguration d’un stratégique barrage sur la rivière Aras qui avait été organisée avec le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev. Le général Mehdi Moussavi, chef de l’unité de protection du président, le pilote et son adjoint et un technicien ont tous trouvé le martyr.
L’épave de l’hélicoptère a été découverte par les équipes de secours d’urgence aux petites heures de lundi matin dans des forêts denses nichées entre les villes de Varzaqan et de Jolfa, dans la province de l’Azerbaïdjan orientale. L’information sur le décès du président Raïssi et de l’ensemble de la délégation a été confirmée par le vice-président iranien Mohsen Mansouri.
Ebrahim Raïssi présidait la République islamique depuis près de trois ans. Il avait été élu en juin 2021 dès le premier tour. Son bilan a été marqué par de fulgurantes ouvertures vers de grandes économies émergeantes, BRICS et OCS entre autres.
La Constitution prévoit que, en cas de décès, le président est remplacé par le premier vice-président, Mohammad Mokhber, en attendant la tenue d’une élection présidentielle dans les 50 jours.
Qui était Ebrahim Raïssi, homme politique, spirituel et Président iranien?
Ebrahim Raïssi est né le 14 décembre 1960 à Mashhad, au nord-est de l’Iran. Dévoué dans le cadre des missions imparties, Raissi s’était démarqué par son charisme et son attachement à rendre service à la collectivité, ce qui a fait qu’il a gravi les échelons pour occuper de nombreux postes clés dont celui de chef du pouvoir judiciaire, avant de devenir président.
En effet, de 2004 à 2014, Raïssi était chef adjoint du pouvoir judiciaire et il était connu pour son approche juste et humaine qui lui a valu de nombreux admirateurs à travers tout le pays.
En 2014, il a été nommé procureur général du pays, poste qu’il a occupé jusqu’en 2016. Sa nomination la plus notable a eu lieu en mars 2019, lorsque le Leader l’a choisi pour diriger le système judiciaire iranien.
En tant que chef du système judiciaire iranien, Raïssi a lancé une campagne contre la corruption et promulgué des lois pour protéger les femmes contre les violences domestiques.
Sa popularité a considérablement augmenté au cours de son mandat en tant que chef du pouvoir judiciaire iranien ; ce qui a ouvert la voie à ses activités politiques en tant que chef de l’exécutif.
Raïssi est devenu un nom connu en Iran et dans le monde musulman en 2017 lorsqu’il s’est présenté comme candidat populaire à l’élection présidentielle contre le président de l’époque, Hassan Rohani.
Il a terminé deuxième lors de cette élection après Rohani qui a obtenu 23,5 millions de voix contre 15,7 millions pour son adversaire.
Cependant, sa deuxième candidature à la présidentielle en 2021 lui a donné une victoire décisive, assumant la direction du pays pour les quatre années qui ont suivi.
Lors des élections de 2021, Raïssi a remporté une victoire écrasante, empochant 17,9 millions de voix sur 28,9 millions exprimées, établissant ainsi sa réputation de personnalité politique populaire. Le huitième président iranien a officiellement débuté son mandat le 3 août 2021.
Les messages de condoléances affluent des quatre coins du monde suite au décès de Raïssi
Suite au décès du président iranien Ebrahim Raïssi, plusieurs dirigeants internationaux ont présenté leurs condoléances.
Le Hezbollah libanais a présenté lundi ses condoléances aux dirigeants iraniens après l’annonce de la mort du président Ebrahim Raïssi, le qualifiant de « protecteur des mouvements de résistance » contre Israël dans la région.
Il a également rendu hommage au chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir-Abdollahian, tué en martyr dans le même accident d’hélicoptère.
Le président syrien, Bachar al-Assad, a également présenté lundi ses condoléances à l’Iran après l’annonce de la mort du président Ebrahim Raïssi, proclamant sa « solidarité » avec Téhéran qui le soutient depuis le début de la guerre civile dans son pays.
La Turquie « partage la douleur du peuple iranien ami et frère », a déclaré lundi le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan, après l’annonce de la mort du président Ebrahim Raïssi dans un accident d’hélicoptère.
« Malheureusement, la nouvelle venant d’Iran nous a profondément attristés », a déclaré M. Fidan, lors d’une conférence de presse.
Le président russe Vladimir Poutine a rendu hommage lundi au président iranien Ebrahim Raïssi, le qualifiant de « politicien remarquable » et de « véritable ami » de la Russie.
« Ebrahim Raïssi était un politicien remarquable. En tant que véritable ami de la Russie, il a apporté une contribution personnelle inestimable au développement des relations de bon voisinage entre nos pays et a déployé de grands efforts pour les amener au niveau du partenariat stratégique », a indiqué le président russe, dans un télégramme de condoléances diffusé par le Kremlin.
L’Union européenne aussi a exprimé lundi par la voix de Charles Michel, président du Conseil européen, ses « sincères condoléances » à l’Iran après le décès du président Ebrahim Raïssi et de son ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian dans un accident d’hélicoptère.
Une méthode de gouvernance révolutionnaire à l’intérieur du pays
L’élection de Raïssi à la présidence est intervenue à un moment où l’Iran était confronté à des défis importants, notamment des difficultés économiques exacerbées par les sanctions imposées par les États-Unis et des tensions accrues avec Washington.
Sa campagne électorale était centrée sur la lutte contre la corruption et l’atténuation des difficultés économiques.
Après son entrée en fonction, il a salué la jeunesse comme l’atout le plus précieux de l’Iran et la force motrice de l’économie, s’engageant à répondre à leurs principales préoccupations, comme le chômage.
En outre, Raïssi a souligné la nécessité de remanier le système bureaucratique, de lutter contre la corruption et l’inertie bureaucratique, et s’est engagé à réduire l’inflation à un niveau à un chiffre en stimulant la production.
Il a soutenu les efforts diplomatiques visant à neutraliser l’impact des sanctions occidentales et à améliorer les conditions de vie du peuple iranien.
Fervent critique de la présence américaine dans la région et de sa politique consistant à imposer des sanctions aux nations indépendantes, Raïssi s’est engagé à ne pas perdre un seul instant pour obtenir la levée des sanctions.
Le président iranien avait déclaré que la suppression des sanctions « cruelles » serait une « obligation » pour son administration, réalisable grâce à une diplomatie économique active et une politique favorable au voisinage.
Son mandat a été marqué par de nouvelles négociations visant à sauver l’accord qui avait déraillé par l’ancien président américain Donald Trump. Mais ces efforts se sont encore une fois heurtés à un obstacle en raison de la procrastination américaine sur la levée des sanctions.
Les évolutions internationales de l’Iran sous la présidence d’Ebrahim Raïssi
Le président Raïssi a adopté une position plus ferme et pragmatique dans la politique étrangère iranienne, notamment dans les négociations avec les puissances américaines et européennes pour relancer l’accord nucléaire de 2015.
Par ailleurs, sous sa présidence, l’Iran est devenu membre à part entière de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), mais aussi des BRICS.
L’Iran s’est aussi distingué en tant qu’acteur important dans les relations avec l’Union économique eurasiatique (UEE).
La République islamique a réussi à renouer et à renforcer les relations diplomatiques avec plusieurs voisins arabes et pays africains: l’Arabie saoudite, le Koweït, l’Égypte, la Libye, le Soudan, Djibouti, les Maldives.
Autre réalisation importante, l’Iran a récupéré sa dette auprès des Anglais: 400 millions de livres sterling pour un contrat annulé en 1979 pour la livraison de chars Chieftain.
L’Iran a aussi augmenté sa production de pétrole, dépassant même le niveau d’avant les sanctions: 3,4 millions de barils par jour.
Sous la présidence de Raïssi, l’Iran a mené pour la première fois une opération d’envergure contre Israël en procédant à un tir de missiles depuis son propre territoire.
Les relations russo-iraniennes ont atteint un nouveau niveau tant en matière de coopération politico-militaire que commerciale: les échanges commerciaux entre Moscou et Téhéran ont atteint 4 milliards de dollars. En outre, un régime sans visa a été instauré entre les deux pays pour les touristes.
La disparition douloureuse du président Raïssi ne signifie donc pas la fin de la voie qu’il a tracée dans la politique intérieure et étrangère de l’Iran : son héritage sera à jamais gravé dans la mémoire du peuple iranien et des nations de la région.