Les manifestations de soutien à Gaza dans les universités internationales : un défi pour les gouvernements et les régimes en place

Francoise Riviere
8 Min Read

Le nombre de martyrs de la guerre de Gaza s’élève à près de  40 000 personnes et le nombre de blessés dépasse les 80 000, ces chiffres étant une partie de la campagne de crimes et d’atrocité menée par le régime sioniste dans la bande de Gaza. Au bout 216 jours, émaillés d’échecs militaires consécutifs, le régime israélien s’enfonce chaque jour davantage dans les marécages des crises qu’il s’est créés aussi bien à l’interne qu’à l’extérieure. En huit mois de bataille, le régime sioniste n’a réalisé  aucun de ses objectifs de guerre annoncés quitte à perdre  irréversiblement ses capacités dissuasives. Or cette défaite stratégique, c’est en s’acharnant sur les civils palestiniens que l’entité tente de la récompenser. Le ministère palestinien de la Santé a affirmé que la bande de Gaza est confrontée à une catastrophe humanitaire sans précédent tout en avertissant que l’extension des frappes à Rafah risque d’ aboutir à l’extermination de masse des palestiniens.

Sur une autre échelle, les Nations unies estiment le coût de la reconstruction de la bande de Gaza à 40 milliards de dollars et soulignent que la reconstruction des énormes et sans précédent destructions causées par l’agression prolongée du régime sioniste contre la bande de Gaza pourrait prendre 80 ans. Il s’agit d’un défi auquel la « communauté internationale » n’a jamais été confrontée depuis la Seconde Guerre mondiale :  37 millions de tonnes de gravats à déplacer, des milliers de maisons soit 72 % des bâtiments résidentiels à reconstruire et toutes les infrastructures liées à la santé, à l’éducation, à l’économie reculées d’environ 40 ans, à refaire.

Cette terrifiante campagne de rasage et d’épuration ethnique made in Israël, si elle a laissé indifférents les dirigeants politiques occidentaux qui l’appuient même, elle  a revanche fini par enflammer la jeunesse occidentale. Depuis trois semaines, les manifestations et les sit-in des étudiants des universités américaines et européennes en soutien au peuple de Gaza, ainsi que dans la condamnation des crimes d’Israël, ont atteint leur apogée, et de nombreuses universités dans divers pays ont été le théâtre de protestations qui rappellent beaucoup les manifestations anti-guerre du Vietnam aux États-Unis. Deux cents universités américaines, ainsi que certaines universités et grandes villes en France, en Angleterre, en Italie, au Canada et en Australie, se trouvent ainsi sur cette liste.

Aux États-Unis, des centaines d’étudiants et des dizaines de professeurs d’université ont été agressés et arrêtés par la police en Géorgie, en Californie, au Texas, en Pennsylvanie, à Uta entre autres tout comme en France où le mouvement de condamnation des crimes du régime sioniste et de soutien au peuple palestinien a atteint les  Sciences Po de Paris et de province. Taxés d’antisémitisme par les autorités judiciaires et violemment pris à partie par la police, les étudiants protestataires rejettent cette accusation et se disent solidaires de ces milliers de femmes et enfants palestiniens que ciblent et exterminent quotidiennement les bombardements israélo-américains. Autre motif de colère et d’indignation, les étudiants dénoncent le régime sioniste pour avoir empêché  « de manière irrationnelle l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza » et « créé des conditions où des centaines de milliers d’enfants sont confrontés à la malnutrition et à la famine ».

Mais que demandent expressément ces étudiants ? Ils demandent pas plus que leurs établissements d’enseignement lesquels  fonctionnent grâce aux droits d’inscription et autres frais scolaires que paient les étudiants, acceptent de revoir leurs investissements et leurs relations avec le régime sioniste et qu’ils mettent fin à leurs coopérations avec ce régime. De nombreux manifestants prennent aussi  pour cible les relations entre les universités américaines et l’armée du régime sioniste. Est-ce un crime que de vouloir paralyser le criminel ?

Erigés en modèle universel de démocratie, de liberté d’expression et d’opinion, les Etats Unis et les pays européens se comportent en pire régime policier face à leurs étudiants qui ne font cependant qu’exercer pacifiquement leurs droits à la liberté d’expression. Aux Etats Unis,  les médias locaux rapportent à l’heure qu’il est plus de 3000 arrestations d’étudiants, ainsi que de nombreux cas de privation ou de suspension d’étude. Dans certains États, la violence policière a aussi ciblé les professeurs d’université qui se sont vus molestés, arrêtés ou suspendus de leur fonction. Cette attitude liberticide est d’ailleurs défendue au plus haut sommet de l’administration américaine.

Joe Biden, président des États-Unis, vient ainsi de réagir  aux manifestations d’étudiants américains contre les politiques de ce pays et les crimes d’Israël à Gaza en qualifiant ces manifestations pacifique d’illégales comme si le soutien à l’entité faisait partie de la Constitution américaine.  Biden, en répétant ses arguments parfaitement infondés, a accusé les étudiants de vouloir « détruire les biens publics, et de vandalisme », une accusation discréditée  même par les médias américains.

Parallèlement au Président, la Chambre des représentants des États-Unis qu’on dit être garante de la liberté d’opinion, a de son côté adopté une résolution en faveur des Sionistes. La définition de l’antisémitisme vient ainsi d’être développée et rebaptisée en  « Coalition internationale pour la commémoration de l’Holocauste ». Or cette loi, si elle est définitivement adoptée par la Chambre des représentants, et ensuite,  par le Sénat américain et présentée au gouvernement de Joe Biden pour être promulguée en tant que loi exécutoire aux institutions éducatives et aux organes d’application de la loi, expose les dirigeants du mouvement étudiant dans les universités américaines aux poursuites judiciaires  pour antisémitisme et cela pourrait être le début de la lutte contre tout mouvement étudiant de solidarité avec la Palestine à l’avenir.

L’establishment occidental est-il sur le point de se trahir soi-même et de porter au grand jour sa vrai nature anti-démocratique auprès d’une opinion publique qu’elle a tenté d’anesthésier pendant des décennies à coup de propagande ?

En France et dans le contexte de l’intensification des manifestations anti-guerre dans les universités françaises, le gouvernement a demandé aux présidents d’université du pays d’utiliser tous leurs pouvoirs pour réprimer les manifestations de soutien à Gaza tout en maintenant l’ordre à l’intérieur des universités. Le ministre français de l’Enseignement supérieur est même allé jusqu’à rendre  chaque président des 74 universités françaises responsable du maintien de l’ordre à l’intérieur de l’université et de l’utilisation des forces de police pour assurer l’ordre et la sécurité. Il a également menacé que « les étudiants considérés comme une menace pour les autres ne seront pas autorisés à fréquenter temporairement l’université ».

En conclusion, l’onde de choc issu de la cuisante défaite  militaire d’Israël à Gaza, se fait désormais  ressentir au- delà des frontières du Moyen Orient, soit au cœur même d’un Occident où l’opinion publique que ses dirigeants croyaient « formatée », vient de prendre de court par sa capacité à se placer du bon côté de l’histoire en défiant le sionisme mondial

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