La France se tourne vers la Pologne pour sécuriser les Jeux Olympiques : Un signe de désarroi diplomatique?

Francoise Riviere
10 Min Read

La Pologne enverra des soldats en France pour assurer la sécurité lors des Jeux olympiques d’été à Paris, a annoncé le ministre polonais de la Défense nationale, Vladislav Kosiniak-Kamysz, sur le réseau social X. « Les forces armées polonaises rejoindront la coalition internationale créée par la France pour soutenir la préparation et la sécurité des Jeux olympiques d’été 2024 », a écrit Kosiniak-Kamysz.

Il a ajouté qu’un groupe opérationnel de soldats et de chiens de détection serait envoyé à Paris. Le groupe opérationnel polonais mènera des activités liées à la détection d’explosifs et à la lutte contre les phénomènes terroristes.

Les Jeux olympiques de Paris se dérouleront du 26 juillet au 11 août. Jusqu’à 20 000 militaires étaient prévus pour assurer leur sécurité. Le journal The New York Times a récemment rapporté, citant des responsables occidentaux, que l’État islamique, le responsable de l’attentat à la Crocus City Hall, a également des projets d’attaques en Europe. Les autorités françaises ont souligné qu’ils craignaient notamment pour la sécurité des participants à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques en France.

Le 28 mars, la radio Europe 1 a rapporté que la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) française avait recommandé au ministère de l’Intérieur de renoncer à la cérémonie d’ouverture des jeux en raison de la forte menace pesant sur la sécurité des participants. Ces menaces comprenaient des attaques de terroristes isolés qui pourraient foncer dans la foule en voiture ou mener des attaques armées.

Le déploiement de forces polonaises en France pour assurer la sécurité des Jeux olympiques a récemment fait la une des médias. Cela intervient alors que le président français a à plusieurs reprises évoqué la possibilité d’envoyer des troupes françaises en Ukraine pour contrer l’expansion des avancées militaires russes.

La France n’a pas non plus caché son intention en signant des accords de sécurité avec l’Ukraine et plusieurs discussions entre le président français et les autorités militaires françaises ont évoqué la possibilité d’envoyer des troupes françaises au port d’Odessa en Ukraine. Apparemment, dans les récents accords de sécurité, le président Zelensky confie à des pays occidentaux des zones spécifiques d’Ukraine pour qu’ils puissent assurer leur sécurité.

Mais quelle pourrait être la principale raison de l’insistance française à déployer des troupes en Ukraine ? La France a perdu son influence dans sa sphère francophone en Afrique au cours des derniers mois. Plusieurs pays de cette région ont connu plusieurs vagues de mouvements de libération qui ont renversé les gouvernements corrompus soutenus par la France dans ces pays.

Cependant, les principaux médias français qualifient ces mouvements révolutionnaires en Afrique de coups d’État et tentent de détourner l’attention des spectateurs de l’exploitation des ressources des pays africains francophones par la France au cours des années par des allégations selon lesquelles les dirigeants de ces mouvements sont liés à la Russie et reçoivent leur soutien financier, information et militaire.

Marine Le Pen, dirigeante du parti d’extrême droite « Rassemblement national » au Parlement français, déplore le retrait des troupes françaises et le rappel de l’ambassadeur de France du Niger, qu’elle qualifie d’échec diplomatique humiliant pour la France. Selon elle, la France aurait été chassée d’Afrique, contraignant ainsi ses représentants et ses forces armées à quitter le Niger dans des circonstances dégradantes. Elle soutient que la décision de départ du Niger n’a pas été prise par la France, mais imposée par la volonté des Africains laissant peu de choix au président Emmanuel Macron.

Les mouvements de libération en Afrique ont exprimé leur demande de départ de l’ambassadeur français et de retrait des forces françaises de leurs territoires respectifs. Face à ces revendications, la France a réaffirmé son engagement à ne reconnaître que les « autorités légitimes »de ces pays soit ceux propulsés par la France et ses réseaux en Afrique au pouvoir.

Le Niger, en tant qu’ancienne colonie française, a longtemps été un précieux bastion pour des nations occidentales au Sahel. Avec ses réserves d’uranium, essentielles pour la France, le pays où l’électricité est un denrée rare,  a contribué de manière significative à l’approvisionnement en électricité de la nation européenne. Selon les médias français, entre 15 % et 17 % de l’uranium utilisé dans la production d’électricité en France provient toujours du Niger.

Pour expliquer ses revers consécutifs en Afrique la France accuse régulièrement les responsables russes de vouloir la doubler sur le continent. Certains observateurs français qualifient ainsi les propositions de Macron de réaction à cette confrontation anti Russie. Ils estiment que les paroles du président français sont une forme de représailles pour la retraite des forces françaises d’Afrique, soulignant que cette décision a été perçue comme une défaite, alors que la coopération militaire et économique entre la Russie et les pays africains est en plein essor. Cette interprétation prétend mettre en avant la notion de vengeance de Macron comme explication principale de sa rhétorique, aux côtés des spéculations selon lesquelles Paris chercherait également à marquer des points politiques et à renforcer son leadership au sein de l’UE.

Pendant des mois, bien avant les déclarations de Macron, les relations entre la Russie et la France étaient tendues, avec Moscou adoptant une attitude clairement provocante. De surcroît, les autorités russes soutiennent depuis longtemps que le conflit en Ukraine est essentiellement une lutte entre Moscou et l’Occident, et elles s’efforcent évidemment de donner corps à cette vision. Dans ce contexte, les propos d’Emmanuel Macron sont perçus comme une prédiction, démontrant ainsi une tension croissante entre la Russie et la France.

La présence de la France dans divers pays africains depuis des siècles s’est justifiée par divers prétextes. Les crimes historiques perpétrés par la France en Algérie, notamment l’assassinat de combattants et les essais nucléaires effectués sur des civils dans certaines régions, restent gravés dans les mémoires. Malgré les efforts des citoyens de divers pays du continent pour se libérer du colonialisme français flagrant, la richesse et la position stratégique de l’Afrique étaient des réalités que les autorités françaises ne pouvaient pas ignorer.

Les importantes ressources en uranium, en or et en diamants, ainsi que la position géopolitique stratégique de nombreux pays africains, notamment ceux de la région du Sahel, ont incité la France à réaffirmer son influence sur la scène politique et économique de ces nations ces dernières décennies. Cette réaffirmation s’est accompagnée d’une révision de son approche coloniale antérieure et de l’adoption d’une nouvelle politique.

L’occupation des terres africaines sous prétexte de la lutte contre les groupes terroristes, l’endettement des pays africains par le biais de prêts à long terme, la création de bases militaires et l’affaiblissement des forces armées de divers pays africains soumises à l’endiguement systématique ainsi que l’ingérence dans les affaires africaines, représentent la politique que la France a poursuivie au fil des ans. Cette politique a abouti à une présence active et visible de la France en Afrique.

Dans le contexte actuel, où la France envisage l’envoi de soldats en Ukraine tout en cherchant à assurer la sécurité des Jeux Olympiques, une série de questions essentielles se pose quant à la cohérence de la politique étrangère du président français. D’une part, le président Macron défend ardemment la démocratie en Ukraine, mais d’autre part, il semble faire preuve d’une indulgence apparente envers les irrégularités démocratiques flagrantes dans ce pays. La continuation du mandat illégal du président Zelensky et des membres du parlement ukrainien a suscité des critiques, tandis que le maintien au pouvoir des responsables exécutifs et législatifs dans ce régime corrompu a été prolongé de manière contestée, sous le prétexte des conditions extraordinaires de la guerre.

Pourtant, une autre contradiction semble émerger alors que la France semble soutenir des groupes néonazis en Ukraine et faciliter l’envoi de mercenaires français pour combattre aux côtés de ces factions. Cette double approche soulève des interrogations quant à la cohérence et à la clarté des intentions de la France. Dans ce contexte, la dépendance de la France à l’égard de l’aide des dresseurs de chiens polonais pour assurer la sécurité des Jeux Olympiques semble révéler les compromis pragmatiques que le président français est prêt à faire pour garantir ce qu’il appelle «  sécurité nationale » mais qui n’est qu’un prélude à confronter directement la Russie.

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