Vers une nouvelle position de la France sur la question palestinienne?

Francoise Riviere
9 Min Read

Le président français Emmanuel Macron a récemment déclaré que la reconnaissance de l’État palestinien n’était plus un tabou pour Paris et  que si les efforts pour une solution à deux États étaient stoppés en raison de l’opposition d’Israël, la France pourrait agir de manière indépendante à cet égard. La reconnaissance unilatérale de la Palestine par la France sans véritables négociations ne changera pas grand-chose à la situation sur le terrain ce qui accorde aux propos du président français une portée symbolique. La question qui se pose dès lors est la suivante: pourquoi adopter un pareil discours alors même que le soutien de Paris à Israël est entier?

  • Section 1:
  • Comme le montrent clairement les réactions ces cinq derniers mois de l’Elysée à l’agression israélienne contre Gaza , Macron a toujours affirmer  “s’estimer lié” par la sécurité d’Israël qualifiant la resistance armée des Palestiniens de “terrorisme”.  Cette prise de position remet en doute  sa “préoccupation bruyamment exprimée” face aux attaques militaires et aux restrictions contre la population innocente de Gaza ou encore l’accent qu’il a mis sur la diplomatie internationale afin d’ empêcher la poursuite de la guerre. Va dans le sens de cette même ambiguïté certaines actions de l’Assemblée générale française, celle entre autre datée de 2014.
  • En 2014, les législateurs français ont en effet voté  une motion demandant au gouvernement de reconnaître la Palestine, une décision qui a eu peu d’effet sur la position de la France sur les
  •  relations Paris-Tel-Aviv. Qu’est-ce a alors poussé Macron à se mettre à avertir l’entité sioniste et à aller jusqu’à dire ceci en accueillant le roi Abdallah de Jordanie : “Nos partenaires de la région, notamment la Jordanie, travaillent sur cette question et nous coopérons également à cet égard. Nous sommes prêts à apporter notre aide dans ce domaine en Europe et au Conseil de sécurité. Reconnaître l’Etat de Palestine n’est pas un tabou.”?
  • Section 2:
  •  A vrai dire, cela fait longtemps que la France a rompu avec sa politique dite “équilibrée” face à la question palestinienne qui remonte à l’époque de De Gaulle, et qui consistait à privilégier les relations de Paris avec les pays arabes et musulmans et partant à éviter de cautionner les politiques criminelles d’Israël. La France macroniste soutient  désormais les sionistes et accompagne les Américains, et est passive dans les organisations internationales, quitte à trahir sa position de leader dans le domaine des droits de l’homme et de promotion de la paix. En effet, ce que semble chercher Paris à travers ce vrai-faux changement de cap a toujours partie liée avec ses préoccupations concernant la sécurité d’Israël. Un Israël qui se trouve au pire moment de son histoire après sa cuisante défaite militaire à Gaza.
  • Section 3:

 

Certes, l’offensive israélienne contre la bande de Gaza a fait plus de 30 000 victimes civiles palestiniennes et, malgré plusieurs tentatives de trêve, les soldats sionistes continuent de massacrer les civils en bombardant le Nord le Centre et le Sud de Gaza. Mais c’est là une façon parfaitement retorse et barbare de récompenser une large défaite militaire. A l’orée du sixième mois de conflit, l’armée sioniste, largement secondée logistiquement et militairement par ses parrains occidentaux , n’a atteint aucun de ses objectifs militaires: le Hamas continue à avoir le dessus et à faire saigner l’armée sioniste; le réseau de tunnels souterrains de la résistance est pleinement fonctionnel et enfin les prisonniers sionistes sont toujours retenus par le Hamas. Alors que les appels internationaux au cessez-le-feu se multiplient, Benjamin Netanyahu insiste pour mener des opérations militaires à Rafah, où se sont réfugiés plus de la moitié des Palestiniens de la bande de Gaza. Mais là encore, il s’agit pour lui de maquiller une colossale défaite militaire israélienne en une pseudo victoire. Dans ce contexte où l’entité israélienne risque l’implosion, où son armée est complètement désunie et son économie, en quasi faillite, n’est-ce pas que de lui tendre une perche que de proposer, comme le fait Macron, la création d’un “ État palestinien” qui soit placé sous contrôle militaire et economique d’Israël ?

  • Section 4:

 

  • À l’heure actuelle, les Palestiniens de toute cette bande ont été contraints de fuir la campagne de bombardements sauvage de l’entité qui dure depuis cinq mois et de  chercher refuge à Rafah depuis différentes zones. A titre d’ultime échappatoire, Netanyahu menace de raser Rafah. Mais cette menace qui se heurte à l’opposition même des alliés d’Israël, ne tardera, si elle est mise à l’exécution, de se retourner contre l’entité: En effet, toute offensive militaire contre Rafah et Paris le sait pertinemment,  suscitera systématiquement la riposte de tous les alliés du Hamas, à savoir le Hezbollah au Nord, Ansarallah en mer Rouge, la résistance irakienne et la Syrie en Méditerranée. C’est pour éviter une telle perspective apocalyptique emaillée de tirs des milliers de missiles en direction d’ Israël et ses colonies que la France propose la fin du conflit via une trêve qui assurera la survie d’Israël avant qu’il ne soit trop tard. Dans ses déclarations concernant le soi-disant changement de position de la France sur la guerre Israël-Gaza, Macron a souligné l’opposition de Paris à la politique de colonisation et a demandé aux autorités du régime sioniste d’autoriser les médecins et l’aide médicale à entrer dans toutes les villes et régions de la bande de Gaza. Et il a souligné que la détérioration de la situation humanitaire et l’augmentation des tensions dans la région mettent en danger la possibilité de parvenir à la paix et à la sécurité permanente pour Israël. On veut bien croire au discours droit de l’hommiste de l’Elysée mais la réalité est que la Cisjordanie échappe désormais totalement au contrôle de l’armée sioniste et qu’après le 7 octobre et la tonitruante opération du Hamas contre l’entité, pas un jour ne passe sans que la resistance cisjordanienne ne fasse saigner l’armée sioniste et ce sur les pas de Gaza.

Section 5:

  • En ce sens quand le président français réagit au bombardement de réfugiés palestiniens alors qu’ils faisaient la queue pour se nourrir et qu’ils recevaient de l’aide humanitaire, son discours à quelque chose de feint. Certes, il a annoncé que la situation à Gaza est tragique et que les civils doivent être protégés et qu’un cessez-le-feu doit être établi immédiatement pour permettre la distribution de l’aide humanitaire. Cependant, les soldats francais continuent de tuer les palestiniens aux côtés des Sionistes tandis que le soutien en armement d’Israël arrive toujours à Tel-Aviv.

 

  •  Conclusion
  • Macron feint soutenir la Palestine tout en oeuvrant pour la poursuite des crimes  d’Israël . Et ses déclarations  concernant le changement de position de la France sur le conflit Israël-Hamas ont été faites dans le but de tendre la perche à une entité en perdition.  Mais il n’y a aucune certitude que cela conduira au sauvetage d’Israël ou encore à un changement de politique du gouvernement français vis à vis de l’entité sioniste. Alors que la guerre entre dans son sixième mois, et que les Sionistes sont dans l’impossibilité de la gagner, les manoeuvres de diversion à la française pourront-elles changer la donne?
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