Frappes ciblées : Les Gardiens de la Révolution dévoilent leur jeu stratégique de Idlib à Erbil

Francoise Riviere
11 Min Read

La première étape de la réponse sévère à la tuerie du 3 janvier à Kerman ( sud d’Iran) a été entreprise par une attaque de missiles du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI) contre les centres de rassemblement des terroristes et le quartier général du Mossad à Erbil dans le Kurdistan irakien, démarche qui a prouvé une fois encore que l’Iran sait comment  faire face aux complots les plus complexes et en faire même une opportunité et surtout le fait que l’Iran ne laisse pas les coups de l’ennemi sans réponse quitte à les fait regretter.

Le CGRI ont annoncé tôt mardi matin, dans quatre communiqués séparés, la destruction du Quartier général du Mossad dans la région du Kurdistan irakien, à Erbil, troisième d’importance au Moyen Orient, ainsi que la base générale des terroristes du Parti qaidiste  du Turkistan islamique situé à Idlib en Syrie, utilisant un ensemble de 24 missiles balistiques. Ce qui a marqué la plus grande frappe balistique extraterritoriale iranienne de ces dernières années.

Selon ces communiqués, au cours de ces opérations, les lieux de rassemblement des commandants et des agents clés liés aux récentes opérations terroristes à Kerman et à Rask dans la province du Sistan-et-Baloutchistan en Iran, ont été identifiés et détruits avec le tir de missiles balistiques ciblant le Nord de l’Irak et de la Syrie.  L’attaque massive à constitué également une réponse à l’assassinat d’un haut conseiller militaire iranien et des commandants du Hamas par le régime sioniste.

Dans l’attaque contre Erbil, quatre hauts responsables du Mossad, placés depuis longtemps  sous la surveillance des renseignements de la Résistance, ont été liquidés, tandis que  dans l’attaque de missiles visant Idlib, les réseaux  qaidistes trafiquant des terroristes vers l’Afghanistan et de là vers l’Iran ont été éliminés. Le QG du Mossad se trouvait dans une villa-fortifiée appartenant à « Pishro Dizayi », homme d’affaire et principaux trafiquant du pétrole irakien vers Israël.  L’intéressé a également eu des liens étroits avec le Mossad et était propriétaire du groupe « Empire and Falcon ».

A Idlib, les terroristes du parti du Turkistan dont le QG a été visé et pulvérisé sous les coups des missiles iraniens, alimentent Daech de Khorasan, ce groupe terroriste qui a déjà commis plusieurs attentats sur le territoire iraniens. Aussi ont été détruits les centres logistiques et éducatifs de ces derniers à Idlib en Syrie, à une distance de 1200 kilomètres de la base de lancement des missiles, située dans le sud de l’Iran. Sur la nature des missiles employés, les sources iraniennes ont avancé le nom de Kheibar Shekan  missile tactique de haute précision et à tête détachable dont la portée est de 1450 km.

Des analystes ont relevé la simultanéité de l’attaque combinée de l’Iran contre le Mossad et la base des terroristes liés au MI6 britannique à Idlib avec plusieurs autres « incidents » : la frappe au missile de croisière yéménite, une première, sur le navire américain Gibraltar Eagle dans le golfe d’Aden ; l’attaque de la résistance libanaise contre la méga base aérienne militaire israélienne en Galilée ;  la fusillade tendue contre les garde-frontières sionistes à la frontière des territoires occupés avec l’Égypte. Ces attaques croisées transmettent un message clair aux Sionistes  dans la tourmente des développements régionaux en Asie de l’Ouest après l’opération «  Tempête d’Al-Aqsa ». Le Moyen Orient est au seuil d’un conflit étendu et à part entière.

 

L’engagement direct de l’Iran dans l’équation de la dissuasion est important car au cours des dernières semaines, cette perception s’était formée du côté américain que Téhéran, en raison de certaines considérations, ne sortirait pas de la phase politique et diplomatique dans la situation actuelle de la région et n’interviendrait en aucune circonstance. Or l’opération militaire de l’Iran a prouvé que la main de Téhéran n’est pas ligotée et que l’Iran est parfaitement apte à toute action  militaire directe contre les cibles israéliennes où qu’elles se trouvent. Ces cibles pourraient aussi être «  américaine » si les États-Unis poussent les bouchons encore plus loin.

Il est évident que les frappes aéronavales de l’axe Londres/ Washington contre le Yémen n’a  autre impact que de compliquer davantage la donne et ne fait qu’aggraver les tensions déjà très vives dans la région. Même aux États-Unis, la guerre contre le Yémen, sorti victorieux  de huit ans de guerre contre Riyad et ses alliés occidentaux, a été évaluée comme l’une des pires erreurs stratégiques jamais commise par l’administration Biden et continue de soulever de nombreuses questions. En effet, les Etats -Unis donnent l’impression de tomber dans un piège à double fermeture.

En octobre soit au début de la guerre à Gaza, les États-Unis semblaient vouloir éviter d’être entrainés dans une guerre à grande échelle ce qui s’était manifesté dès les premières prises de positions des responsables américains, qui indiquaient qu’il n’y avait aucune preuve d’une «  quelconque implication iranienne dans les opérations du Hamas contre Israël ».  Allaient dans le même sens les positions ultérieures de l’équipe de politique étrangère de Biden refusant  une extension de la guerre. En fait, tous les efforts continus d’Antony Blinken, le secrétaire d’État américain, au cours de ses quatre tournées régionales, étaient axés sur cette idée.

Cependant, la stratégie de la Maison Blanche souffrait d’un gros contraste ; Washington n’étant pas en faveur de l’ouverture d’un autre front impliquerait directement le régime sioniste. L’action militaire américaine au Yémen résulte de cette réalité selon laquelle la stratégie de la Maison Blanche est devenue complètement incohérente au cours des 100 derniers jours. L’administration Biden a affiché en trois mois de guerre à Gaza une politique ambiguë ; d’un côté, elle a laissé le cabinet de guerre israélien poursuivre ses massacres et génocide envers le peuple de Gaza, et d’un autre côté,  elle a empêché le règlement politique du conflit en assistant sur une totale absurdité à savoir «  le droit d’Israël à l’autodéfense ».

Le département américain des Affaires étrangères a envoyé de nombreux messages aux Iraniens et aux autres membres de la résistance islamique tels que le Hezbollah au Liban, utilisant la diplomatie « backchannel », avec le message suivant : Washington n’a pas l’intention de créer des conflits et qu’il est nécessaire de ne pas étendre la guerre de Gaza à d’autres fronts. En réalité, tout effort incessant d’Antony Blinken, le secrétaire d’État américain, a consisté à faire le contraire et à chercher une marge de sécurité pour Israël afin qu’il puisse commettre impunément ses crimes à Gaza.

Dans ces circonstances, contrairement à ce que le Pentagone projetait à savoir attaquer la Résistance irakienne et yéménite pour imposer une forme de dissuasion à l’axe de la résistance, les développements régionaux des jours suivants ont montré que les États-Unis se sont laissés piéger d’un mauvais calcul. L’action militaire de l’administration Biden a échoué à imposer sa « dissuasion » à la résistance, et il n’a pas pu non plus dissuader l’armée yéménite dans sa stratégie en mer Rouge et à Bab el-Mandeb ni la Résistance irakienne qui compte à son actif plus de 200 attaques contre les bases US en Syrie et en Irak depuis le 18 octobre. Tout ce qu’il a réussi a été de pousser l’axe de la résistance à pointer son arme non seulement contre Israël mais aussi contre les États-Unis.

L’attaque de missiles par les forces armées iraniennes, alors que le quart des militaires sionistes quittent Gaza et que le ministre de la Guerre d’Israël parle de la fin de la guerre dans le nord de la bande de Gaza, est suffisamment significative. Les message de Téhéran sont clairs:

Primo, l’entrée de l’Iran en tant que « force majeure » dans les événements régionaux change complètement l’équation. l’opération de missiles de l’Iran contre des cibles liées au Mossad, à Daech et à d’autres groupes terroristes en Irak et en Syrie, les mettent en garde contre le fait que si ces parties coopèrent avec Israël contre les intérêts et la sécurité de l’Iran, Téhéran n’hésitera à prendre des mesures, même militaires, contre eux. Même si les conséquences de cette action touchent également ses voisins.

Ensuite, le destinataire du deuxième message est les États-Unis. Un message déclarant que si les tensions augmentent, l’Iran n’a aucune crainte à prendre une action militaire directe.

Et le destinataire du troisième message est le régime israélien. Un message déclarant que bien que l’Iran soit prêt à des réponses indirectes contre le régime sioniste, si Israël, en utilisant une stratégie de la zone grise, cherche à s’échapper vers un environnement sécuritaire où il se sent plus puissant et agit contre l’Iran, augmentant ainsi le niveau de tension, alors Téhéran n’aura aucun doute à frapper directement le régime sioniste.

 

 

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