Comment le blocus maritime paralyse-t-il l’économie israélienne ?

Francoise Riviere
8 Min Read

La suspension des activités des géants mondiaux du transport maritime en mer Rouge montre que les forces yéménites ont réussi à tenir leur promesse de vengeance contre Israël dont les crimes contre la population sans défense de Gaza n’ont pas de fin. En revanche, le programme de blocus maritime a réduit de plus de moitié le transport de conteneurs israéliens ou en partance pour Israël, effectuant ainsi l’économie des alliés européens d’Israël.
À des milliers de kilomètres de Gaza, dans les eaux de la mer Rouge, se produisent des événements qui pourraient élargir l’impact du conflit entre Israël et Gaza. Ces événements ont le potentiel d’étendre les répercussions de cette guerre pour l’heure confinée dans la bande de Gaza à l’échelle mondiale, et influencer l’économie mondiale.
Selon l’hebdomadaire The Economist, en seulement deux jours entre les 15 et l17 décembre, quatre géants mondiaux du transport maritime, ont suspendu leurs activités en mer Rouge, ce qui représente 53 % du transport mondial de conteneurs et depuis la liste continue
La fermeture prolongée du canal de Suez entraînera un détour du trafic maritime vers l’Afrique, ce qui augmentera les coûts du commerce en raison des primes d’assurance élevées et à long terme. En 2021, l’échouement du navire “Ever Given” a aggravé la crise mondiale de la chaîne d’approvisionnement après la pandémie de COVID-19, qui a été précédée par un blocage de six jours du canal de Suez. Si ces conditions persistent dans cette mer, par où transite un tiers de l’approvisionnement mondial en pétrole, le prix mondial augmentera de manière significative.
Alors la voie alternative de navigation augmente le temps nécessaire à ces navires pour atteindre leur destination de 17 à 22 jours, et entraîne une augmentation des coûts de transport et du prix des marchandises. Même certaines transactions et échanges commerciaux en Israël seront reportés ou annulés.
Le Danois Maersk, l’Allemand Hapag-Lloyd, le Français CMA CGM et l’Italo-Suisse MSC, ont annoncé, vendredi et samedi, suspendre le passage de leurs navires en mer Rouge, une route commerciale majeure, choisissant de détourner leurs navires via la route plus longue et plus détournée autour du Cap de Bonne-Espérance pour protéger leurs navires et leurs équipages.
Cette décision fait suite à une série d’attaques récentes menées par les forces de résistance yéménites Ansarallah, qui ont ciblé des navires soupçonnés d’être palestiniens afin de créer un frein à la campagne d’atrocités commises contre Gaza. Les frappes d’Ansarallah touchent aussi et régulièrement le port stratégique du sud de l’entité, Eilat.
Lors de l’un des derniers incidents le plus récent, le MSC Platinum III, un porte-conteneurs sous-affrété par Messina Line, a été attaqué le 15 décembre et subi de graves dommages et a fini par être mis hors service. La campagne d’attaques navales yéménite, depuis une vingtaine de jours qu’elle a été déclenchée, a réduit à néant le champ de manœuvre des navires israéliens qui entendent passer par le détroit de Bab al-Mandab, en mer Rouge. Les forces d’Ansarallah, « ont mené une opération militaire contre deux porte-conteneurs, MSC Alanya et MSC Palatium III, qui se dirigeaient vers l’entité israélienne », a affirmé leur porte-parole militaire, Yehya Sari, lors d’une manifestation de soutien aux Palestiniens organisée à Sanaa, la capitale du Yémen.
Les navires ont été visés par deux missiles « après que leur équipages (ont) refusé de répondre aux appels des forces navales yéménites ainsi qu’aux messages d’avertissement » a-t-il ajouté.
Selon des statistiques, la valeur des exportations israéliennes l’année dernière s’élevait à plus de 166 milliards de dollars et a augmenté d’environ 10 % par rapport à 2021. 38 % des produits israéliens ont été exportés vers l’Europe, 35 % vers l’Amérique, 24 % vers l’Asie et le reste vers l’Afrique et l’Ukraine. Les exportations de produits israéliens vers les États-Unis en 2022 ont augmenté d’environ 19 % vers l’Angleterre, de 113 % vers le Brésil, de 90 % vers l’Inde, de 17 % vers la Turquie par rapport à 2021. Les données économiques mettent l’accent sur l’importance vitale de rôle des ports dans le commerce israélien. Alors, les actions des forces de résistance yéménites affectent gravement l’économie israélienne.
Des données de l’Organisation maritime et portuaire du ministère des Transports du régime sioniste, confirme qu’en 2022, les ports israéliens ont déchargé 40,6 millions de tonnes de marchandises et que 18,2 millions de tonnes de marchandises ont été exportées des territoires occupés vers des pays étrangers. Selon la publication américaine Axios, le mouvement des navires vers le port d’Eilat a été presque totalement arrêté en raison des récents attaques.
Le détroit de Bab el-Mandeb, où se perpétuent les attaques, est situé juste avant le canal de Suez, par où transitent près de 12% du commerce maritime mondial. Il constitue aussi un point de passage stratégique pour le passage des hydrocarbures, notamment en provenance du golfe Persique. On estime que 30 % du trafic mondial de porte-conteneurs s’effectue par cette route.
Or cette zone est désormais une zone interdite d’accès au régime sioniste. Dans un communiqué publié début décembre, Ansarallah a également déclaré que ses forces “empêcheraient le passage des navires se dirigeant vers l’entité sioniste” si les habitants du territoire palestinien, bombardé par Israël depuis deux mois, ne recevaient pas d’aide humanitaire, comme de la nourriture et des médicaments.
Le général Yahya Sari a déclaré de son côté que les attaques de l’armée yéménite contre les navires israéliens en direction des territoires palestiniens occupés se poursuivront tant que l’aide humanitaire n’aura pas été acheminée à la population de Gaza.
Sur quelle faiblesse israélienne a mis le doigt Ansarallah? Les forces de la résistance yéménite ont réussi à identifier correctement la faiblesse économique d’Israël, c’est-à-dire la forte dépendance du commerce au transport maritime, et à paralyser son économie avec le blocus maritime de ce régime.
Gideon Gulbar, le directeur exécutif du port d’Eilat, confirme ce fait lui qui a déclaré que le port d’Eilat avait été paralysé au niveau commercial, et les navires n’entrent plus dans ce port. A l’orée du quatrième mois de la guerre la stratégie dite «  Unité des fronts » de l’axe de la Résistance étend son action de la Méditerranée à la mer Rouge.

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