Ce n’est pas la première fois dans l’histoire que des négociations liées à un conflit sont chapeautées par des pays extérieurs au conflit. Concernant, la guerre ukrainienne, la France à plusieurs reprises a appelé la Chine à jouer un rôle de médiation pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Pour la France, la Chine doit utiliser ses relations avec la Russie pour lui faire comprendre qu’ « elle est dans une impasse en Ukraine ». Mais la Chine en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU va-t-elle répondre au demande de la France de faire pression sur Moscou pour faire cesser la guerre en Ukraine ? Est-ce qu’elle a participé, jusqu’au jour d’hui, aux négociations de paix reliées à la guerre en Ukraine et si oui quels sont les impacts de ces négociations ? La Chine pourrait-elle vraiment jouer un rôle de médiation ?
Ce n’est pas la première fois que la communauté internationale, à l’instar de la France, pousse la Chine à prendre ses distances avec la Russie. Lors du compte rendu du Conseil des ministres en France, la ministre française des Affaires étrangères a déclaré que la Chine doit «demander [à la Russie] de revenir à la raison pour un retour à la paix et non la continuation de la guerre». Elle a critiqué l’attitude de la Chine dans la guerre ukrainienne et souligné que la neutralité de la Chine revient à se mettre du côté de « l’agresseur ». « Nous attendons de la Chine qu’elle participe à la défense des principes qui fondent l’ordre international» avait-elle ajouté. Pour l’UE, la Chine doit tout faire pour « convaincre la Russie » de mettre fin à sa « guerre d’agression contre l’Ukraine » et assurer la sécurité alimentaire mondiale. La Russie avait mis fin à un accord qui régissait l’ouverture d’un corridor humanitaire maritime en mer Noire pour l’export de céréales ukrainiennes, notamment vers les pays en voie de développement. Auparavant, Emmanuel Macron avait demandé également à son homologue chinois de faire des pourparlers de paix le plus vite possible pour mettre fin au conflit en Ukraine.
En effet, la Chine n’a jamais fait mystère de son soutien – du moins latent – à la Russie. Elle refuse de s’associer aux sanctions économiques internationales et affirme entretenir une coopération économique normale avec la Russie. À propos d’une éventuelle livraison d’armes par la Chine à la Russie, la France cherche à travers la Chine de trouver un chemin de sortie de crise à moyen terme et de convaincre Pékin de ne pas basculer totalement dans le camp de la Russie en lui fournissant des armes. Pourtant le soutien de la Chine envers la Russie a d’autre raison. Ces deux pays sont des alliés stratégiques déterminés à résister à un hégémonisme américain. On pourrait même affirmer que l’objectif des Chinois est un changement systématique de l’ordre mondial centré sur la Chine.
D’autre part, la France cherchant un meilleur accès au marché chinois et des conditions équitables de concurrence, a des relations économiques financières de haut niveau avec la Chine. Il existe une coopération multilatérale, notamment sur les enjeux d’industrie verte, la transition énergétique, un des défis planétaires sur lesquels Paris juge indispensable d’avancer avec Pékin. Ces deux pays ont les échanges universitaires, culturels et scientifiques. Quant à Pékin, il voit en France un allié de premier rang au sein de l’Union européenne, exhortant l’Hexagone à tout faire pour « adoucir le ton » des échanges entre la Chine et l’UE. Lors d’un discours devant la communauté française, Emmanuel Macron avait estimé que l’Europe ne devait pas se “séparer” de la Chine sur le plan économique. L’Europe doit continuer “d’avoir une relation commerciale avec la Chine” et “Il ne faut pas nous désassocier”, avait-il plaidé, mais “s’engager avec volontarisme pour continuer d’avoir une relation commerciale avec la Chine”. Alors, à la faveur des relations étroites commerciales franco-chinoises que la communauté européenne espère la Chine répond à l’appel de la France de trouver une solution à stopper le conflit uranien.
La Chine en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, lors du premier anniversaire de la guerre ukrainienne mettant en avant une volonté de “paix et de dialogue” et affirmant que les pressions et sanctions ne fonctionnaient pas pour résoudre les litiges entre Etats, avait présenté un “plan pour la paix”, il s’agit d’un document composé de 12 points. Un catalogue de bonnes intentions : intitulé « Position de la Chine sur le règlement politique de la crise ukrainienne », le plan de paix de Pékin appelle d’entrée de jeu au respect de « la souveraineté, [de] l’indépendance et [de] l’intégrité territoriale de tous les pays » et invite les parties impliquées à « soutenir la Russie et l’Ukraine pour travailler dans la même direction et reprendre le dialogue direct aussi vite que possible ». Ce plan pourrait-il vraiment stopper la guerre ? Selon des experts, la Chine pratique elle-même l’ambiguïté en disant que c’est la position de la Chine pour un règlement de la crise ukrainienne et elle émet des options pour ce qu’ils imaginent être un règlement politique d’une crise. Ils l’appellent une crise et non pas une guerre. En Fait, c’est une déclaration de principes qui correspond aux options de politique étrangère de la Chine. Ce n’est pas un plan de paix qui prend à bras-le-corps le problème, en disant : ‘il y a une guerre, il y a des affrontements, il y a des positions et nous proposons ceci et cela’, non. Il y a une déclaration de grands principes où la Chine se met au-dessus de la mêlée en distribuant les bons et les mauvais points des deux côtés.
En outre, les Européens considèrent le plan de paix de la Chine très vague et très théorique qui insiste sur des principes contradictoires, comme le respect de l’intégrité territoriale des Etats, et donc de l’Ukraine, et la défense des intérêts diplomatiques et sécuritaires de la Russie. Si la Chine se dit officiellement neutre, elle n’a jamais condamné l’offensive russe.
Pour la Russie, l’effort de la Chine pour intervenir comme médiation pour mettre fin à la guerre en Ukraine est futile. Lors de la visite en Chine d’Emmanuel Macron qui a appelé la Chine à “ramener la Russie à la raison”, Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin a estimé : « Bien sûr que la Chine dispose d’un potentiel formidable et efficace s’agissant de ses services de médiation ». “Mais la situation avec l’Ukraine est complexe, il n’y a pas de perspective de règlement politique”, a déclaré Dmitri Peskov. “Et, pour le moment, nous n’avons pas d’autre solution que de continuer l’opération militaire spéciale”, a-t-il ajouté, utilisant l’euphémisme des autorités russes pour décrire l’offensive en Ukraine.
En fin, on pourrait dire que la Chine a une stratégie de défense de ses intérêts. « Diviser pour régner » est la méthode occidentale appliquée pour dominer le reste du monde.