Gaza et la Doctrine Dahiya : pourquoi Tel-Aviv tue-t-il des enfants ?

Francoise Riviere
6 Min Read
People salvage belongings amid the rubble of damaged buildings following strikes on Rafah in the southern Gaza Strip, on November 12, 2023, as battles between Israel and the Palestinian Hamas movement continue. More than 10,000 people have been killed in relentless Israeli bombardment of the Gaza Strip, according to the Hamas-run health ministry, since the war erupted last month after Palestinian militants raided southern Israel on October 7 killing at least 1200 people. (Photo by Mohammed ABED / AFP) (Photo by MOHAMMED ABED/AFP via Getty Images)

Ben Gourion, le premier chef de gouvernement du régime sioniste, avait clairement admis que l’échec de la dissuasion israélienne équivalait à la mort d’Israël. Après la guerre de 33 jours, le régime israélien, incapable de vaincre les forces de résistance, a défini la dissuasion sous forme d’une stratégie appelée “Doctrine Dahiya à Gaza”.

Plus d’un demi-million de militaires israéliens ont été mobilisés dans la Doctrine Dahiya à Gaza. Plus de 18 000 tonnes de bombes (1,5 fois supérieur au bombardement atomique d’Hiroshima) ont été larguées par les bombardiers israéliens sur la population de Gaza, 200 000 bâtiments ont été aveuglément ciblés, 32 500 habitations ont entièrement détruites, 12 des 15 hôpitaux de Gaza ont été mis hors service, près de 4 000 enfants sont tombés en martyr à Gaza, mais le régime israélien n’a pas réussi à s’emparer de la bande de Gaza depuis près de 30 jours, dont la superficie est la moitié de la ville de Téhéran.

Cette impuissance montre que le régime est complètement aveugle sur le champ de bataille et qu’il tue des enfants uniquement en s’appuyant sur l’armée des États-Unis et de l’OTAN. Mais cet infanticide et ce massacre des gens ordinaires reposent sur une stratégie formulée par l’entité israélienne.

Le principe fondamental de la politique militaire israélienne repose sur la «dissuasion ». Ben Gourion, le premier chef de gouvernement du régime sioniste, avait explicitement reconnu que l’échec de la dissuasion israélienne équivalait à la mort d’Israël. Après la guerre de 33 jours, le régime de Tel-Aviv, du fait de son incapacité à vaincre les forces de résistance, ce régime a défini la dissuasion sous forme d’une stratégie appelée Doctrine Dahiya.

Cette doctrine militaire a été formulée par le général israélien Gadi Eizenkot qui se rapporte au contexte de guerre asymétrique en milieu urbain, et prône un usage de la force « disproportionné » au cours de représailles contre des zones civiles, dans un prétendu but de dissuasion. Il s’agit, en dépit du principe de base du droit de la guerre, de ne plus faire de distinction entre cibles civiles et militaires.

Cette doctrine porte le nom de Dahieh Janoubyé, un quartier d’habitations de Beyrouth où vit près d’un tiers de la population libanaise. Cette zone est connue comme la base de la résistance.

Lors de l’attaque de l’armée sioniste contre le Liban en 2006, on pensait que Seyyed Hassan Nasrallah vivait à Dahiya. En conséquence, l’armée de l’air du régime a bombardé aveuglément des zones importantes de cette région. A l’instar de ce que fait aujourd’hui l’armée sioniste à Gaza, elle l’a fait contre Dahiya pendant la guerre de 33 jours.

En 2008, après la défaite du régime lors de la guerre de 33 jours, le général Eizenkot, dans une interview accordée au journal Yediot Aharanot, s’est livré à des fanfaronnades étranges contre le Hezbollah libanais. «Lors de la prochaine guerre, nous ne prendrons pas la peine d’intercepter des dizaines de milliers de missiles. Le sang de nos soldats ne sera pas versé pour s’emparer des positions et des fortifications du Hezbollah, mais nous détruirons le Liban et les protestations mondiales ne nous dissuaderont pas non plus », avait-il alors lancé.

Cette stratégie signifie que les gens ordinaires doivent payer le prix de la guerre afin que chacun d’entre eux soit affligé et désemparé par la destruction de sa vie quotidienne et le deuil de ses proches. Pour le régime israélien, l’affliction de la population la pousserait à tenir tête à ses dirigeants.

Aujourd’hui, l’armée sioniste applique la même Doctrine Dahiya à Gaza. Il endeuille les familles en tuant leurs proches, attaque les hôpitaux, coupe l’eau pour obliger les gens ordinaires à capituler, afin que le peuple s’oppose aux forces de résistance qui luttent contre les agresseurs et les occupants des foyers de ces mêmes personnes.

Mais le bombardement de Gaza en 2023 aura autant de succès que celui de Dahiya en 2006. La destruction des installations de Gaza ne créera aucune dissuasion pour le régime. Aujourd’hui, le régime sioniste, malgré toutes ses fanfaronnades, ne fait que regarder en spectateur la mort de ses soldats et de ses généraux périr sur le front nord face au Hezbollah libanais. En effet, il n’a pas le courage d’étendre le conflit en une guerre à grande échelle sur le front nord des territoires occupés.

Le régime sait bien qu’en cas de guerre contre le Hezbollah et de mise en œuvre de la stratégie de bombardements massifs des citoyens ordinaires, le Hezbollah sera en mesure de renverser la donne. Pour ne citer qu’un exemple, il pourra détruire d’un seul coup les installations de stockage d’ammoniac de 12 000 tonnes à Haïfa, ce qui entraînerait la mort de centaines de milliers de sionistes. Le coup que le Hezbollah a reçu à Dahiya en 2006 ne l’a pas tué, mais l’a rendu plus fort. Aujourd’hui, Israël répète la même erreur dans les territoires occupés.

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