Pourquoi Israël a-t-il été pris au dépourvu par l’attaque récente du Hamas ? L’étonnante tournure des événements face à une offensive majeure du Hamas est largement imputée au gouvernement de Netanyahou, qui, avec le relâchement du conflit, pourrait voir la fin de son règne.
Au sein des doctrines de sécurité israéliennes concernant la bande de Gaza, la notion prédominante était que les actions et attaques du Hamas et du Jihad Islamique ne se produiraient pas nécessairement de manière conventionnelle par voies terrestre, maritime et aérienne, mais principalement à travers des tunnels souterrains. En plus de la découverte et de la destruction d’une partie importante du réseau de tunnels à Gaza, les hautes barrières ceinturant la région, avec leurs fondations profondes, avaient conduit à la conviction que la voie d’infiltration du Hamas et du Jihad Islamique vers Israël était bloquée.
Ces clôtures, complétées par des zones tampons interdites d’accès, étaient équipées de divers dispositifs électroniques de surveillance et de contrôle frontalier. La présence constante de drones israéliens au-dessus de Gaza et la surveillance étroite des communications téléphoniques et Internet semblaient inculquer, aux niveaux gouvernemental et sécuritaire, la conviction que Gaza (et la Cisjordanie) étaient sous contrôle. Même en cas d’avancées dans les capacités des missiles et des roquettes palestiniennes, elles seraient contenues par l’efficacité du “Dôme de fer”.
Dans un tel contexte, une attaque terrestre et maritime semblait hautement improbable, donnant l’impression que la question palestinienne était définitivement réglée et que toute discussion de droits pour les Palestiniens était sans objet. Le blocus et les sanctions visaient également à interdire l’introduction à Gaza de toute substance pouvant servir à fabriquer des armes. Pourtant, des indices suggèrent que des défaillances dans le partage du renseignement entre agences ont nui à la préparation pour détecter et endiguer les préparatifs du Hamas et du Jihad Islamique.
L’instabilité gouvernementale de ces quatre à cinq dernières années, ainsi que les querelles et divisions sans précédent cette année autour des politiques extrémistes du gouvernement, notamment les manifestations, les grèves et la désobéissance au sein de l’armée et des services de renseignement, ont également contribué à ces défaillances.
La stupeur causée par la soudaineté et l’ampleur de cette offensive planifiée par le Hamas et le Jihad Islamique, combinée aux lourdes pertes humaines, aux captifs israéliens et à l’érosion de l’image d’invincibilité d’Israël, a créé une situation où le gouvernement Netanyahou et la classe politique sont sous pression de l’opinion publique.
Les représailles israéliennes ont commencé par des bombardements aériens et un siège hermétique de Gaza, avec coupures d’eau, d’électricité, de gaz et de carburants. Lors de ses précédents conflits avec le Hamas et le Jihad Islamique depuis 2008, Israël avait annoncé son intention d’une offensive terrestre sans la concrétiser en raison des difficultés d’une guerre urbaine aux dégâts considérables. Outre les risques d’enlisement et de résistance tenace, le grand nombre d’otages israéliens aux mains du Hamas et du Jihad Islamique, ainsi que la possibilité de représailles sanglantes, sont des poids lourds.
De plus, l’affaiblissement de Netanyahu pourrait signifier la fin de son gouvernement lorsque les combats cesseront.
La tournure surprenante des événements a révélé les vulnérabilités de l’appareil de sécurité d’Israël, en particulier à la lumière de l’instabilité gouvernementale en Israël.