Une puissante vague de résistance déferle sur Al-Aqsa face à l’accord d’Abraham.

Francoise Riviere
8 Min Read

L’ampleur de l’opération surprise de la Tempête d’Al-Aqsa n’est pas sans rappeler l’attaque historique menée par l’Égypte et la Syrie contre Israël lors la guerre du Kippour en octobre 1973.

Selon des informations publiées dans les médias anglais et israéliens, plus de 600 sionistes ont été tués et près de 2 040 blessés lors des deux premiers jours de l’opération de Tempête d’Al-Aqsa. 44 d’entre eux sont des militaires de l’armée israélienne. De l’autre côté, et pendant cette période plus de 527 Palestiniens ont été tués en martyr et près de 2 000 blessés. Dans cette situation, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour échapper à la pression de l’opinion publique, a accepté la proposition de Lapid-Gantz de tenir un cabinet d’urgence où il a parlé de la destruction de la bande de Gaza. Certains experts estiment que l’objectif principal de cette opération surprise est de clouer au sol les pays arabes du golfe Persique dans leurs tentatives d’achever le processus de normalisation des relations avec le régime sioniste.

La tempête Al-Aqsa a-t-elle réduit les chances de normalisation entre Riyad et Tel-Aviv?

Aux premières heures de la bataille « la Tempête d’Al-Aqsa », deux opinions principales se sont formées concernant l’impact de la guerre sur l’avenir de la normalisation des relations entre le Royaume d’Arabie saoudite et le régime sioniste. Le premier groupe estime qu’étant donné le nombre élevé de morts du régime sioniste, le cabinet de droite de ce régime attaquera la bande de Gaza de toutes ses forces et déclenchera un bain de sang. En raison de la prolongation des combats et l’augmentation du nombre de morts civils palestiniens, Riyad ne parviendra pas, à court terme, à convaincre l’opinion publique intérieure et le monde islamique en faveur d’une paix avec Tel-Aviv. En d’autres termes, le coût politique de cette action sera très élevé et la solution de « deux Etats » ne sera plus une initiative attrayante pour établir une paix durable entre le régime sioniste et les Palestiniens.

Le deuxième groupe, faisant référence à l’entrée de l’opposition dans le gouvernement et au possible départ d’éléments extrémistes tels que Ben Gvir et Smotrich du cabinet, met en avant une chance élevée de paix entre Riyad et Tel-Aviv. Aux yeux de ces analystes, l’un des obstacles à la formation de la paix saoudo-israélienne est la présence de figures de droite dans le cabinet Netanyahu. Or, le Premier ministre du régime pourrait désormais obtenir 68 sièges grâce au cabinet d’urgence et modifier la composition du gouvernement. Cependant, il semble qu’il soit encore trop tôt pour juger de cette éventualité et il faudrait attendre les développements en cours dans la région avant d’en tirer les conclusions.

Le chemin difficile de Mohammad Ben Salmane

« En tout état de cause, l’Arabie saoudite n’arrêtera pas le processus de normalisation des relations avec Israël, même si les Israéliens ne sont pas disposés à faire des concessions à la partie palestinienne ! ». Cette analyse de Reuters illustre l’accélération du processus de paix Riyad-Tel-Aviv au cours des derniers mois du mandat de Joe Biden. Avant le début du nouveau cycle d’opérations de résistance dans les territoires occupés, l’Arabie Saoudite préparait le terrain pour la normalisation des relations avec Tel-Aviv en accueillant « Hayyem Katz » et «Shlomo Karai », respectivement ministres du Tourisme et des Communications du Régime sioniste. Parallèlement, les commandants et responsables de la sécurité saoudiens et la Maison Blanche négociaient un accord de sécurité sur la base duquel les États-Unis s’engageraient à protéger les intérêts de Riyad sur le territoire saoudien et dans tout le Moyen-Orient.

Aujourd’hui, étant donné la reprise de la guerre dans la bande de Gaza et la possibilité d’ouverture de nouveaux fronts dans le sud du Liban ou dans le Golan occupé, le ministère saoudien des Affaires étrangères a été contraint de publier une déclaration contre le régime sioniste. Dans son communiqué, il exige la protection des civils palestiniens lors des attaques brutales de l’armée israélienne. La façon dont les médias proches de Riyad, comme Al-Arabiya, ont abordé les évènements, fait également état du soutien saoudien à la résistance palestinienne. Ce changement de tendance montre que de hauts responsables saoudiens se trouvent sous pression de l’opinion publique du monde musulman.

Certains analystes estiment que les événements actuels dans les territoires occupés ont un autre aspect et pourraient accroître le pouvoir de négociation de l’Arabie saoudite pour obtenir des concessions de la part des Israéliens. Par exemple, l’Arabie Saoudite pourrait, vu l’opposition grandissante des Musulmans, exiger l’obtention du droit d’enrichissement sans supervision américaine. Aujourd’hui, Mohammed ben Salmane est sur le point de prendre une décision difficile concernant le processus de paix avec le régime sioniste. Si « MBS » entend arracher à court terme, d’ici janvier 2024,  des concessions au tandem Washington-Tel-Aviv, au mépris des droits du peuple palestinien, il devrait alors se préparer à la colère des nations arabes et à la dégradation de l’image de ce pays auprès de l’opinion publique des pays islamiques. Ce « pari dangereux » pourrait même enflammer l’atmosphère interne de l’Arabie saoudite et modifier la position du prince héritier dans le royaume.

L’attaque menée par un policier égyptien contre un bus de touristes israéliens à Alexandrie et le meurtre de deux sionistes traduisent la profondeur de la haine des musulmans envers le régime sioniste. Selon les statistiques publiées par les centres de sondage d’opinion, plus de 80 % des pays arabes éprouvent le même sentiment à l’égard du régime sioniste. Or, après cette opération historique, ce nombre semble avoir considérablement augmenté. Dans une telle situation, préparer la normalisation des relations avec Israël en ignorant les crimes israéliens dans la bande de Gaza et en Cisjordanie sera lourd de conséquences pour la politique étrangère saoudienne. La poursuite de ce processus, tout en réduisant la légitimité de Riyad dans le monde sunnite, renforcera des pays comme la Turquie et le Qatar, qui se présentent, dans les médias, comme des partisans du peuple palestinien. Reste à savoir si le processus des développements en cours au Moyen-Orient arabe augmentera la possibilité, pour Riyad, de rejoindre «  les accords d’Abraham » dans les jours et les mois à venir.

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