Lutter contre le terrorisme, un prétexte qui sous-tend le pillage des ressources extractives

Francoise Riviere
9 Min Read
Lutter contre le terrorisme, un prétexte qui sous-tend le pillage des ressources extractives

L’Afrique, d’une superficie d’environ 30,3 million de kilomètres carrés, est de loin le continent le mieux loti en termes de richesses naturelles. C’est le sous-sol du continent africain qui regorge de plus de richesses comparé à  tous les autres continents réunis. L’Afrique possède à elle seule plus de 60 types de minerais différents, totalisant ainsi un tiers des réserves minérales mondiales, tous minerais confondus. A titre d’exemple, elle est dotée de 90 pour cent des réserves de platinoïdes ; 80 pour cent de coltan ; 60 pour cent de cobalt ; 70 pour cent du tantale, 46 pour cent des réserves de diamant ; 40 pour cent des réserves aurifères et 10 pour cent des réserves pétrolières et on en passe.

Le sous-sol africain renferme également de ressources énergétiques très variées, réparties dans des zones distinctes. Cependant, ce géant énergétique du point de vue de ressources, ne consomme qu’une part infime de la production d’électricité mondiale. La population africaine équivaut à environ 17 pour cent de la population mondiale, mais ne consomme que 4 pour cent de l’énergie produite.

Les richesses du sous-sol de la zone sahélienne, sans cesse étiquetée « plus pauvre du monde », en font un espace de convoitise qui attise les appétits des pays occidentaux . D’où la place qu’occupe le Sahel depuis des décennies au cœur du Les richesses du sous-sol de la zone sahélienne, pourtant la plus pauvre du monde, font de la région un espace de convoitise qui attise les appétits des grands groupes internationaux. jeu de pouvoir mondial.

Les pays consommateurs exercent une influence considérable afin de garantir l’approvisionnement des matières premières et des métaux précieux. Mais comment l’Occident garantit-il son accès aux mines notamment les mines d’or en Afrique de l’Ouest?  Prenons le cas de l’or ce métal largement convoité par les puissances occidentales qui en font les fonds de réserves.

L’Afrique de l’Ouest est réputée pour ses vastes réserves d’or, qui ont attiré l’attention des entreprises minières internationales depuis des décennies. Des pays comme le Ghana, le Mali, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso sont devenus des acteurs clés dans l’industrie de l’or, contribuant ainsi au développement économique de la région. Cependant, malgré les avantages potentiels de l’exploitation de l’or, les richesses nationales qu’elle devrait produire, ces pays ont du mal à faire décoller leur économie nationale et continuent à  s’endetter auprès des institutions financières occidentales comme le FMI ou la Banque mondiale et se trouvent confrontés à des déficits économiques colossaux. Quelles en  les causes ? Une instabilité chronique alimentée constamment par des violences terroristes, violences terroristes qui fournissent le meilleur prétexte aux forces d’occupation occidentales de s’emparer des régions aurifères africaines et de les exploiter à leur guise.

Derrière  la présence militaire des occidentaux en Afrique qu’ils tentent de justifier au nom de la  lutte contre le terrorisme, il existe d’énormes profits que tirent les firmes occidentales ce qui laisse croire à  l’existence d’un lien entre le phénomène de violence terroriste d’une part et la présence militaire occidentale de l’autre. A vrai dire, le terrorisme en Afrique est le meilleur allié des puissances occidentales dans le pillage des ressources africaines. C’est par l’intermédiaire des terroristes qui attaquent des zones riches en or entre autre minerai que les occidentaux forcent les habitants des zones aurifères du Sahel  à l’exode pour mieux s’y implanter et en extraire le contenu.

De fait, les occidentaux mettent à profit l’insécurité et en font une redoutable arme dans le sens de s’enrichir et ce, parallèlement à ce qu’ils appellent « investissements directs » dans le secteur minier africain ce qui n’est autre chose que le détournement institutionnalisé des richesses  à l’aide de vastes réseaux de lobbies qui font bien évidemment jouer la diplomatie en coulisses pour s’assurer du bon déroulement des contrats qu’ils imposent aux pays africains et souvent à leurs dépens.

L’effet domino des coup d’Etat au Sahel qui semble avoir bien faussé le jeu des puissances occidentale va-t-il rompre cette dynamique de violence terroriste ? Prenons le cas du Burkina Faso, ce richissime pays du Sahel qui depuis le coup d’État de 2022 tend à reprendre le contrôle entier de son secteur minier et qui s’y heurte au terrorisme.

La nouvelle stratégie des autorités de la Transition de Burkina Faso consiste à multiplier les unités de raffinerie d’or à travers le pays en vue de générer plus de revenus de la production aurifère. Cependant, l’extension du fléau terroriste combinée à l’exploitation clandestine de l’or continue a peser lourd sur le secteur et à contrecarrer les efforts des autorités. Et cette tendance ne s’est jamais démentie a pendant les années d présence militaire occidentale dans ce pays. En dépit de cette présence et la prétention de lutter contre le terrorisme, la production d’or tend constamment à diminuer.

L’or représente déjà plus de 16% du Produit intérieur brut (PIB) et contribue à 80% des exportations de Burkina Faso. D’une production de 5,6 tonnes d’or en 2008, le pays a exporté 66,858 tonnes en 2021 avec une contribution au budget de l’Etat qui est passé de 8,912 milliards de FCFA en 2008 à 322 milliards de FCFA en 2021, selon le ministère des Mines.

En 2022, la production de l’or a baissé de 13%, du fait de l’insécurité, passant donc de 66,858 tonnes en décembre 2021 à 57,675 tonnes en fin décembre 2022, avec « la perte de plusieurs dizaines de milliards de FCFA » au budget de l’Etat. Mais parallèlement à ces pertes colossales les entreprises occidentales n’ont cessé de cumuler des bénéfices. C’est en écho à cette réalité que vient de se tenir le grand sommet des minéraux à Paris.

En amont d’un grand sommet sur les minéraux critiques organisé à Paris par l’Agence internationale de l’énergie, jeudi 28 septembre, la France a signé des accords de coopération en matière de métaux critiques avec l’Australie et le Canada, qui se disent géants miniers sans qu’ils possèdent eux-mêmes des mines. Ce paradoxe ne peut s’expliquer que d’une seule manière : au mépris totale de la souveraineté des Etats -nations africains, la France dispose du secteur minier africain comme s’il s’agissait du sien. Au demeurant elle y impose sa loi, définit sa part et prive les Africains de ce qui leur revient de droit et in fine  s’autorise à penser des stratégies de fusions et à créer des alliances  avec d’autres puissances pilleuses des richesses africaines.

Ainsi le Sommet de Paris sur les minéraux critiques et l’énergie propre qui « s’est  concentré sur les mesures visant à promouvoir un approvisionnement sûr, durable et responsable de matières premières qui jouent un rôle central dans la transition mondiale vers une énergie propre » ne comptait sur la liste des participants que deux pays africains à savoir la RDC et le Sénégal, le reste des participants étant originaire de l’Europe des États-Unis de l’Asie et d’Israël.

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