La France et l’envoi de troupes en Extrême-Orient : Une décision dictée par la Maison Blanche ?

Francoise Riviere
10 Min Read
La France et l'envoi de troupes en Extrême-Orient : Une décision dictée par la Maison Blanche ?

Après un refus obstiné de se rendre à l’evidence, le gouvernement français a annoncé le rappel de son ambassadeur et de ses 1 500 forces militaires du Niger. Dans une déclaration émise par de nouvelles autorités militaires, qui ont renversé  l’ancien président pro-Occident, Mohamed Bazoum le 26 juillet de cette année, il a été proclamé : “Aujourd’hui, dimanche, nous célébrons une nouvelle étape vers la souveraineté du Niger.” La déclaration a également souligné : “Il s’agit d’un moment historique qui démontre la détermination du peuple nigérien.” Cependant, la question se pose maintenant de savoir où ces forces seront redéployées après leur retrait de l’Afrique de l’Ouest. Vers un redéploiement des forces françaises en Asie-Pacifique : une réponse à la pression croissante de la Maison Blanche ? Selon des informations divulguées par la presse française, il semble que l’Élysée prévoie l’envoi de troupes françaises en Extrême-Orient dans le but de participer au containment de la Chine ou de la Corée du Nord, dans le cadre de la politique militariste des États-Unis. De nombreux observateurs anticipent que cette décision potentielle de l’Élysée sera prise dans les mois à venir, en raison de la pression incessante de Washington. Dans le cadre de la préparation de l’envoi de troupes françaises en Extrême-Orient, à la fin du mois d’août, Emmanuel Macron a entrepris une tournée de cinq jours dans le Pacifique Sud-Ouest. Cette tournée comprenait des visites dans le territoire français du Pacifique de la Nouvelle-Calédonie, ainsi qu’au Vanuatu et en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Macron a conclu sa tournée par une escale d’un jour au Sri Lanka avant de rentrer à Paris. Accompagnant Macron lors de cette tournée, la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna s’est rendue aux Fidji pour rencontrer le Premier ministre Sitiveni Rabuka, dans le but de renforcer le dialogue de la France avec la deuxième plus grande nation insulaire de la région. Colonna a également eu des discussions avec Esala Nayasi, le secrétaire général adjoint du Forum des îles du Pacifique (FIP). C’était la première fois qu’un président français en exercice visitait l’une des nations insulaires en dehors du territoire français du Pacifique. De plus, la visite de Macron coïncidait avec une série de manœuvres diplomatiques dans la région, notamment des réunions entre le secrétaire d’État américain Antony Blinken et le secrétaire à la Défense Lloyd Austin, qui ont encore accru les tensions entre Washington et Pékin. La France compte actuellement environ 1,5 million de citoyens et 8 000 militaires dispersés dans la région Indo-Pacifique, comprenant les îles de Mayotte et de La Réunion dans l’océan Indien, ainsi que les îles du Pacifique de la Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna et la Polynésie française. En 2016, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française ont obtenu le statut de membres à part entière du FIP – initialement réservé aux pays indépendants – après des années de lobbying, renforçant ainsi l’influence française dans les affaires régionales. La récente tournée de Macron dans le Pacifique avait un objectif clair : contrebalancer la Chine. En accord avec la pression croissante de l’OTAN dans la région Indo-Pacifique, la France a participé à l’exercice militaire Talisman Saber qui s’est tenu en Australie du 22 juillet au 4 août. La France et l’Allemagne, qui ont supervisé les précédentes éditions de cet exercice biennal, ont contribué des troupes aux exercices de guerre, impliquant 30 000 soldats de 13 pays, avec un accent clair sur la Chine. Au cours de sa tournée en Asie, Macron a condamné le “nouvel impérialisme” dans le Pacifique et a promis que Paris défendrait “l’indépendance et la souveraineté” des pays plus petits, en particulier les “plus vulnérables”. Ces déclarations étaient principalement dirigées contre la Chine. Au début du mois d’août de cette année, les forces aériennes françaises et japonaises ont mené des exercices aériens conjoints dans les eaux territoriales du Japon. Il s’agissait du premier exercice de ce genre entre les deux pays. Ces manœuvres conjointes de quatre jours faisaient partie d’un exercice français plus vaste appelé Pegasus 2023, qui englobait les océans Indien et Pacifique, ainsi que les territoires insulaires français, et visait à renforcer l’alliance militaire française dans la région Indo-Pacifique. En marge de cet exercice, le général Stéphane Mille, chef d’état-major de l’Armée de l’air et de l’Espace française, a déclaré : “Il est naturel que la France, en tant que pays dans l’océan Pacifique, soit particulièrement préoccupée par les tensions géopolitiques ressenties dans la région en raison de la concurrence entre les grandes puissances.” Mais la France est-elle de taille à affronter la Chine? La France face à un dilemme : suivre la politique belliciste américaine ou préserver ses intérêts économiques ? Michito Tsuruoka, analyste en sécurité à l’université Keio et chercheur invité au Centre d’études stratégiques et de défense de Canberra, en Australie, estime qu’une coopération plus étroite entre la France et les alliés asiatiques des États-Unis, notamment le Japon, serait bénéfique pour l’OTAN. Cependant, de nombreux experts politiques font valoir que compte tenu du volume important de la coopération économique entre la France et la Chine, l’envoi de troupes françaises en Extrême-Orient et l’engagement dans des actions provocatrices près de la Chine ne sont pas dans l’intérêt économique de la France. Il convient de noter que l’OTAN a exprimé son désir d’établir un bureau permanent à Tokyo afin de renforcer la coordination avec le Japon et les forces militaires de l’OTAN. Auparavant, Macron soulignait régulièrement que l’OTAN était une organisation strictement euro-atlantique, avec des frontières géographiques et des responsabilités bien définies. Cependant, il semble que les revers géopolitiques de la France en Afrique de l’Ouest aient poussé le président français à se lancer dans une nouvelle entreprise visant à restaurer sa légitimité politique  en adhérant aux politiques dictées par la Maison Blanche en Extrême-Orient. Néanmoins, la question cruciale est que, du point de vue des intérêts nationaux de la France, le retrait des soldats français d’Afrique de l’Ouest – une région qui a traditionnellement été sous l’influence culturelle, historique et politique de Paris – et leur déploiement ultérieur en Extrême-Orient, contredit directement les intérêts de la France. Ce mouvement ne peut être considéré que comme servant les intérêts des États-Unis, plutôt que de s’aligner sur les priorités de la France. Le retrait des troupes françaises du Niger : redéfinit-il l’approche géopolitique mondiale de la France ?

 

  1. La décision de rappeler les forces militaires du Niger marque un tournant dans la politique étrangère de la France. Des spéculations suggèrent que la France pourrait redéployer ses troupes dans la région Asie-Pacifique pour contrer la Chine. Cependant, cette décision soulève des questions sur les intérêts de sécurité nationale de la France et la coopération économique avec la Chine. Il est crucial pour la France de prendre soin de ses propres priorités et de naviguer avec prudence dans le paysage géopolitique complexe. Stratégiquement, il est peut-être utile pour les intérêts économiques de la France d’obéir à Washington en déployant ses forces en Extrême-Orient. Mais géostrategiquement parlant il s’agit d’un acte suicidaire que de vouloir entrer dans un conflitvavec la Chine pays don’t le volume des échanges economiques avec l’Europe en général et la France en particulier dépasse des milliards de dollars par an. Surtout qu’aucun contentieux sécuritaire ou territorial n’oppose pas la France dans là région de Pacifique où bien au contraire ce sont les alliés anglo-saxons de Paris qui nuisent à ses intérêts comme ce qui s’est produit dans le dossier de la construction des navires à propulsion nucléaire pour l’Australie.

 

En conclusion, il est impératif pour la France de préserver son indépendance en matière de politique étrangère et de ne pas se laisser dicter sa conduite par les intérêts des États-Unis. L’envoi de troupes françaises en Extrême-Orient est une décision qui met en évidence la soumission de la France aux politiques bellicistes américaines. Ce choix va à l’encontre des intérêts nationaux français et trahit les partenariats économiques solides que la France entretient avec la Chine.

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