Guerre en Ukraine : le double jeu de la France !

Francoise Riviere
9 Min Read

La contre-offensive ukrainienne en cours doit pouvoir déboucher sur des négociations de paix, a affirmé le Président français Emmanuel Macron. Paris multiplie les appels aux pourparlers, tout en continuant de fournir des armes à Kiev.

Alors que la contre-offensive ukrainienne entraîne d’importantes pertes pour les forces de Kiev, notamment sur l’axe de Zaporojie, certains songent déjà à la suite des opérations. Le Président français Emmanuel Macron espère ainsi que Kiev acceptera de s’asseoir à la table des négociations après sa contre-offensive militaire, comme il l’a expliqué lors d’une conférence de presse avec ses homologues allemands et polonais.

 « La contre-offensive ukrainienne a commencé, cette offensive va se déployer sur plusieurs jours ou plusieurs mois. Nous l’espérons la plus victorieuse possible pour pouvoir ensuite lancer une phase de négociations dans de bonnes conditions », a ajouté le président français qui réunit les dirigeants allemands et polonais au format du Triangle de Weimar, plateforme de réunions régulières au sommet entre les trois pays.

Le président français a néanmoins affirmé que le soutien de la France durerait aussi longtemps que nécessaire. Il a souligné que les livraisons d’armes à Kiev s’étaient intensifiées et continueraient dans les semaines à venir.

« Nous avons intensifié les livraisons d’armes et de munitions, de véhicules blindés, de soutien aussi logistique », a-t-il rappelé, précisant également que de la maintenance était apportée aux matériels endommagés dans les combats.

Le président français avait précédemment lancé: « La guerre d’agression menée par la Russie et d’ores et déjà un échec stratégique et géopolitique pour l’agresseur. Il est clair également que l’Ukraine ne sera pas conquise. »

Ce n’est pas la première fois que Paris tente de jouer la carte de l’apaisement en Ukraine, tout en continuant à livrer des armements à Kiev, notamment les fameux canons Caesar. La France semble en particulier compter sur la Chine pour pousser les parties en conflit aux pourparlers. Pékin est un des rares acteurs à pouvoir changer la donne dans le conflit, avait ainsi déclaré une source de l’Élysée, début avril.

Des manœuvres françaises qui ne semblent pas du goût de l’administration Biden. En coulisse, la Maison-Blanche s’agacerait ainsi des initiatives d’Emmanuel Macron, révélaient récemment des personnes proches du dossier à Bloomberg.

En parallèle du double jeu français, d’autres initiatives pour la paix en Ukraine ont émergé ces derniers mois. Pékin avait ainsi présenté un plan en 12 points en février, snobé par les puissances occidentales. L’Afrique a également mis sur pied une mission de paix, qui devrait se rendre en Russie et en Ukraine mi-juin.

Le 10 juin, le Président ukrainien Volodymyr Zelensky avait confirmé qu’une contre-offensive était en cours. Les forces ukrainiennes se sont heurtées aux défenses russes, en particulier sur l’axe de Zaporojie où des chars Leopard allemands et des Bradley américains ont été détruits.

Le président russe Vladimir Poutine a affirmé le 13 juin que l’armée ukrainienne subissait des pertes quasiment « catastrophiques » depuis qu’elle a lancé sa contre-offensive sur plusieurs secteurs du front en Ukraine.

Il a assuré que Kiev avait perdu environ 25 ou peut-être 30% de l’équipement qui a été fourni à l’Ukraine par les Occidentaux, donnant le chiffre de 160 chars et plus de 360 blindés hors d’usage.

L’échec ukrainien s’explique par un manque d’appui feu face à l’artillerie et l’aviation russe, avait récemment expliqué Scott Ritter, ancien officier du renseignement américain. Il est probable que Kiev ait aussi sous-estimé les défenses russes et surestimé l’apport du matériel occidental, soulignait-il encore.

Le ministre allemand de la Défense a déclaré que son pays ne serait pas en mesure de remplacer chaque char détruit ou endommagé en Ukraine. Kiev, dans le contexte de sa contre-offensive, avait réclamé le 11 juin davantage de blindés à Berlin.

La veille de ces déclarations de Boris Pistorius, le Tagesspiegel avait publié un article dans lequel le vice-ministre ukrainien des Affaires étrangères estimait que Berlin pouvait «tripler» son effort en matière de chars Leopard 2 sans remettre en cause sa capacité à assurer sa défense.

De leur côté, les autorités américaines pourraient se montrer plus réceptives aux demandes ukrainiennes. Citant deux responsables du Pentagone, les médias américains avancent que les Etats-Unis pourraient annoncer ce 13 juin un nouveau plan d’aide militaire de 325 millions de dollars. Plan qui viserait, notamment, à remplacer les blindés américains perdus par Kiev dans sa contre-offensive.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, la Pologne, l’Allemagne et la France font partie des plus grands donneurs d’armes européennes à Kiev. Emmanuel Macron a d’ailleurs rappelé lors du sommet tripartite que la France avait intensifié ses livraisons d’armes et de munitions à l’Ukraine.

Dans une telle situation, certaines positions des dirigeants occidentaux sur les raisons pour lesquelles l’Europe et les États-Unis devraient aider Kiev méritent réflexion. Au point que le responsable de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, a admis dans un communiqué que si l’Occident arrêtait de livrer des armes à l’Ukraine, la guerre se terminerait.

Or,  les Occidentaux prétendaient que les aides militaires massives à Kiev pourraient conduire à la défaite de la Russie, à assurer la sécurité de l’Occident et enfin à la restitution de l’étendue géographique d’avant-guerre.

De telles déclarations n’ont cependant pas fait long feu et finalement des personnes comme Henry Kissinger ont déclaré que des régions comme la Crimée et même de nombreux endroits occupés par les Russes ne reviendraient pas en Ukraine et que Kiev devrait accepter cette réalité.

L’Occident avançait même que la défaite de la Russie dans cette guerre pourrait servir de base de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, alors que cette justification pour l’envoi d’armes à l’Ukraine n’a pas duré longtemps. La ministre allemande des Affaires étrangères Analena Berbock, ainsi déclaré, au nom de l’Europe unie, que l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN était impossible.

La contre-offensive de l’Ukraine pour reprendre les territoires perdus s’est transformée, ces dernières semaines, en un prétexte pour l’Occident pour continuer d’envoyer des armes et des aides militaires et financières à Kiev.

Dans ce contexte, le Conseil de l’Europe a récemment adopté une mesure d’assistance d’un montant d’un milliard d’euros au titre de la facilité européenne pour la paix (FEP) afin de soutenir les forces armées ukrainiennes, qui comprend des obus d’artillerie de calibre 155 mm et des missiles produits en Europe.

Moscou a averti l’Occident à de nombreuses reprises que les livraisons d’armes à Kiev faisaient traîner en longueur le conflit et devenaient des cibles légitimes. Comme le soulignait le chef de la diplomatie russe, les États-Unis et l’Otan participent directement aux hostilités, non seulement par ces livraisons, mais aussi par la formation de militaires ukrainiens.

Les Etats-Unis et leurs alliés européens, qui se sont ouvertement déclarés disposés à aider l’Ukraine à remporter la guerre contre la Russie et à préparer son adhésion à l’OTAN, se trouvent aujourd’hui face à l’échec de ses précédents scénarios et se disent favorable à la restauration de la paix dans l’objectif d’assurer les intérêts de l’Ukraine.

Les récentes déclarations du président français pourraient s’inscrire dans le cadre de ce nouveau scénario qui risque d’intensifier la guerre et de compliquer les négociations de paix.

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