Sécurité et organisation : les défis auxquels fait face l’Arabie saoudite pour le Hajj

Francoise Riviere
10 Min Read

La gestion des foules lors du Hajj en Arabie saoudite présente un défi complexe et crucial pour les autorités. Avec un grand nombre de pèlerins rassemblés dans un espace restreint, il est essentiel de mettre en place des stratégies efficaces pour prévenir les bousculades et assurer la sécurité des fidèles. L’une des préoccupations majeures concerne le risque de bousculades lors des rituels importants tels que la lapidation des stèles à Mina. Ces moments de forte affluence peuvent entraîner une pression intense sur les pèlerins, augmentant ainsi les risques d’accidents. Pour atténuer ces risques, les autorités saoudiennes ont mis en œuvre plusieurs mesures, telles que l’établissement de voies de circulation claires et l’installation de barrières pour réguler les mouvements des pèlerins. La surveillance constante des foules est également cruciale pour détecter tout signe de surpopulation ou de congestion. Des caméras de surveillance, des drones et des systèmes de comptage sont utilisés pour évaluer en temps réel la densité des foules et prendre des mesures préventives si nécessaire. Des équipes de sécurité sont déployées dans les zones à forte affluence pour veiller au respect des protocoles de sécurité et intervenir rapidement en cas de besoin.

Une autre approche essentielle consiste à répartir les pèlerins de manière équilibrée dans les différents lieux saints. Des systèmes de réservation et des quotas sont mis en place pour permettre aux pèlerins de se rendre aux lieux de culte à des moments spécifiques. Cela contribue à réduire la concentration de foule à certains endroits et à mieux gérer les flux de personnes. La communication joue également un rôle crucial dans la gestion des foules. Les autorités fournissent des informations claires sur les horaires des rituels, les voies d’accès et les procédures de sécurité aux pèlerins, ce qui les aide à se déplacer en toute sécurité et à éviter les situations de surpopulation. Des panneaux d’affichage, des annonces sonores et des applications mobiles spéciales sont utilisés pour diffuser ces informations de manière efficace et rapide. Les autorités saoudiennes collaborent étroitement avec les services de renseignement nationaux et internationaux pour recueillir des informations sur les activités terroristes potentielles et surveiller les individus suspects. Des efforts sont déployés pour partager ces informations et mettre en œuvre des stratégies de sécurité préventives.

Les contrôles de sécurité sont renforcés aux points d’entrée, tels que les aéroports et les frontières, afin de détecter et d’intercepter toute tentative d’infiltration de personnes ou de matériaux dangereux. La surveillance est également intensifiée lors du Hajj, avec l’utilisation de caméras de sécurité, de systèmes de reconnaissance faciale et d’autres technologies avancées pour identifier rapidement les individus suspects. Des dispositifs de sécurité supplémentaires, tels que des postes de contrôle et des barrières, sont déployés pour prévenir les infiltrations et les attaques potentielles.

La formation des forces de sécurité est un aspect essentiel de la prévention des actes terroristes. Les agents de sécurité reçoivent une formation spécialisée pour détecter les comportements suspects, réagir aux situations d’urgence et gérer les menaces potentielles. Des exercices de simulation sont également organisés pour tester la préparation des forces de sécurité face à d’éventuelles attaques terroristes. La coopération internationale joue un rôle crucial dans la prévention des actes terroristes lors du Hajj. Les autorités saoudiennes échangent des informations et collaborent avec d’autres pays pour partager les meilleures pratiques, renforcer les capacités de lutte contre le terrorisme et coordonner les efforts de sécurité à l’échelle mondiale. La coordination logistique du Hajj en Arabie saoudite est un défi majeur en raison de l’ampleur de l’événement et du nombre élevé de pèlerins impliqués. Pour assurer le bon déroulement de cette expérience spirituelle, une planification et une coordination minutieuses sont nécessaires dans plusieurs domaines clés. Le transport des pèlerins est l’un des aspects logistiques les plus complexes à gérer. Des millions de pèlerins doivent être transportés vers les différents lieux saints de manière sûre et efficace. Les autorités saoudiennes mettent en place un réseau de transports en commun étendu, y compris des bus, des trains et des lignes de métro spécialement dédiés au Hajj. Des itinéraires et des horaires spécifiques sont établis pour faciliter le déplacement des pèlerins entre les sites, réduisant ainsi les congestions et les retards.

Des postes de contrôle et des points de contrôle sont mis en place aux entrées et aux sorties des lieux saints pour assurer la sécurité et contrôler le flux des pèlerins. Des barrières et des clôtures sont utilisées pour canaliser les foules et prévenir les mouvements anarchiques. Des panneaux d’information et des indications claires sont également installés pour guider les pèlerins et éviter les confusions. La supervision des activités religieuses telles que les prières, les rituels et les sermons est également assurée par un personnel dédié. Des imams et des religieux sont présents pour diriger les prières et les rituels, fournir des conseils spirituels et répondre aux questions des pèlerins. Ils veillent à ce que les rites soient effectués correctement et en accord avec les enseignements de l’islam.

L’effroyable drame de la bousculade meurtrière à Mina lors du pèlerinage du Hajj en 2015 a été une tragédie qui a coûté la vie à de nombreux pèlerins et a fait de nombreux blessés. Cette catastrophe a suscité de vives critiques envers l’Arabie saoudite concernant l’organisation du Hajj et la sécurité des pèlerins. Les failles dans le dispositif de gestion et de supervision ont été soulignées, et des appels ont été lancés pour une amélioration des mesures de sécurité et de l’organisation de cet événement majeur.

Les autorités saoudiennes se sont engagées à mener une enquête “rapide et transparente” suite à la tragédie, tandis que le roi Salmane a ordonné immédiatement un “réexamen” de l’organisation du Hajj, qui a été vivement critiquée par les pèlerins. Sous le choc, de nombreux pèlerins expriment leur peur de poursuivre leur pèlerinage.

Des vidéos ont montré de nombreux corps étendus au sol et des effets personnels dispersés lors de la bousculade. Zaid Bayat, un homme d’affaires sud-africain, a rapporté : “Les gens trébuchaient, tombaient, tentaient de se relever (…) et mouraient devant nos yeux”. Aminu Abubakar, un reporter de l’AFP qui a survécu au drame en étant en tête de la procession, a déclaré qu’il n’y avait aucune marge de manœuvre sur le site de la bousculade. Selon lui, la foule était moins nombreuse et mieux contrôlée le jour suivant. Un pèlerin syrien nommé Abdel Aziz adopte une attitude plus fataliste en déclarant : “Je m’en remets à Dieu, je n’ai pas peur”.

Le hajj de cette année-là a connu une série de tragédies, avec d’abord l’effondrement d’une grue le 11 septembre à la Grande mosquée qui a causé la mort de 109 personnes et blessé près de 400 autres.

L’Iran a exprimé sa consternation face à la mort de 131 de ses pèlerins dans la bousculade et a critiqué les mesures de sécurité mises en place par l’Arabie saoudite, son rival régional. Le président iranien, Hassan Rohani, a appelé depuis New York, où il assiste à l’Assemblée générale de l’ONU, le “gouvernement saoudien à assumer ses responsabilités” dans cette catastrophe. À Téhéran, après la prière du vendredi, des fidèles ont manifesté contre “le régime malveillant et incompétent” de l’Arabie saoudite, l’ayatollah Mohammad Emami Kashani, l’imam de la prière, déclarant que le pays “est incapable d’organiser le pèlerinage”.

En Turquie, bien que le président Recep Tayyip Erdogan ait estimé qu’il serait “erroné de blâmer l’Arabie saoudite qui fait de son mieux” pour assurer un pèlerinage pacifique, certaines voix au sein de son propre parti ont néanmoins soulevé des questions sur de possibles “négligences” à l’origine de ces décès. Mehmet Ali Sahin, ancien ministre et actuel vice-président du Parti de la justice et du développement (AKP), a suggéré que “si la Turquie était chargée d’organiser le hajj, elle le ferait sans que quiconque ne souffre le moindre mal”.

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