Laetitia Avia : l’ex-députée LREM devant la justice pour des faits de harcèlement moral

Francoise Riviere
8 Min Read

Laetitia Avia, ancienne députée et ancienne porte-parole de La République En Marche (LREM), sera jugée à Paris les mardi 9 et mercredi 10 mai. Elle est soupçonnée de harcèlement moral envers des assistants parlementaires, suite à une enquête publiée il y a trois ans par Mediapart. Voici les faits qui lui sont reprochés de manière précise. Selon les accusations, Laetitia Avia aurait exercé des pressions psychologiques et morales sur plusieurs de ses assistants parlementaires. Les plaignants déclarent avoir subi des comportements humiliants, des menaces, des insultes et des intimidations de sa part. Certains affirment également avoir été victimes de discrimination et de racisme. L’enquête de Mediapart, publiée en 2018, a révélé plusieurs témoignages accablants à l’encontre de Laetitia Avia. Les victimes présumées décrivent un climat de travail toxique et des conditions de travail très difficiles sous sa direction.

Laetitia Avia nie les accusations et affirme qu’il s’agit d’une campagne de diffamation à son encontre. Son procès devant le tribunal de Paris permettra d’examiner les preuves et les témoignages pour déterminer sa responsabilité dans les faits qui lui sont reprochés.

L’ancienne députée et ex-porte-parole de La République En Marche (LREM), Laetitia Avia, comparaît devant le tribunal de Paris les 9 et 10 mai 2023. Elle est accusée de harcèlement moral envers des assistants parlementaires, suite à la publication d’une enquête par Mediapart il y a trois ans.

Laetitia Avia, âgée de 37 ans, qui nie toute accusation de harcèlement moral et dénonce des allégations mensongères depuis le début, a repris sa carrière d’avocate après sa défaite lors des dernières élections législatives en 2022 dans la 8e circonscription de Paris. Voici les accusations qui lui sont adressées.

Dans un article publié par un journal d’investigation en ligne en mai 2020, cinq anciens assistants parlementaires ont accusé Laetitia Avia, députée de Paris, de les soumettre à des humiliations, du harcèlement et des abus de pouvoir. Ces témoignages faisaient également état de propos jugés sexistes, racistes ou homophobes que Laetitia Avia aurait tenus lors de ses échanges avec son équipe.

Laetitia Avia est soupçonnée d’avoir, entre juin 2017 et août 2020, publiquement ridiculisé, dénigré et humilié ces assistants parlementaires, dans le but de les déstabiliser, en ne respectant pas leur droit à la déconnexion, selon les citations consultées par l’AFP.

Laetitia Avia est également accusée d’avoir exigé des tâches non contractuelles (correction de copies, achats personnels, participation à des meetings de campagne électorale) ainsi que des horaires de travail excessifs. On lui reproche également une gestion instable et la création d’un climat de peur et de malaise.

Six anciens collaborateurs sont concernés par ces accusations, et un septième devrait se joindre à la procédure. L’avocate de quatre des plaignants, Maud Sobel, n’a pas souhaité faire de commentaires avant l’audience.

Laetitia Avia, une militante LREM depuis ses débuts, était alors engagée au Parlement pour faire adopter une loi contre la haine en ligne. Cependant, ce projet de loi a été en grande partie censuré par le Conseil constitutionnel un mois plus tard. Suite à plusieurs plaintes déposées contre elle, une enquête a été ouverte en juillet 2020, et deux ans plus tard, l’élue a été convoquée devant le tribunal.

Laetitia Avia, représentée par Basile Ader et Vanessa Friedland, nie catégoriquement les accusations de harcèlement. Me Ader a déclaré : “Je suis assez confiant quant au fait qu’elle pourra enfin s’expliquer à ce sujet.”

Lorsque l’article est paru, Laetitia Avia a réfuté les accusations, qualifiant l’article de “manipulation” et de “tableau mensonger”. Elle a également déposé une plainte en diffamation contre Mediapart. À l’époque, la présidence de l’Assemblée nationale et celle du groupe LREM avaient été informées de l’affaire. La cellule anti-harcèlement mise en place en 2020 ainsi que la déontologue de l’Assemblée nationale avaient également été saisies de l’affaire.

Lors de cette dernière journée de procès, Laetitia Avia maintient sa position et conteste vivement les accusations portées contre elle. À la barre, elle est précise dans ses réponses et déterminée à tout contester, ce qui se traduit par des réponses souvent très longues. Les juges lui rappellent à plusieurs reprises qu’ils posent des questions fermées, mais cela ne semble pas influencer sa manière de s’exprimer. Malgré tout, lorsque le tribunal insiste, quelques aveux commencent à transparaître.

Au cours de son témoignage, Agathe décrit les “humiliations” et les “rabaissements” qu’elle prétend avoir subis pendant les douze mois où elle a travaillé pour Laetitia Avia. À l’époque, Laetitia Avia était députée LREM de Paris, et selon Agathe, elle alternait constamment entre des comportements chaleureux et froids. Pour Agathe, qui avait été recrutée pour s’occuper des relations presse et des réseaux sociaux de la parlementaire, cette expérience, qui avait commencé de manière galvanisante, s’est transformée en cauchemar. Elle a regretté que cette situation ait duré un an, et qu’elle ait dû faire de son mieux pour y faire face. Son témoignage a eu lieu lors du premier jour du procès pour “harcèlement moral”, au cours duquel sept anciens collaborateurs vont témoigner jusqu’au 10 mai. Cinq d’entre eux se sont constitués partie civile.

La procureure a requis un an de prison avec sursis, 10 000 euros d’amende et 5 ans d’inéligibilité à l’encontre de Laetitia Avia, ancienne députée LREM, qui est jugée pour harcèlement moral sur sept de ses anciens assistants parlementaires entre 2017 et 2020. La procureure a déclaré que l’accusée avait “dénigré” et “humilié” ses collaborateurs, utilisant des “quolibets” et des remarques discriminatoires sur leur orientation sexuelle ou leurs origines. Elle a également souligné le “climat de peur” instauré par l’accusée et les exigences d’heures de travail abusives, ainsi que des tâches personnelles indues.

La procureure a souligné l'”excès” et la “répétition” des témoignages des sept anciens collaborateurs, notant qu’ils dénonçaient les mêmes mots et les mêmes faits. Elle a affirmé que la position spéciale du député et de son assistant parlementaire ne justifiait pas que le premier piétine les droits fondamentaux de travail du second. Elle a rejeté la thèse d’un “complot politique”, soutenant que les plaignants avaient dénoncé les faits au fur et à mesure, dans un groupe de discussion sans la présence de la députée, et en saisissant la déontologue de l’Assemblée. En conclusion, la procureure a souligné qu’il était important non seulement de lutter contre la haine en ligne, mais aussi d’être bienveillant envers ses équipes. Elle a déclaré que cela faisait partie des responsabilités de l’employeur député, et que cela permettait de mettre en cohérence les paroles et les actes. La défense de Laetitia Avia doit présenter ses plaidoiries plus tard dans la soirée.

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