Elle ne pèse rien” : Élisabeth Borne, Première ministre à l’avenir incertain

Francoise Riviere
9 Min Read

Lors de son allocution télévisée ce lundi à 20 heures, Emmanuel Macron s’efforcera de tourner la page de la réforme des retraites. Il définira les orientations pour les prochains mois et cherchera à apaiser l’atmosphère tendue. Que ce soit avec ou sans Élisabeth Borne, la Première ministre demeure à Matignon… du moins pour le moment.

L’objectif principal de la prise de parole d’Emmanuel Macron ce lundi à 20 heures est de clore la séquence relative à la réforme des retraites. Selon ses proches, le chef de l’État va fixer le cap à suivre pour les mois à venir et établir une feuille de route pour le gouvernement. Malgré les tensions révélées il y a dix jours entre l’Élysée et Matignon, les deux dirigeants semblent avoir renoué des liens. À moins d’un événement imprévu, le Président devrait maintenir Élisabeth Borne à son poste, du moins pour l’instant.

En montrant sa détermination à “accélérer” les réformes, Élisabeth Borne semble vouloir prouver que sa mission à la rue de Varenne n’est pas encore terminée. Bien que fragilisée par l’adoption précipitée de la loi sur les retraites, la Première ministre semble convaincue que les récents événements l’ont renforcée à Matignon.

La semaine dernière, Élisabeth Borne a mené une véritable opération de survie. Malgré ses consultations intensives, elle a finalement réalisé qu’elle ne pouvait pas élargir la majorité. La Première ministre se résigne donc à continuer sur la ligne qu’elle défend depuis son arrivée à Matignon, c’est-à-dire conclure des accords ponctuels texte par texte. Cela implique qu’elle est prête à prendre le risque d’être battue sur certains projets de loi.

La question demeure de savoir si cela réussira à convaincre durablement Emmanuel Macron de la maintenir à son poste. Le camp présidentiel est divisé sur cette question, mais quoi qu’il en soit, nombreux sont ceux au sein de la macronie qui estiment qu’Élisabeth Borne quittera Matignon au plus tard cet été.

Certains ministres lui ont déjà donné un surnom : “Vador”, en référence au méchant de Star Wars, même s’ils ne ressentent aucune crainte à son égard. Ce surnom est dû au bruit de soufflerie de sa cigarette électronique, qu’elle ne quitte jamais et qui rappelle la respiration bruyante du personnage de la saga. “Borne-Vador” est apparue sur le tapis rouge de Matignon avec son appareil à nicotine en bouche, peut-être signe de stress. Cela contraste avec son prédécesseur, qui quittait les lieux avec une jovialité méridionale, bien différente de son sourire tendu de Normande. Le soir du premier tour des législatives, au QG de Renaissance, elle affichait un air glacial et prononçait un discours clinique. Certains membres de l’équipe gouvernementale remarquent qu’elle lit des fiches lorsqu’elle parle, mais estiment que cela changera une fois qu’elle aura plus confiance en elle. Un poids lourd de la majorité la qualifie de “Mme Nobody”, affirmant qu’elle ne pèse rien et que de toute façon, tout se décide à l’Élysée comme jamais auparavant.

La politique demeure un monde masculin marqué par des hommes féroces. La deuxième femme à occuper le poste de Première ministre de la Cinquième République en est consciente, elle dont la nomination s’est jouée à peu de choses et dont l’avenir est déjà incertain. Édith Cresson n’est restée que dix mois et dix jours, le plus court mandat à Matignon parmi les Premiers ministres de Mitterrand. Combien de temps Élisabeth Borne tiendra-t-elle ? Elle sait qu’elle est en sursis, telle un passager avant dans une voiture, exposée à tous les dangers sans pour autant tenir le volant. Si, le 19 juin, la majorité présidentielle est trop faible et qu’il faut obtenir une par une les voix des députés LR, son gouvernement, et elle-même, pourraient ne pas voir l’été. Et si ces élections législatives sont remportées de justesse, qui dira que c’est grâce à elle ? “Elle doit encore faire ses preuves”, admet-on à Matignon, où son score de 34,32 % au premier tour dans le Calvados a rassuré tout le monde. Même si les 24,53 % de Noé Gauchard, le candidat de la Nupes âgé de 22 ans, ont incité la Première ministre à retourner rapidement à Vire dès le lendemain du premier tour. Cela montre que, en ces temps de colère (face à elle, le candidat du RN, avec 21,74 %, jouera les arbitres), rien n’est totalement acquis.

Cependant, les premiers mois de son mandat ont été marqués par des turbulences et des défis. La réforme des retraites a été un moment critique, mettant en évidence les divisions au sein du pays et les difficultés de rassembler une majorité autour du projet présidentiel. Elisabeth Borne se trouve désormais sous la pression du compte à rebours des “cent jours”, fixé par Emmanuel Macron pour faire avancer le pays. Si elle ne parvient pas à mobiliser suffisamment de soutien et à obtenir des résultats tangibles d’ici le 14 juillet, elle pourrait devenir un fusible, comme bon nombre de ses prédécesseurs, afin de préserver le projet présidentiel.

Malgré ces défis, sa nomination en tant que Première ministre avait suscité de l’espoir. Elle avait pour mission de mettre en œuvre les réformes ambitieuses promises par Emmanuel Macron lors de sa réélection, y compris des réformes impopulaires comme celle des retraites. En outre, elle devait naviguer dans un paysage politique complexe et former des coalitions pour faire adopter les projets de loi, étant donné l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale.

Effectivement, un an après sa nomination, le bilan d’Élisabeth Borne en tant que Première ministre est loin d’être positif. Les réformes qu’elle a initiées ont été largement critiquées, ce qui a contribué à sa baisse de popularité dans les sondages. De plus, ses relations avec certains membres du gouvernement ont été tendues, ce qui a créé des frictions et des divisions au sein de l’exécutif.

Son approche rigide et sa façon parfois peu flexible de gérer les situations ont également suscité des critiques de la part de l’opinion publique. Son incapacité à rassembler des majorités à l’Assemblée nationale pour faire adopter les projets de loi a été un obstacle majeur, rendant sa mission difficile voire presque impossible dès le départ.

Dans l’ensemble, Élisabeth Borne a dû faire face à de nombreux défis et obstacles au cours de sa première année en tant que Première ministre. Son bilan mitigé souligne les difficultés auxquelles elle a été confrontée dans l’exercice de ses fonctions et l’ampleur des tâches qui lui incombent.

L’analyse d’Arnaud Benedetti souligne effectivement la difficulté de la situation pour Élisabeth Borne depuis le début de son mandat en tant que Première ministre. En l’absence d’une véritable majorité à l’Assemblée nationale, elle se trouve limitée dans ses marges de manœuvre et ses capacités à mener les réformes et projets qu’elle souhaite mettre en place.

La constitution d’une majorité parlementaire solide est souvent essentielle pour un Premier ministre afin d’obtenir le soutien nécessaire pour faire passer des lois et des réformes. Sans cette majorité, il devient plus difficile de construire des alliances et d’obtenir le soutien politique nécessaire pour mettre en œuvre son programme. Cette contrainte a certainement contribué aux obstacles rencontrés par Élisabeth Borne au cours de son mandat et explique en partie les difficultés qu’elle a pu rencontrer pour obtenir des résultats concrets.

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