Pourquoi la France est-elle confrontée à une grave crise du logement ?

Francoise Riviere
7 Min Read

La crise du logement est devenue une priorité absolue pour les Français, qui cherchent à augmenter leur pouvoir d’achat en réduisant leurs dépenses de logement. Cette priorité l’emporte sur la nécessité d’augmenter les salaires, qui n’ont pas suivi le rythme de l’inflation, en particulier chez les jeunes. Malgré l’importance de l’enjeu, il semble qu’il n’y ait pas de réponse politique à cette question, ce qui est une source de frustration pour les locataires.

Selon une étude réalisée par l’institut OpinionWay pour la plateforme Wellow, pionnière en matière de logement collectif, social et urbain, qui portait sur les implications sociales de la crise du logement en France, 82 % des Français estiment que l’administration Macron a négligé la crise du logement.La flambée des prix de l’immobilier et les difficultés d’accès au crédit liées à la hausse des taux d’intérêt s autant d’indicateurs de la détérioration du secteur du logement en France. Cela s’est traduit par une baisse de la construction de logements et une diminution des ventes de logements neufs. Dans un contexte de forte demande (+32%), l’offre de logements locatifs a été considérablement réduite (-14% en un an). Cette situation a débouché sur une crise alarmante, dont la cause principale est l’interdiction de louer des logements à haute consommation d’énergie. Si l’interdiction est louable, sa mise en œuvre semble peu probable.

Aussi, selon le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre, plus de 12 millions de personnes sont fragilisées par la crise du logement, et 4,1 millions ne sont pas ou mal logées. La situation s’aggrave et toutes les tensions sur le marché de l’immobilier n’augurent rien de bon pour l’avenir si rien ne change.

Le déclin des projets de construction a également affecté la disponibilité des logements subventionnés. Fin 2022, 2,4 millions de familles françaises restaient sur la liste d’attente pour un logement social. Seules 95 000 autorisations de construire de nouveaux logements sociaux ont été accordées en 2022, alors que l’objectif du gouvernement français était de 125 000.

Dans le même temps, le poids du logement ne cesse d’augmenter dans le budget des ménages français, dont le pouvoir d’achat diminue du fait de l’inflation. Cela soulève des disparités croissantes entre les ménages modestes et riches, entre les locataires et les propriétaires, ainsi qu’entre les jeunes et les anciennes générations.

Aujourd’hui, 91 % des Français estiment que la crise immobilière affecte leur style de vie. Dans un contexte socio-économique en déclin, près des deux tiers d’entre eux se disent inquiets pour leur sécurité financière, évoquant la hausse des dépenses de logement, d’alimentation et d’énergie. Si ce sentiment est plus répandu auprès des moins de 35 ans (88 %), le statut résidentiel des répondants semble également jouer un rôle important : les locataires sont plus préoccupés (80 %)  que les propriétaires (57 %).

En outre, en l’espace de trois décennies, de 1990 à 2020, la part du logement dans les dépenses de consommation des ménages français est montée de 20 à 28,5 %. La crise actuelle du logement a touché de manière disproportionnée les jeunes, puisque 25 % des moins de 35 ans ont été contraints de déménager pour trouver un logement plus abordable. En outre, 26 % d’entre eux ont subi des conditions de vie indignes, telles qu’un logement inadéquat ou délabré.

En outre, un segment important de la population jeune, représentant 20 %, a été contraint de se réfugier chez ses parents, une situation partagée par 13 % de l’ensemble de la population française. Si l’on considère la crise sous un angle différent, les jeunes ont besoin d’un logement pour obtenir un emploi, mais ils ont aussi besoin d’un emploi pour obtenir un logement.

Selon une enquête récente, plus de 70 % des Français estiment qu’il existe un lien étroit entre le logement et l’emploi, 71 % d’entre eux indiquant que le logement est un obstacle à la recherche d’un emploi convenable. Entre-temps, la crise du logement a poussé plus de 900 000 jeunes, soit 17 % des personnes âgées de 18 à 24 ans, à abandonner leurs ambitions éducatives.

Soixante-dix-huit pour cent des Français estiment que la réduction du coût du logement permettrait de faire face à la pénurie de personnel dans divers secteurs, de nombreuses entreprises rencontrant actuellement des difficultés de recrutement.

En outre, 22 % des Français âgés de moins de 35 ans ont abandonné leur recherche d’emploi dans certains secteurs en raison des dépenses exorbitantes liées au logement, qui dépassent la rémunération offerte.

Ce sujet est si important aujourd’hui que 7 Français sur 10 estiment que le poids des dépenses de logement dépasse les prétentions salariales des candidats à l’emploi. Vingt-cinq pour cent des moins de 35 ans avouent avoir négocié leur salaire en fonction de cette dure réalité. Malgré les appels répétés du gouvernement en faveur d’une augmentation des salaires alors que l’inflation monte en flèche, 55 % des Français interrogés ont déclaré qu’ils préféreraient pouvoir s’offrir un logement.

L’inflation touche de nombreux secteurs de la vie, mais les matériaux de construction sont particulièrement touchés. La pandémie a interrompu l’approvisionnement en matériaux de construction, tandis que la guerre en Ukraine a augmenté le coût des principales matières premières. La perte potentielle de 100 000 emplois dans le secteur de la construction d’ici 2024-2025, comme le prévoit la Fédération française du bâtiment, est très inquiétante.

Bien qu’il y ait environ 3 millions de logements vides en France, les experts financiers estiment que le développement d’environ 500 000 unités résidentielles par an est nécessaire pour résoudre le dilemme actuel.

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