La Nakba 2023  et la continuelle dépossession des Palestiniens

Francoise Riviere
16 Min Read

Il y a 75 ans avait lieu la « Nakba », catastrophe, qui se réfère à la période de dépossession, de destructions, d’expulsions, de pillages et de massacres à l’encontre des Palestiniens menant à la création du régime factice d’Israël en 1948. La Nakba est un mot arabe qui se traduit par « grande catastrophe » et fait référence à cette période historique désastreuse.

Le 15 mai marque le triste anniversaire de l’occupation de la Palestine par le régime d’apartheid.  Le cas des réfugiés palestiniens est le cas de déplacement forcé le plus massif dans le monde et le plus long. Presque 70% de la population palestinienne est réfugiée ! Entre 700 000 et 900 000 Palestiniens ont été expulsés par la terreur des milices juives extrémistes puis de la toute nouvelle armée israélienne.

La Nakba a commencé avant le plan de la partition de la Palestine (29 novembre

1947) et la création unilatérale de l’Etat factice d’Israël (14 mai 1948) qui a entrainé la première guerre israélo-arabe (1948-49). Au total, plus de 500 villages palestiniens ont été sauvagement rasés dans cette période.

 La Nakba est commémorée par l’Autorité palestinienne tous les 15 mai. C’est l’occasion de faire revivre le souvenir des centaines de villages détruits barbarement par les forces armées israéliennes et de réaffirmer le droit au retour des réfugiés palestiniens (y compris ceux qui vivent à Gaza ou en Cisjordanie) conformément à la résolution 194 de l’Assemblée générale de l’ONU (11 décembre 1948).

Chaque année le 15 mai, en organisant des manifestations et des rassemblements de protestation, ils se souviennent de la Nakba.  Cette année et dans un contexte où la bande de Gaza sous blocus subit les bombardements meurtriers d’Israël, et que ce régime colonial massacre en même temps les résistants en Cisjordanie occupée et à Quds-est occupée, les soutiens à la cause palestinienne affichent leur solidarité avec le peuple palestinien !

Pour les Palestiniens, commémorer la Nakba ce n’est pas seulement se souvenir de faits du passé, mais pour beaucoup, évoquer un processus d’expulsion de leurs terres, une expropriation, une « catastrophe » toujours en cours, qui renvoie à la question des millions de réfugiés palestiniens qui vivent aujourd’hui loin de leur terre d’origine, ou de celles de leurs parents et grands-parents. C’est une manière de dénoncer les crimes sionistes, en particulier à Gaza, et réaffirmer l’engagement aux côtés de la résistance palestinienne qui se bat pour le retour et la libération de la Palestine de la mer au Jourdain.

Selon les dernières statistiques, le nombre de palestiniens tombés en martyrs depuis 1948 en résistant face à l’occupation israélienne a atteint plus de 100 000 personnes.

En 1949, la guerre se termine avec la signature d’accords d’armistice établissant les frontières de la Palestine occupée dite « Israël », telles que reconnues par la communauté internationale ! Celles-ci dépassent largement celles du plan de partage, le territoire israélien occupant alors 78% de la Palestine historique.

Chaque année à cette date, les habitants des camps de réfugiés, villages et villes palestiniens, ainsi que d’autres Palestiniens vivant à l’étranger, soulignent le rejet de l’occupation en organisant divers événements et réunions. Ce que l’on peut comprendre aujourd’hui, après 70 ans depuis l’établissement du régime factice d’Israël, c’est que les sionistes n’ont jamais abandonné leur politique d’occupation des sols et pendant cette période de 70 ans, à l’aide de métaphores, enhardis par le l’inaction complice de la communauté internationale,  ils ont continué à occuper la Palestine avec des plans et des ruses colorées et constantes. Une situation qui a convaincu les Palestiniens sur le fait qu’il n’y a pas de moyen efficace pour rétablir leurs droits bafoués sauf la résistance.

Cette date reste également présente dans la mémoire de l’entité sioniste. Jours de fête pour Israël qui célèbre sa naissance illégitime, les 14 et 15 mai ont une résonance inverse pour les Palestiniens opprimés qui commémorent dans la douleur la grande catastrophe. C’est douloureux de la vivre et de s’en souvenir depuis 75 ans.

Selon des organisations pro-palestiniennes actuelles, la Nakba n’est pas un évènement, mais un processus qui continue aujourd’hui : l’expulsion des Palestiniens de leur terre.

L’émergence de cette glande cancéreuse n’était pas un événement aléatoire, mais une conspiration planifiée depuis un demi-siècle avant sa réalisation.

Le mouvement « sioniste » naît officiellement dans les années 1890. En 1897 se tient à Bâle le premier Congrès sioniste mondial, avec pour but la création d’un foyer national juif en Palestine. Un fonds national est créé pour l’achat de terres.

Le 14 mai 1948, au musée de Tel-Aviv, David Ben Gourion, président du Conseil national juif et futur Premier ministre, prononce une déclaration, interprétée par les sionistes comme l’ « indépendance d’Israël ». L’aboutissement d’un projet né à la fin du XIXe siècle. 

Selon des documents historiques, les puissances coloniales pensaient toujours à créer une base permanente en Asie occidentale à des fins multiples dont les plus importantes étaient la domination permanente de l’énergie brute et bon marché dont est riche la région et le retour des pétrodollars vers l’économie occidentale, le contrôle des voies navigables et de transit dans la région. On assiste aujourd’hui à un monde occidental, dominant et arrogant, largement influencée par le lobby sioniste face à une civilisation musulmane, en expansion et contestant cette domination.

Dans l’intervalle, le rôle destructeur de certains pays comme la Grande-Bretagne, la première puissance européenne, en légitimant le sionisme en Palestine et en donnant aux sionistes le feu vert de tuer le peuple sans défense de la Palestine ne peut être facilement ignoré. En fait, on peut dire que le processus de la partition de la Palestine et de déplacement de ses habitants a commencé en 1917 et lorsque la Déclaration Balfour a été approuvée. La Déclaration Balfour était une lettre historique écrite le 2 novembre 1917 par Arthur James Balfour, alors ministre britannique des Affaires étrangères, à Walter Rothschild, un homme politique juif et membre de la Chambre des communes britannique, dans laquelle le gouvernement britannique affirmait sa position positive en faveur de la création d’un foyer national pour les Juifs en Palestine. Cette déclaration est considérée comme le début de la tentative sur la scène internationale de former un faux régime sioniste. D’autre part, dans les années qui ont précédé la Première Guerre mondiale, les responsables du régime colonial britannique ont souligné à plusieurs reprises l’importance de créer une garnison régionale utilisant la population juive. Lloyd George, le Premier ministre britannique de l’époque, considère clairement «l’établissement d’une garnison de colonies juives en Palestine comme vitale pour la sécurité de l’Egypte (sous occupation britannique)».  Lord James Balfour, le ministre britannique des Affaires étrangères de l’époque, reçoit l’autorisation d’établir une patrie juive en Palestine, du cabinet britannique, et informe Lord Rothschild, qui était le chef de la communauté juive britannique, dans une lettre. Une lettre connue dans l’histoire sous le nom de «Déclaration Balfour». C’était alors que la Palestine était encore sous domination ottomane, et environ 35 jours après la publication de cette déclaration, l’armée britannique a pris la Palestine aux « rebelles » arabes en 1917. Environ un mois après l’occupation de la Palestine par la Grande-Bretagne, Balfour écrivait dans une note médiatique : « Le sionisme, bon ou mauvais, laid ou beau, est enraciné dans nos rêves, et sur cette base, la formation d’une patrie juive dans l’ancienne terre de Palestine de 700 000 Arabes fanatiques qui, dans ce pays, vivent dans l’ancienne terre, c’est plus important.» Après avoir occupé la Palestine, le gouvernement colonial britannique a poursuivi une série de mesures pour établir un soi-disant État juif. Parmi lesquelles on peut citer : Le transfert des Juifs en Palestine et les colonies de travail et d’agriculture, l’armement et la formation de groupes juifs tels que la Hagana, Ashtern, Ergon et Palmach, la confiscation des terres palestiniennes et les passer aux Juifs, la neutralisation de la résistance palestinienne avec la l’aide de groupes juifs armés… .

En 1947, en publiant la résolution 181, l’Assemblée générale des Nations Unies a illégalement divisé la Palestine en trois parties : juive, arabe et la zone sous domination internationale (Beit al-Maqdis). En mai 1948, le gouvernement britannique a annoncé qu’il mettrait fin au mandat de la Palestine à la mi-mai. C’est après cette annonce que des groupes armés juifs ont attaqué des villes et des villages palestiniens et occupé plus des deux tiers de la Palestine en lançant un massacre organisé à grande échelle, et le 14 mai de la même année, Ben Gourion a annoncé l’établissement de la mise en place du régime sioniste à la radio. En fait, l’établissement d’Israël en Palestine était un projet conjoint colonial-sioniste, dans lequel étaient malheureusement, impliqués, à la fois le gouvernement ottoman et les dirigeants arabes tels que Sharif Hussein et Al Saud avaient une coopération colorée dans ce projet.

En tout cas, ce qui semble clair, c’est qu’au cours des 70 dernières années, les Palestiniens n’ont jamais voulu et ne voudront jamais que la Journée de la Nakba soit oubliée. Ils savent que cette journée amère et douloureuse a entraîné le déplacement de plus de 6 millions de Palestiniens de leurs maisons. Par conséquent, l’un des plus grands objectifs des Palestiniens est de fournir le terrain pour que les réfugiés retournent dans leur patrie ; Sinon, cette catastrophe restera comme une sombre tache dans la conscience humaine et un recul pour les valeurs de liberté et de justice

Au moment où les Palestiniens sacrifient bravement leur vie pour revendiquer leurs droits bafoués les plus élémentaires, les trahisons des chefs arabes face à la question palestinienne sont plus visibles que jamais. Sans aucun doute, si de telles trahisons n’avaient pas été commises par des dirigeants arabes réactionnaires, nous n’aurions pas assisté aujourd’hui au passage de plus de 70 ans depuis le jour de la Nakba, et les sionistes auraient reçu la réponse à leurs crimes bien plus tôt.

Les sionistes célèbrent chaque année le début du mois de mai en organisant diverses cérémonies, telles que la commémoration des morts militaires israéliens, parmi ces cérémonies, ces dernières années, la discussion sur la levée du drapeau sur les murs de la mosquée Al-Aqsa et de la mosquée Ibrahimi , ou chanter l’hymne du régime à l’intérieur de la mosquée Al-Aqsa !

La multiplication de telles cérémonies provocatrices ces dernières années est en fait le résultat amer du renforcement des courants extrémistes au sein de la société et de la structure politique sionistes, sans oublier l’inaction des certains régimes arabes et musulmans envers la cause palestinienne et leur alignement avec les occupants de la ville sainte.

L’année dernière (2022), suite à la hausse des opérations antisionistes qui a causé 19 morts et un grand nombre de blessés parmi les sionistes, la tenue de ces cérémonies a été perturbée ou pour reprendre les mots de Yair Lapid, le ministre des Affaires étrangères du régime sioniste, la joie du Jour de l’Indépendance s’est transformée en tristesse.

Cette année, l’Assemblée générale des Nations Unies se réunit pour la première fois le 15 mai, parallèlement à l’anniversaire de la Journée de la Nakba. Abou Mazen, chef de l’Autorité palestinienne, prononce également un discours à l’Assemblée générale des Nations unies. Cette réunion se tient conformément à la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies, approuvée en novembre 2022, pour la commémoration du 75e anniversaire de la Journée de la Nakba. Dans ce discours, Abou Mazen s’attarde sur les souffrances infligées aux Palestiniens, pendant la période post-occupation, par le régime sioniste et qui ont provoqué le déplacement d’un grand nombre de Palestiniens. En outre, lors de cette réunion, des chefs d’organisations et d’institutions régionales, des représentants de gouvernements qui soutiennent les droits des Palestiniens, le représentant du président de l’ONU et un groupe d’autres responsables internationaux s’expriment conformément à la déclaration de solidarité avec le peuple palestinien et à la confirmation du droit des Palestiniens à la souveraineté. A cela s’ajoute, un festival culturel contenant les messages des réfugiés palestiniens, en marge du rendez-vous.

Sans surprise, ce récit s’étend jusqu’à l’ONU, alors que la communauté internationale est confrontée à plusieurs formes de « mises sous silence » qui l’empêchent de critiquer l’État d’Israël. La critique de l’État d’Israël et de ses politiques racistes ont toujours été labellisées comme de l’antisémitisme.

Le mutisme officiel exhibé par l’Occident devant le massacre de milliers de Palestiniens avec autant de blessés, aussi bien femmes, hommes et enfants, devant la destruction de milliers d’habitations et devant les bombardements israéliens visant même les écoles de l’ONU qui servent de refuges aux civils est tout simplement assourdissant.

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