La réforme des retraites et la guerre des classes

Francoise Riviere
8 Min Read

Le président français Emmanuel Macron souhaite augmenter l’âge de départ à la retraite à 64 ans, ce qui a provoqué des manifestations massives dans tout le pays. Le gouvernement affirme que l’âge de départ actuel n’est pas suffisant pour soutenir le système de retraite, mais les syndicats et une grande partie de la population s’y opposent. Plus de 1,3 million de manifestants se sont rassemblés selon le ministère de l’Intérieur, tandis que les syndicats estiment que 2,8 millions de personnes ont manifesté.

Le gouvernement affirme que cet allongement est vital pour la viabilité du système de retraite, mais cela a été critiqué par le Conseil d’orientation des retraites. Les syndicats estiment également que cette réforme érode le droit à une retraite décente, dont les travailleurs français sont en droit de bénéficier. Bien qu’il soit risqué, Macron pourrait compter sur les votes des Républicains pour faire adopter cette réforme, mais certains députés républicains pourraient retirer leur soutien en raison de la pression exercée par le mouvement social. Le gouvernement a également recours à une voie législative spéciale pour accélérer le processus d’adoption par le Parlement, mais il est probable que le mouvement d’opposition se renforce dans les semaines à venir.

En substance, la réforme proposée consiste à repousser de deux ans l’âge minimum légal de départ à la retraite. Actuellement, cet âge est de 62 ans, sauf pour quelques exceptions. Il sera porté à 64 ans, ce qui permettra de réaliser des économies importantes. En outre, le calcul de la pension d’un travailleur dépend du nombre d’années de cotisation au système de retraite. Normalement, la durée de cotisation est de 42 ans pour les personnes nées en 1974 et après, mais le gouvernement veut l’augmenter à 43 ans. Cette mesure contribuera à réduire les coûts de retraite au cours des dix prochaines années en prélevant sur l’épargne des personnes qui sont proches de la retraite, puis sur toutes les générations futures.

Le gouvernement français veut changer la structure du marché du travail en faisant travailler les gens plus longtemps, ce qui augmenterait la concurrence entre les travailleurs et mettrait une pression à la baisse sur les salaires. En outre, le gouvernement souhaite réduire les dépenses publiques et baisser les impôts, notamment sur les entreprises. La réforme des retraites est vue comme une partie d’une stratégie plus large visant à renforcer l’offre économique. Le gouvernement justifie cette réforme en affirmant que le système de retraite est en danger, mais cela est remis en question par l’article. En fin de compte, la proposition gouvernementale est fortement critiquée pour son impact négatif sur les travailleurs et pour être au service des intérêts économiques, plutôt que des intérêts des citoyens.

Le taux d’emploi des personnes âgées en France est inférieur à celui d’autres pays, en partie en raison d’un âge de départ à la retraite plus bas. Cependant, le gouvernement ne prend en compte qu’une partie de l’histoire en projetant d’augmenter l’âge de la retraite. Bien que les dernières augmentations ont permis à de nombreuses personnes encore en poste de continuer à travailler pendant deux ans, seulement la moitié des personnes éligibles continuent à travailler à l’âge de soixante et un ans.

Les autorités ambitionnent d’augmenter le nombre de travailleurs en fin de carrière de trois cents mille, mais cela ne représente pas une grande différence. Ce qu’elles ne considèrent pas, délibérément, c’est que les personnes qui sont déjà au chômage ou sans travail à cet âge risquent de rester sans emploi encore plus longtemps en raison du changement de l’âge de la retraite. Les modèles macroéconomiques suggèrent que les avantages en termes de création de richesse sont faibles, avec une augmentation du PIB de seulement 0,3 % sur dix ans.

La France ne devrait pas avoir de problèmes financiers pour payer les retraites. Les réformes précédentes ont réduit les dépenses et les coûts devraient même diminuer à l’avenir, malgré une population de retraités en augmentation. Le gouvernement essaye simplement de dépenser moins d’argent pour les retraites. Bien que le déficit de 12 milliards d’euros puisse paraître important, il représente une petite part du système de retraite de 340 milliards d’euros.

Les efforts pour résoudre le problème devraient être équitablement répartis sur tous les actifs et tous les retraités. Pourtant, la réforme actuelle cible principalement les personnes proches de la retraite, qui paieront le déficit immédiatement. Cela est injuste car cela affecte six millions de personnes qui sont toutes proches de la retraite.

La véritable raison de la réforme des retraites en France est d’équilibrer les pertes de recettes fiscales résultant des baisses d’impôts. C’est ce qui ressort des engagements budgétaires du gouvernement et des déclarations du ministre des Finances. Toutefois, une telle justification serait politiquement impopulaire, c’est pourquoi les responsables politiques ont choisi de présenter la réforme comme nécessaire pour sauver un système en danger financier. L’article conteste cette affirmation, en disant qu’il y a des déficits et des problèmes de financement, mais pas de danger structurel pour le système de retraite français.

Il existe trois leviers financiers pour le financement des retraites : le montant des pensions, l’âge de la retraite et les cotisations salariales. Le gouvernement a exclu toute modification du montant des pensions pour les retraités en raison de leur importance dans l’électorat. Il ne souhaite pas non plus augmenter les cotisations salariales, car cela affecterait le pouvoir d’achat des travailleurs. Cependant, l’article souligne que cela ne doit pas être une ligne rouge, car l’augmentation des cotisations pourrait être une source de revenus importante.

Il y a des alternatives pour trouver des sources de revenus, telles que l’annulation des baisses d’impôts pour les entreprises, qui peuvent ne pas être utiles. Aussi, l’abolition des mesures fiscales qui réduisent ou exonèrent les cotisations salariales de l’employeur pourrait permettre de récolter beaucoup d’argent. Le gouvernement doit être créatif et explorer toutes les options pour trouver des solutions financières pour les retraites. Le coût de la baisse de l’impôt sur la production en 2021 a été de 15 milliards d’euros, et ce chiffre s’élèvera à 8 milliards d’euros en 2023 et 2024. Par conséquent, il est possible de trouver les 12 milliards d’euros nécessaires pour renflouer le système de retraite français.

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