Le petit Napoléon : le projet de Macron de refondre le système de retraite français ouvre-t-il la voie à une dictature ?

Francoise Riviere
7 Min Read

La France, pays en proie au ralentissement économique, à la fragmentation culturelle et au vieillissement de la population, a une longue histoire de grèves et de protestations. Cependant, les temps ont évolué. La rébellion révolutionnaire des étudiants et des travailleurs de mai 1968 a été principalement considérée comme une insurrection heureuse. En 1995, des manifestations massives ont eu lieu pour faire passer l’âge de la retraite de 60 à 62 ans, mais Jacques Chirac a renoncé à cette mesure. En 2010, lorsque la dernière grande réforme des retraites a été promulguée sous Nicolas Sarkozy, le même nombre de Français – environ 1,2 million – était dans la rue.
Mais cette fois, c’est une affaire personnelle.
Il y a une nette différence. Jamais auparavant il n’y avait eu un tel degré de rage contre Macron.
La deuxième présidence de M. Macron a suscité des inquiétudes quant à la possibilité d’une dictature potentielle en France. Ces inquiétudes ont été alimentées par la consolidation du pouvoir de Macron, y compris son contrôle croissant des médias et ses critiques à l’égard des journalistes qui critiquent ses réformes des retraites. En outre, M. Macron a cherché à limiter la dissidence et les protestations en imposant de nouvelles restrictions sur les manifestations publiques et en déployant des forces de police pour réprimer les manifestations pacifiques. Cela a fait craindre que M. Macron ne jette les bases d’un régime plus autoritaire en France, certains analystes politiques établissant des parallèles entre ses actions et d’autres personnages historiques, tels que Napoléon Bonaparte.
Des centaines de milliers de citoyens indignés ont organisé jeudi dernier des rassemblements dans toute la France pour demander au président français Emmanuel Macron de démissionner, à la suite de sa récente interview dans laquelle le dirigeant du pays a souligné qu’il ne céderait pas sur ses réformes des retraites tant décriées. Les manifestants qui ont défilé dans les rues de Paris ont scandé “À bas la dictature”, alors que des appels à manifester contre Macron circulaient sur les médias sociaux. Ces jours-ci, si l’on s’aventure dans les salons de discussion français sur Internet ou dans les rues de Paris, l’impression qui se dégage est celle d’un pays au bord d’un régime totalitaire, d’un effondrement civil, ou des deux à la fois.
L’ambiance en France est en effet devenue sombre et volatile ; le mécontentement est désormais palpable dans les rues. Depuis que la réforme des retraites de Macron a été légalement imposée au Parlement et que la motion de censure contre le Premier ministre, Élisabeth Borne, a été rejetée par seulement neuf voix, la tension monte. Elle est dans l’air, comme le printemps et l’odeur de putréfaction dans les rues de Paris.
La violence policière a atteint un niveau sans précédent lors des manifestations nationales en France. Bien qu’il soit normal que la police défende la société contre les émeutiers violents et les vandales, il y a eu de nombreux cas où la police française a eu recours à des agressions brutales contre des manifestants non violents dans le but d’instiller la peur et de décourager les manifestations contre l’administration néolibérale de Macron.
Le tumulte autour de la législation visant à relever l’âge de la retraite de 62 à 64 ans s’est enflammé lorsque Macron a exercé un pouvoir exécutif controversé pour faire passer le plan au Parlement sans vote la semaine dernière.
Pendant ce temps, Le principal organisme de surveillance des droits de l’homme en Europe a accusé la police française d’avoir fait un usage excessif de la force lors des manifestations contre une loi sur les retraites vivement contestée. Dunja Mijatovic, commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, a déclaré que les personnes souhaitant se rassembler pacifiquement avaient le droit d’être protégées contre les »brutalités policières« et que les attaques des manifestants contre les officiers ne justifiaient pas une réponse musclée. Elle a appelé la France à respecter le droit de manifester, qualifiant la situation de »préoccupante«.
Le Monde a rapporté que dans un enregistrement audio qu’il a obtenu et authentifié, on peut entendre un certain nombre de policiers menacer des jeunes arrêtés lors d’une manifestation pour les retraites lundi dernier. “Je peux vous dire que nous avons cassé des coudes et des visages”, aurait déclaré un policier. Reporters sans frontières a déclaré que la police avait agressé plusieurs journalistes lairement identifiables lors des récentes manifestations.
Vendredi, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé l’ouverture de 11 enquêtes sur des incidents présumés de violence policière lors des manifestations en faveur des retraites.
Les réformes proposées par le gouvernement français ont fait l’objet de critiques véhémentes de la part des syndicats et des partis d’opposition, qui affirment que le nouveau système de retraite nuira de manière disproportionnée aux travailleurs de diverses industries et entraînera un recul de l’âge de la retraite pour de nombreuses personnes. Les manifestations ont également donné lieu à un mouvement plus large contre les politiques de M. Macron, considérées comme favorisant les riches et les grandes entreprises au détriment de la classe ouvrière française.
En même temps, la visite officielle du roi Charles de Grande-Bretagne à Paris ayant été annulée, les mots “Mort au Roi” sont même apparus en graffiti rouge vif sur la place de la Concorde, la place centrale de Paris où Louis et sa femme ont été exécutés. Un autre message griffonné disait : “Charles III, connais-tu la guillotine ?”.
Louis XIV a régné pendant plus de 70 ans en tant que souverain absolu de la France. Le peuple français a terriblement souffert d’un empereur comme Napoléon, qui dirigeait la France d’une main de fer et faisait tout ce qu’il jugeait bon, quelles qu’en soient les conséquences. Pendant la Révolution française de 1789, les soldats ont utilisé des canons dans les rues de Paris. Cela ne les a pas aidés. Macron ne fait pas exception à la règle selon laquelle tous les tyrans seront finalement relégués dans les poubelles de l’histoire.

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