Séismes en Syrie et aide d’urgence de la France

Francoise Riviere
10 Min Read

À la suite du violent séisme de magnitude 7,8 aux conséquences dévastatrices qui a touché le Sud de la Turquie et le Nord-Ouest de la Syrie et qui a causé la mort de plusieurs personnes le 6 février.
la France prétend à faire part de sa vive émotion, à présenter ses condoléances aux familles des victimes, à assurer celles des disparus de ses pensées et à exprimer toute sa solidarité à l’ensemble des blessés et des sinistrés.
À la demande du président de la république , la France a immédiatement répondu à la demande d’assistance internationale de la Turquie, également exprimée par le biais du Mécanisme de protection civile de l’Union européenne (MPCU).
Mais en Syrie, la situation est catastrophique. l’envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie, Geir Pedersen, a déclaré à Genève que la population syrienne manquait d’absolument tout. La Syrie a besoin d’aide d’urgence. À chaque seconde, une personne perd la vie. La région n’était pas prête à endurer cela : après le séisme en Syrie, il y a le défi des secouristes pour acheminer l’aide humanitaire aux victimes. Il faut des équipements lourds, de sauvetage, il manque des grues, des groupes électrogènes dans cette zone. Il faut aussi chauffer les gens à la rue et les nourrir. Alors que la situation est mauvaise, l’aide humanitaire peine à arriver en Syrie.
Tandis que le gouvernement syrien a lui aussi pressé le reste du monde d’envoyer du renfort et lever les sanctions qui pèsent sur Damas, bien que ces mesures n’empêchent pas l’envoi d’aide humanitaire et qu’il a annoncé:«Le Conseil des ministres a accepté l’acheminement des aides humanitaires à l’ensemble du territoire syrien dont les zones hors du contrôle de l’Etat ,l’aide humanitaire est rare en Syrie. Ainsi, L’ambassadeur syrien aux Nations unies a assuré à l’ONU que cette aide irait à tous les Syriens sur tout le territoire. Il a néanmoins posé comme condition que cette aide passe depuis l’intérieur du pays sous contrôle du régime.
Plusieurs facteurs compliquent l’acheminement d’assistance humanitaire au nord de la Syrie. Le nord de la Syrie, un territoire profondément diviséen quatre : les territoires contrôlés par les Forces démocratiques syriennes (FDS), principalement kurdes, ceux gérés par des jihadistes, la zone frontalière sous influence turque et celle soumise au régime de Bachar Al-Assad. l’envoi des équipes de secours sur place est rendue particulièrement délicate et dangereux à cause de la présence de jihadistes. Le plus important est que le régime de Damas est sous le coup de sanctions internationales depuis le début de la guerre en Syrie en 2011.
En tous cas, le 9 février, la France met en place une aide d’urgence à la population syrienne qui s’élève à hauteur de 12 millions d’euros, en lien avec les organisations non gouvernementales œuvrant directement au bénéfice de la population et avec les Nations unies, dans l’ensemble des régions touchées par les séismes. Cette aide de la France passe par :

le Fonds humanitaire pour l’aide transfrontalière (SCHF) des Nations unies à hauteur de 5 millions d’euros
À hauteur de 5 millions d’euros, par plusieurs ONG françaises et internationales œuvrant pour les interventions d’urgence dans les domaines de la santé, de la mise à l’abri, de l’eau, de l’hygiène, de l’assainissement et de la sécurité alimentaire.
une contribution, en cours d’examen, à hauteur de 2 millions d’euros au titre de l’aide alimentaire programmée, pour subvenir aux besoins alimentaires urgents des populations syriennes.
Cette aide sera distribuée “en lien avec les organisations non gouvernementales et avec les Nations Unies, dans l’ensemble des régions touchées par les séismes”, a déclaré François Delmas, porte-parole du ministère français des affaires étrangères, précisant que cela ne changeait pas par ailleurs l’”approche politique” de la France vis-à-vis du régime de Bachar al-Assad. “Notre approche politique ne change pas et contrairement (au président syrien) Bachar al Assad, nous travaillons en faveur de la population syrienne”, a déclaré le porte-parole adjoint du ministère des Affaires étrangères François Delmas lors d’un point de presse.
Aide humanitaire en Syrie c’est toute une géopolitique de l’aide humanitaire qui est à l’œuvre. Pays amis, pays ennemis, chacun a un intérêt à aider un État à terre. “Certains États sont des monstres froids qui calculent leurs intérêts”.
C’est un solidarité ou des pensées politiques ?
L’aide humanitaire est le soft power de la France. Elle constitue un affichage important de sa présence mais aussi de sa puissance. Ensuite, elle réagit rapidement parce que c’est pour ainsi dire dans ses gènes. Aider, c’est envoyer un signe de sa capacité d’intervention donc de puissance. Il y a une vraie diplomatie européenne des catastrophes. L’UE est le premier bailleur de fonds humanitaire au monde. Le contraire – si l’UE n’avait pas proposé une aide matérielle – aurait été surprenant et très inquiétant. Cela aurait voulu dire que l’hostilité l’emporte sur tout le reste.
La France, par le biais d’Emmanuel Macron, a été l’une des premières à le faire. Or, les relations du président français avec Bachar al-Assad sont écornées depuis qu’il l’a qualifié durant la guerre civile d’« ennemi » du peuple syrien, allant jusqu’à permettre des frappes sur le sol syrien avec l’aide des États-Unis et du Royaume-Uni. Depuis, la France n’a plus de poids sur le dossier syrien. L’aide française peut-elle permettre, dans une certaine mesure, de reconstituer ces liens distendus?
Dans la mesure où il y a deux pôles, c’est-à-dire que l’aide est offerte et qu’elle est acceptée, ce qui est le cas ici, alors un lien bilatéral s’établit. C’est une façon de réchauffer une relation auparavant froide et distante, même s’il ne faut pas accorder plus de valeur à ce genre de lien qu’il ne peut fournir. Il peut y avoir un réchauffement momentané, sans que cela aboutisse à une alliance à long terme car d’autres problèmes perdurent. On n’efface pas la question des droits de l’homme en Syrie. La Syrie a été impliquée dans des attentats anti-Francais au Liban dans les années 1980 et cela n’a pas empêché la France d’inviter Hafez al-Assad au bicentenaire de la Révolution en 1989. Il faut garder à l’esprit que les ressentiments sont une chose et que les logiques étatiques en sont une autre.
Par exemple : quand il y a eu un tremblement de terre en Iran en 1990, la France a envoyé les marins pompiers de Marseille en renfort. C’était trop tard mais la symbolique était là. Avec l’accord de l’Iran, il s’agissait pour Paris de montrer que le contentieux « Eurodiff » [N.D.L.R. : un projet de construction de centrales nucléaires et d’une usine d’enrichissement d’uranium entre la France et le régime du chah d’Iran, abandonné par le nouveau régime d’Iran en 1979] était en voie de règlement. On manifestait ainsi une bonne volonté, on montrait que des relations étaient en train de reprendre…
La France mène une politique patrimoniale importante à l’étranger et de nombreux chercheurs sont présents en Syrie. Elle a une longue tradition de politique étrangère patrimoniale. C’est une forme de diplomatie qui a son importance pour elle. Or, le patrimoine culturel des deux pays a été lourdement touché (citadelle d’Alep,…). Paris peut-il jouer un rôle dans cette reconstruction ?
En Syrie , les autorités vont devoir évaluer la situation du bâti, ce qui doit être détruit, reconstruit entièrement ou partiellement. Le logement va devenir le problème majeur des habitants. C’est là que nous verrons quels pays envoient des équipes de désencombrement et des aides à la reconstruction, pas uniquement des aides d’urgence pour les blessés, même si celles-ci sont bien sûr essentielles.

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