Les groupes pro-réforme des retraites se sont divisés

Francoise Riviere
8 Min Read

Au petit matin du 17 janvier, premier jour des manifestations contre la réforme des retraites, l’organe exécutif de la Majorité était encore en effervescence. “D’une manière ou d’une autre, le texte passera”, a déclaré un député de premier plan. Ils étaient loin de se douter que quelques jours plus tard, plus d’un million de personnes descendraient dans la rue. Et les protestations seraient relayées par des dizaines de députés du camp du président, dont le parti Les Républicains (LR). Ils auraient dû s’engager dans cette alliance en raison de la volonté du numéro un du parti, Eric Ciotti, de “voter pour une réforme juste.” Il semble que cette conviction initiale sera sérieusement remise en question lorsque les délibérations de la commission commenceront demain. “Nous entrons dans une phase de force physique et mentale”, a déclaré le vice-président de Renaissance. “Nous devons rester fermes car cette affaire aurait pu être décidée par quelques voix.
La question de la force de la majorité est relativement claire au vu des forces en présence. “Pour l’instant, il n’y a pas de décompte”, a déclaré un haut responsable de Macron. A la Renaissance, au moins cinq députés ont déclaré que leur vote n’est pas garanti ; au MoDem, une personne n’a pas d’opposition. La révolte s’étend désormais au groupe Horizons, où six élus sont indécis entre l’abstention et le vote négatif. Au ministère du Travail, on reste “calme car ils ont la majorité pour voter le texte”, dit-on. Mais McClowny travaille déjà à combler ce vide. La Présidence examinera demain les pièces du député Sacha Houlié et du député Pascal Canfin sur les sources possibles de nouveaux amendements sur l’emploi et la retraite progressive des seniors, “pour réparer les trous dans la raquette”, a déclaré l’un d’eux.
Au gouvernement, certaines personnes ont décroché leur téléphone. Le micro-parti de Barbara Pompili, En commun !, s’est félicité d’être “utile” et d’avoir “un accès direct au cabinet du ministre du Travail Olivier Dusopt”. Au sein même du gouvernement, plusieurs personnes ont pris le téléphone pour calmer le vice-président de Renaissance, Patrick Vignal, qui a lui aussi baissé le ton. Sans compter les longues conversations téléphoniques entre cette grande gueule, élue dans l’Hérault, et le vice-président du groupe, Sylvain Maillard. “J’étais un fauteur de troubles et nous avons eu beaucoup de conversations difficiles, mais je pense que le ton a changé”, se félicite Patrick Vignal. Il promet d’être plus prudent, mais la pression sur les seniors et les employés de longue date demeurera.
“Cela dit, je ne voterais pas pour lui”, insiste-t-il. Il est le plus bruyant des sceptiques, mais les anciens socialistes ne sont pas les seuls à faire de telles déclarations. Le nombre d’années de service requis pour établir les droits à pension est de 44 ans pour certains préretraités, contre 43 ans pour d’autres. Un conseiller de Renaissance qui envisage de s’abstenir a mis en garde : “S’il n’y a pas cette équité, je ne sais pas comment je vais voter”. Le gouvernement fournira des billets d’âge légal pour ceux qui commencent à travailler tôt. André Villiers, un membre d’Horizons qui vit dans l’Yonne, a déclaré : “Sinon, nous aurons un problème.”
Les députés du parti d’Édouard Philippe sont “très inquiets”, affirme cet expert des élus. Il n’a pas osé finir sa phrase. “Quand il y a autant de questions et de remords dans un groupe qui est moins favorable à la réforme…”. Une autre source de frustration pour les députés est la situation des mères, dont le quota de bonus pourrait être neutralisé par le passage à 64 ans : Le ministère du travail et de l’immigration a proposé plusieurs mesures, dont le calcul du taux de pension pour les personnes qui accouchent tout en travaillant et la révision de l’âge légal de la retraite. Comme l’Horizontal, l’unité de François Bayrou rêve également d’inclure dans la réforme une clause de contrôle judiciaire à la fin de son mandat de cinq ans.
Une exigence républicaine. Cela pourrait compliquer davantage la tâche du gouvernement. La plupart des reproches émanant du camp du président se conjuguent avec la condamnation de la droite exprimée par plus de 600 amendements. Le groupe LR a également demandé que l’on prenne en considération les courtes carrières des mères de famille et la possibilité pour ceux qui ont commencé à travailler avant 21 ans de prendre leur retraite à 63 ans. Et la liste des demandes continue de s’allonger. Il en va de même pour la liste des opposants. Contrairement à l’avis des chefs de groupe du parti, Olivier Mallet et Eric Ciotti, le dernier décompte montre que 18 députés sur 62 menacent de ne pas voter la réforme.
Au-delà du vote final, il existe un risque croissant de voir se former une majorité parlementaire en désaccord avec l’avis du gouvernement sur certains amendements. D’autant plus que le Rassemblement national pourrait favoriser les mesures sociales. Comme l’a prévenu un député de la majorité : “Quand il y a autant de députés qui ne sont pas convaincus par les réformes proposées, beaucoup de choses peuvent se passer pendant la session.
La coalition des organisations de gauche, qui a déposé plus des trois quarts des 7000 amendements, en est consciente. “Nous avons l’intention de proposer une solution consensuelle”, déclare Hadrien Clouet d’Insoumis.
Il semble que certaines portes ne soient pas complètement fermées au sein du gouvernement, où cela est reconnu comme nécessaire pour “maintenir le soutien des démocrates”. Ainsi, la question de savoir quand mettre en œuvre la réforme est une idée qui, selon les conseillers, “ne peut qu’être intéressante”, tout comme la question de la clause de contrôle judiciaire. Une réunion interministérielle est prévue dans le courant de la semaine pour discuter de l’amendement et de son acceptation et pour proposer des mesures susceptibles de rassurer les Républicains et le camp majoritaire.
Le pouvoir exécutif a un dernier avantage. C’est la procédure parlementaire spéciale de financement de la Sécurité sociale qui est abordée dans ce projet de loi. Selon l’article 47(1) de la Constitution, l’examen par les membres du Parlement ne peut dépasser 20 jours. À la fin de cette période, le document est envoyé au Sénat, où l’exécutif est libre de décider d’inclure ou non les amendements votés par le Parlement. C’est un moyen de passer outre les préoccupations des adjoints, si nécessaire.

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