La hausse sans précédent de l’inflation en France ; l’inflation en France augmente encore en 2023

Francoise Riviere
8 Min Read
©Mourad ALLILI/MAXPPP - 26/10/2022 Emmanuel Macron president de la republique de retour sur France 2 dans l emission L Evenement pour debattre sur les sujets interieurs. Emmanuel Macron, President of the Republic, back on France 2 in the program L'Evenement to debate on domestic issues. (MaxPPP TagID: maxnewsworldfive821971.jpg) [Photo via MaxPPP] Mourad ALLILI

En France, l’année 2022 a été caractérisée par une bonne résistance de l’activité malgré l’impact négatif de la guerre en Ukraine et de l’inflation mondiale. La fin des mesures restrictives Covid a permis à l’activité dans les services de rebondir significativement, tandis que les politiques publiques très expansionnistes et la vigueur du marché du travail ont largement soutenu le pouvoir d’achat des ménages, conduisant le PIB français à croître d’environ 2,6% sur l’année. Grâce à la politique du gouvernement visant à limiter la hausse de la facture énergétique française, l’inflation française est restée bien inférieure à celle des autres pays européens en 2022, s’établissant en moyenne à 5,2 % (5,9 % pour l’indice harmonisé).
Alors que la plupart des pays européens ont déjà dépassé le pic d’inflation, l’inflation en France devrait encore augmenter au premier trimestre 2023. La révision du « bouclier tarifaire » entraînera une hausse de 15 % de la facture énergétique des ménages, contre une hausse de 4 % en 2022. De nombreuses entreprises sont confrontées à la première révision à la hausse de leur facture énergétique depuis 2021. La hausse des coûts de production devrait continuer à soutenir l’inflation des produits alimentaires et manufacturés. En outre, les quatre indexations du salaire minimum sur l’inflation en 2022 continueront d’entraîner des augmentations de tous les salaires, ce qui fera grimper l’inflation de manière significative, notamment dans les services, en 2023. Au final, l’inflation moyenne en 2023 sera probablement plus élevée qu’en 2022 (nous prévoyons 5,5 % pour l’année, et 6,3 % pour l’indice harmonisé), avec un pic au-dessus de 6,5 % au premier trimestre, avant de diminuer progressivement à partir de l’été. Fin 2023, l’inflation devrait encore se situer au-dessus de 4%, un niveau supérieur à la moyenne européenne. La décélération devrait se poursuivre en 2024, avec une inflation de 2,6% en moyenne sur l’année (3,5% pour l’indice harmonisé).
L’année 2023 devrait être caractérisée par une quasi-stagnation de l’économie française sur l’ensemble des trimestres de l’année. Si le salaire nominal par tête devrait augmenter d’environ 6% en 2023, le pouvoir d’achat réel par personne restera très faible, pesant sur la consommation privée. Compte tenu des incertitudes, de la hausse attendue (bien que faible) du taux de chômage et du faible niveau de confiance des ménages, le taux d’épargne des ménages restera probablement élevé et supérieur à sa moyenne historique. L’investissement des ménages dans le logement devrait stagner, freiné par la hausse des prix des matières premières et des taux d’intérêt. Le secteur manufacturier devrait continuer à voir ses difficultés d’approvisionnement s’atténuer, mais il devra faire face à une demande mondiale beaucoup plus faible et sera toujours exposé au risque d’une nouvelle hausse importante des prix mondiaux de l’énergie. Nous prévoyons une croissance de 0,2 % pour l’ensemble de l’année 2023 et de 1,1 % pour 2024.

Alors que dans plusieurs pays européens, les syndicats et l’opinion publique se mobilisent pour réclamer des augmentations de salaire, en France, les protestations se concentrent sur la réforme des retraites. Le gouvernement veut mettre en œuvre une réforme qui, entre autres, fera passer l’âge légal de la retraite de 62 à 64 ans afin de maintenir la viabilité budgétaire du système. Bien que le système réformé puisse encore être qualifié de généreux par rapport à ses voisins européens, les syndicats et la gauche politique s’y opposent fermement. L’ampleur de la mobilisation doit encore être confirmée dans la rue. Après des années de « tout ce qui coûte » où le gouvernement a largement subventionné l’activité (rien qu’en 2022, 50 milliards d’euros ont été dépensés pour protéger les ménages et les entreprises contre l’inflation), la viabilité budgétaire a disparu du débat politique. Par conséquent, la politique budgétaire devrait rester assez accommodante dans les années à venir. Le déficit devrait rester supérieur à 5 % du PIB jusqu’en 2025, avec une dette supérieure à 112 %.
Macron a récemment présenté son plan de refonte du système de retraite la semaine dernière, qui comprend une mesure visant à faire passer l’âge minimum de la retraite de 62 à 64 ans. La proposition n’a rien de nouveau, Macron a proposé pour la première fois de modifier le système de retraite dès son élection en 2017, car l’âge de la retraite en France est parmi les plus bas en Europe. À mesure que les populations vieillissent et que les taux de natalité diminuent dans le monde, de nombreux pays ont été contraints de relever l’âge de la retraite pour répondre au nombre croissant de personnes qui demandent une pension. En Espagne, l’âge minimum de la retraite est de 65 ans et au Royaume-Uni, il est de 67 ans, avec une augmentation à 68 ans prévue en 2044. En Allemagne, l’âge de la retraite est actuellement de 67 ans, mais le pays envisage de le porter à 70 ans en raison d’une baisse des fonds de pension. En France, ceux qui travaillent actuellement cotisent au fonds à partir duquel ceux qui sont à la retraite sont payés. Parce qu’il y a un changement dans la population et qu’il y a plus de personnes âgées à la retraite et moins de jeunes travailleurs qui cotisent réellement, il y a des inquiétudes sur la durabilité.
Hier et aujourd’hui, les changements apportés au programme n’ont pas été accueillis chaleureusement. En 2019, lorsque le gouvernement a présenté un système à points qui permettrait à une personne de prendre sa retraite une fois qu’elle aurait acquis un certain nombre de points, des milliers de manifestants sont descendus dans les rues de France dans ce qui a été l’une des plus longues manifestations de l’histoire de France. Le gouvernement a été contraint de renoncer à ces mesures dans un contexte de pandémie de coronavirus. Le nouveau plan est plus simple : il augmente les fonds en faisant travailler les Français plus longtemps. Un récent sondage d’opinion a révélé que plus de 60 % des Français s’opposent à ce projet, ce qui a uni la gauche et l’extrême droite françaises dans leur opposition. Selon les estimations du ministère du travail, les réformes envisagées permettraient de dégager 17,7 milliards d’euros (19,1 milliards de dollars) de cotisations annuelles supplémentaires pour les retraites, ce qui permettrait au système d’atteindre l’équilibre en 2027. Les syndicats ont demandé d’autres moyens d’augmenter les fonds, comme la taxation des plus riches ou l’augmentation des cotisations salariales des employeurs.

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