L’ombre de la guerre de l’Ukraine en France ; comment la France réorganise-t-elle sa nouvelle politique énergétique

Francoise Riviere
8 Min Read

Des Parisiens attendent toujours patiemment leur tour pour les distributions alimentaires hebdomadaires de l’Armée du Salut dans la capitale française. Les bénévoles préparent également des colis alimentaires pour les personnes touchées par le chômage et la crise énergétique. Actuellement, les prix de tout augmentent, loyer, électricité, gaz, téléphone. Beaucoup de personnes ont perdu leur emploi. Les gens ne peuvent pas vivre comme ça. De tels sentiments grandissent dans toute l’Union européenne qui accueille 2023 avec une crise énergétique et une guerre aux portes du bloc pour la première fois depuis des décennies. Si l’invasion de l’Ukraine par la Russie a déclenché des démonstrations parfois étonnantes d’unité et de puissance de l’UE, certains se demandent combien de temps cela durera alors que l’hiver mord et que le prix du soutien à Kyiv et aux valeurs européennes augmente. Cela a été transformateur à bien des égards et dans des domaines dans lesquels il est difficile pour l’Union européenne d’agir rapidement. Dans certains de ces domaines, il a agi très rapidement, ce qui a surpris beaucoup de gens.
L’année dernière, l’UE a imposé huit séries de sanctions contre Moscou, affecté des milliards de dollars d’aide militaire et humanitaire à l’Ukraine et accueilli des millions de réfugiés ukrainiens. La guerre en Ukraine a conduit l’Europe à mettre fin à sa dépendance vis-à-vis de l’énergie russe bon marché, poussant le bloc à rechercher de nouveaux fournisseurs et sources d’énergie et à s’approvisionner en réserves de gaz très importantes avant que le froid ne s’installe. Pourtant, le conflit en Ukraine a porté un coup à l’économie et à la sécurité énergétique de l’Europe, du moins à court terme. Il a également ralenti, alors que certains pays relancent les mines de charbon, les objectifs de réduction des émissions de Bruxelles. Le Fonds monétaire international et d’autres experts pensent que le bloc tombera en récession cette année. Malgré les efforts du gouvernement pour amortir le coup, les prix et la pauvreté augmentent.
Ce qui nous a vraiment secoués, c’est que nous voyons beaucoup de jeunes, des étudiants qui ont du mal à se rendre à la fin du mois ; entre eux aussi, les parents célibataires et les personnes âgées avec de minuscules pensions qui ne peuvent même pas se payer le chauffage. Pour eux, la nourriture est une priorité absolue. Un récent sondage IFOP a révélé que plus de la moitié des Français interrogés craignaient que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses mensuelles. Un quart pensait avoir besoin de l’aide d’organismes de bienfaisance comme l’Armée du Salut. Pour certain qui se sont inscrits aux distributions alimentaires de l’Armée du Salut, ils peuvent faire du shopping avec 50 euros et leur panier est encore assez vide. En France, normalement exportateur d’électricité, la moitié du parc nucléaire du pays est hors ligne pour réparation. Les autorités ont exhorté les citoyens et les entreprises à baisser leurs thermostats, espérant que les économies d’énergie éviteront d’éventuelles pannes. Beaucoup de villages ont collecté des fonds pour les Ukrainiens. Mais s’il y a de coupures d’électricité, ce sera très difficile pour les Français et les Européens. Ça va vraiment impacter notre quotidien et notre moral. En ce moment, la solidarité est assez forte entre les citoyens européens, mais si la guerre en Ukraine se transforme en une impasse complète, les choses pourraient devenir plus difficiles.
C’est une guerre énergétique russe pour vaincre l’Ukraine et défaire l’unité européenne. Le fait que nous obtenions moins d’énergie, le fait que nous devenions moins riches, que l’économie se transforme en récession, pourrait conduire à la fatigue de l’Ukraine. Les citoyens européens veilleront d’abord sur eux-mêmes. Des divisions apparaissent déjà dans d’autres domaines. Le Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui avait des liens autrefois étroits avec la Russie, a suggéré que les sanctions de l’UE contre Moscou soient supprimées et a temporairement bloqué 19 milliards de dollars d’aide financière de l’UE à l’Ukraine. La législation a finalement été adoptée le mois dernier. La Pologne et l’Allemagne se sont disputées sur le placement d’un système de défense antimissile Patriot, ce qui, selon certains rapports, souligne des différences plus importantes.
Les divisions de l’UE existent également sur la menace russe et les relations futures de l’Europe avec Moscou. La récente suggestion du président français Emmanuel Macron selon laquelle l’Occident devrait envisager des « garanties de sécurité » pour la Russie a été fortement repoussée par la Pologne et les États baltes. Il est clair que la lutte contre l’invasion de la Russie est une lutte pour leur propre liberté. C’est très évident pour la Pologne, les États baltes et les Balkans. Ce n’est pas si évident pour la partie occidentale de l’Europe. L’Europe devra faire face à un autre défi. À ce jour, le soutien financier et militaire des États-Unis à l’Ukraine a éclipsé celui de l’UE. En ce qui concerne la reconstruction en Ukraine, y compris les choses qui pourraient être faites maintenant pour soutenir la société ukrainienne avant même la fin de la guerre, il y aura peut-être une pression beaucoup plus forte du côté américain pour que l’Europe fasse plus et dépense plus.
Avant même la crise énergétique, Emmanuel Macron, tenait à maintenir la France à l’avant-garde de l’industrie nucléaire, annonçant en 2021 que la « priorité numéro un » de sa stratégie industrielle était que la France développe une flotte de pointe réacteurs nucléaires de petite taille d’ici 2030. Parallèlement à ce plan à long terme, Macron a agi pour faire face à la situation nucléaire à court terme avec cette nationalisation complète d’EDF afin que l’État puisse injecter des fonds. La nationalisation d’EDF signifie que beaucoup d’argent public peut être investi pour résoudre les problèmes, et facilement pour le gouvernement de Macron, parce que c’est une entreprise publique, l’argent qu’elle perd, qui sera assez important, ne sera pas officiellement les livres publics pendant un certain temps. Cela dit, l’État paiera toujours pour régler EDF. Au cours de ce processus, la stratégie de Macron amènera le secteur nucléaire français dans un nouveau paradigme, loin des gros réacteurs comme celui qu’EDF construit à Flamanville près de la Manche, qui a été marié par des retards et des dépassements de coûts. La nouvelle approche a de bonnes chances de porter ses fruits : Construire de cteurs plus petits a beaucoup de sens car ils sont beaucoup plus rapides et plus faciles à construire.

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