Le parti d’extrême gauche de Jean-Luc Mélenchon, La France Insoumise (LFI), arrivé en troisième position au premier tour de l’élection présidentielle de 2022, compte 17 députés à l’Assemblée nationale depuis les élections législatives de 2017. Ils se sont rapidement fait remarquer non seulement pour leur capacité à faire le buzz, mais aussi pour le blocage de certains textes du gouvernement.
Le 10 mai 2022, les Verts, le Parti communiste et le Parti socialiste français ont tous accepté de former une alliance historique avec La France Insoumise (LFI), un parti d’extrême gauche, avant les élections législatives de juin, dans l’espoir d’obtenir une majorité à l’Assemblé nationale. Malgré son faible nombre de membres actuels, LFI a été très active à l’Assemblée nationale au cours des cinq dernières années. Elle a adopté une centaine de propositions de loi et plus de 60 propositions de résolution, déposé plus de 60 000 amendements, créé quatre commissions d’enquête et est intervenue des milliers de fois au Parlement.
En juin 2017, Jean-Luc Mélenchon, sénateur de l’Essonne depuis 18 ans, était le seul des 17 députés LFI à connaître le fonctionnement du parlement. Ses collègues ont d’ailleurs été moqués durant les premiers mois de leur mandat pour leur manque d’expérience. Cependant, la surprise est venue lorsqu’il est apparu que les députés LFI voulaient sérieusement se positionner comme l’opposition à la majorité présidentielle d’Emmanuel Macron durant son quinquennat. Les députés LFI ont vraiment été très actifs, très présents et très investis dans leur rôle, tant en commission qu’à l’Assemblée, faisant un sérieux travail de fond.
L’objectif de LFI : être le premier opposant et le premier proposant
L’objectif de LFI était simple : être le premier opposant et le premier proposant. Ils ont voulu combattre le gouvernement à la fois en portant les différentes luttes sociales du pays à l’Assemblée nationale tout en veillant, à chaque fois, à proposer une autre vision en transformant leur programme en propositions de loi. Par exemple, Ils sont le seul groupe à avoir présenté chaque année un contre-budget et un contre-projet de gestion de la Covid.
Toutefois, ce sont les coups d’éclat des députés de LFI qui ont laissé le plus de traces. Très tôt dans la législature, LFI a profité de la plateforme médiatique du Palais-Bourbon pour se faire connaître. LFI s’est insurgée contre la décision du gouvernement de réduire de 5 euros l’aide personnalisée au logement en présentant devant le Parlement un panier de courses contenant 5 euros de nourriture. LFI a également encouragé les députés de La République en Marche (LREM) à être « insoumis » lors de la révision du Code du travail. Toutes ces actions ont créé un buzz, avec des vidéos largement partagées sur les médias sociaux.
Si LFI et la coalition qu’elle vient de créer obtiennent la majorité au Parlement, il ne fait aucun doute qu’il y aura d’autres actions qui attireront l’attention. L’association s’est engagée à instaurer un salaire minimum mensuel de 1 400 euros, une allocation mensuelle pour les jeunes, un gel des prix des produits de première nécessité, à rétablir l’impôt sur la fortune, à abroger la flat tax de Macron sur les plus-values, à mettre en place un programme de « planification écologique » pour assurer la transition vers un avenir plus vert et à instaurer une Sixième République, une refonte institutionnelle dans laquelle les pouvoirs de l’exécutif seraient réduits au profit du Parlement et du peuple. La France Insoumise s’est présentée sur toutes ces propositions lors de la dernière élection présidentielle française en avril.
LFI a adopté une stratégie du chaos
Il est vrai que certaines de leurs interventions ont fait l’objet de plusieurs millions de vues, ce qui était assez inédit dans l’histoire de l’Assemblée nationale. La France Insoumise part du principe que les propos qu’ils se tiennent à l’Assemblée ont vocation à être entendus par le plus grand nombre. L’objectif premier de ce mouvement était de ramener la réalité dans les débats. Cette stratégie a été efficace parce qu’elle créait surtout l’occasion de mettre en avant, aux côtés de Jean-Luc Mélenchon, de nouvelles figures au sein de LFI qui n’auraient pas existé autrement. Le bilan après cinq ans est donc plutôt bénéfique. Une nouvelle génération a été formée en France
Les députés de LFI ont également profité de leurs niches parlementaires, accordées aux groupes d’opposition pour qu’ils puissent fixer l’ordre du jour de l’Assemblée nationale habituellement établi par le gouvernement. Ainsi, des projets de loi avec lesquels le gouvernement n’était pas à l’aise ont pu être votés, notamment la reconnaissance des pathologies professionnelles résultant de l’épuisement professionnel, la mise en place de récépissés pour les contrôles d’identité, l’interdiction du glyphosate, le plafonnement des frais bancaires, l’extension du revenu d’activité aux jeunes de 18 à 25 ans et la mise en place d’une taxe sur les profiteurs de crise.
Tout cela s’est produit à tel point que la majorité présidentielle s’inquiète de ce qui se passera si un très grand nombre de députés LFI se font élire lors des élections législatives des 12 et 19 juin. LFI a adopté une stratégie du chaos. Il y a un risque de guérilla politique permanente sur le fond et la forme.
Mélenchon : « Nous connaissons notre parcours du combattant »
Cependant, les actions des représentants de LFI ont également été entravées dans plusieurs cas. Le mouvement LFI, incapable de bloquer un projet de loi en raison de son petit nombre, a apporté plusieurs amendements pour ralentir l’examen de textes spécifiques. Ainsi, début 2020, la réforme des retraites a conduit au dépôt de 19 000 amendements par des représentants rebelles. « Nous connaissons notre parcours du combattant », a déclaré Mélenchon. Parce que tout comme un travailleur syndicaliste qui se met en grève pendant 43, 45, 50 jours et perd son salaire. Si les délégués n’utilisent pas toutes les armes possibles pour retarder la décision finale, qui peut être imposée automatiquement, ils ne rempliront pas leurs fonctions ».
C’est vrai que si LFI est 150 ou 200, alors cela change tout. Et le fait d’être en charge de la commission des finances ferait de ce mouvement des opposants encore plus forts. Les macronistes ont donc raison d’avoir peur de LFI car Mélenchon a démontré qu’il ne voulait pas être le premier groupe d’opposition : il veut la majorité. Lors de la dernière élection présidentielle d’avril 2022, le programme de LFI était fortement axé sur les questions sociales et le coût de la vie, et Mélenchon a recueilli 22% des voix, s’inclinant de peu face à Marine Le Pen, qui a affronté Macron au second tour.