Mélenchon s’engage à servir comme Premier ministre français

Remy Legaros
10 Min Read
Après l’échec de la gauche française face à des forces centristes et extrême droite, Jean-Luc Mélenchon se présente pour devenir le premier ministre.

Après l’échec de la gauche française face à des forces centristes et extrême droite, Jean-Luc Mélenchon se présente pour devenir le nouveau leader de la gauche et peut-être le premier ministre. Le candidat de la France Insoumise n’accepte pas totalement à nouveau d’appeler à voter pour Macron au second tour et se voit comme le leader uni de l’opposition de gauche, qu’il appelle à rejoindre son programme.

Jean-Luc Mélenchon a appelé les Français à utiliser les élections législatives de juin prochain comme un « troisième tour » électoral pour donner à son parti une majorité et pouvoir ainsi devenir le premier ministre de celui qui a remporté au second tour de la présidentielle de ce dimanche, qui ferait ainsi contrepoids. Le chef de la France Insoumise, qui a une nouvelle fois refusé d’appeler explicitement à voter pour le président Emmanuel Macron, comme l’ont fait d’autres partis battus au premier tour, a également appelé les autres formations de gauche à s’unir autour de son programme pour former une opposition forte à l’Assemblée nationale, dans le cadre de négociations qui ont déjà commencé, bien qu’avec de fortes hésitations.

« Je demande aux Français de m’élire Premier ministre en votant pour une majorité d’Insoumis et de membres de l’Union populaire », a déclaré Mélenchon en référence au nom sous lequel il s’est présenté à la présidentielle au premier tour, où il est arrivé troisième avec 7,7 millions de voix, loin devant les autres partis de gauche mais derrière Macron et Le Pen et, donc, disqualifié pour le tour final de dimanche.

Mélenchon : « La voix du peuple. Quoi que les Français décident, je le ferai »

Dans sa première interview depuis le premier tour, sur BFM TV, Mélenchon a réitéré son appel à ne pas voter pour Le Pen, mais a de nouveau évité d’appeler explicitement à voter pour Macron dans le deuxième tour. “Je ne veux pas que Le Pen gouverne le pays et je ne veux pas non plus que Macron garde le pouvoir, et je dois résoudre cette contradiction. Et je ne peux le résoudre que d’une seule manière, en disant qu’il y a un troisième tour”, a expliqué Mélenchon. « Mais peut-il s’imaginer comme Premier ministre répondant à une présidente Le Pen ? », lui a demandé l’intervieweur. « La voix du peuple. Quoi que les Français décident, je le ferai », a répondu le dirigeant de la gauche, qui a rappelé que la Constitution prévoit que, bien que le président négocie et signe les traités et qu’il soit le chef des armées, c’est le Premier ministre qui conduit et dirige la politique de la nation.

Pour ce faire, Mélenchon aurait toutefois besoin d’une majorité parlementaire à l’Assemblée nationale (577 sièges), ce dont il est loin à ce jour. Alors qu’il était déjà la force de gauche la plus votée en 2017, lors des élections législatives, pour lesquelles il a refusé de négocier avec les autres partis, il s’est retrouvé avec seulement 17 députés, contre 28 pour les socialistes, alors que ses résultats à la présidentielle étaient plus efficace.

Les gauches ; plus divisés que jamais

Malgré plusieurs tentatives, les partis de gauche ne sont jamais parvenus à se mettre d’accord sur une candidature unique aux élections présidentielles et sont arrivés au premier tour plus divisés que jamais, se lançant des reproches virulentes. Une situation qui rend désormais difficile le rapprochement des positions. L’écart considérable qui sépare les Mélenchonistes, avec leurs 21,9% des voix, des autres forces de gauche, Anne Hidalgo parvient à peine à 1,7% des voix pour le Parti socialiste, les Verts de Yannick Jadot obtiennent 4,6% et les communistes de Fabien Roussel 2,28%, met ces derniers dans une position très difficile, 28%, les place dans une position désavantageuse dans les négociations, ce qui ne les a pas empêchés de se révolter lorsque Mélenchon leur a demandé d’accepter son leadership et son programme, avec lequel les Verts et les socialistes ont de forts désaccords, notamment en matière de politique étrangère.

Jeudi, la France Insoumise a envoyé des lettres aux écologistes et aux communistes (mais pas aux socialistes) proposant d’ouvrir des discussions pour former une coalition en vue des élections législatives des 12 et 19 juin. Mais à ses conditions : le programme commun partagé devra être construit sur la base de celui qui a remporté le plus de voix à la présidentielle, c’est-à-dire le Mélenchoniste. Les forces de gauche se présenteraient sous le nom d’Union populaire et se répartiraient les circonscriptions au prorata des résultats du premier tour des élections législatives. Quant aux Verts et aux communistes, ils doivent cesser leurs attaques contre ceux qui refusent, ajoutent les expéditeurs d’une lettre qui laisse aussi explicitement hors jeu les socialistes, qui ont tenu mardi un congrès national pour analyser la situation après le désastre électoral du premier tour.

Selon Mélenchon « il n’est pas nécessaire d’être député pour être Premier ministre »

Les Insoumis ont constaté ce positionnement irrespectueux, car selon eux, les autres partis de la gauche ont clairement dit qu’ils ne voulaient pas être avec Mélenchon. Pour justifier l’exclusion socialiste, alors même que le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a assuré que sa main est tendue à la France Insoumise. “Il est temps de surmonter les rancunes qui existent”, a-t-il déclaré. Mais les réticences ne sont pas seulement entre socialistes et mélenchonistes. L’invitation à négocier n’a pas non plus été reçue comme une carte blanche par les écologistes. La France Insoumise peut réaliser un groupe parlementaire d’opposition de gauche pour résister mais sans moyens d’action réels, c’est-à-dire sans force pour changer les choses, ou bien elle peut tenter d’avoir un poids réel en devenant le moteur d’une coalition majoritaire capable, formant ensemble une majorité à l’Assemblée.

Mélenchon, 70 ans, avait précédemment déclaré qu’il n’avait aucune rancœur envers les autres candidats de gauche qui n’ont pas rejoint sa cause lors des campagnes pour l’élection présidentielle, mais a appelé le public à se rassembler maintenant et lors des futures élections « L’homme politique de longue date », qui a été élu député de Marseille en 2017, n’a pas dit s’il avait l’intention de se présenter à nouveau comme député, mais a déclaré qu’il n’est pas nécessaire d’être député pour être Premier ministre.

Si Mélenchon devenait Premier ministre, il signerait un décret pour geler les prix

Il a ensuite promis que s’il devenait Premier ministre, il signerait un décret pour geler les prix. Il a qualifié les élections de juin de troisième tour et a exhorté le public à se rallier à sa cause. Interrogé pour savoir s’il voulait être Premier ministre sous la présidence d’Emmanuel Macron ou de Marine Le Pen, il a refusé de répondre à la question. Il a insisté sur ce fait qu’il ne voulait pas être le premier ministre de n’importe qui. D’ailleurs il désire être le Premier ministre que les Français ont choisi, afin d’appliquer son programme.

Mélenchon fait partie des candidats qui ont exhorté le public à se rassembler pour empêcher Le Pen d’accéder au pouvoir, même s’il reste critique à l’égard de Macron. Macron et Le Pen se sont affrontés pour la deuxième fois (comme cela s’est également produit en 2017), lors du dernier tour de l’élection présidentielle, le dimanche 24 avril. Cette fois encore les Français ont décidé de voter pour un président centriste, dont une partie importante de ses voix venaient des électeurs gauches. Ce leader semble chercher à gagner plus de pouvoir à l’Assemblée nationale. Même s’il n’atteint pas cet objectif, il espère au moins prouver l’acceptation des représentants de son parti afin d’avoir un poids plus lourd à l’Assemblée nationale.

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