« La droite est de retour », a déclaré solennellement Valérie Pécresse après avoir obtenu les primaires des conservateurs pour l’élection présidentielle française d’avril. Cette femme de 54 ans, qui se compare à l’ancienne première ministre britannique Margaret Thatcher et à l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel, est le dernier espoir d’un parti en grande difficulté. La droite traditionnelle française, qui est actuellement connue sous le nom de Les Républicains, ne s’est jamais remise de sa défaite ruineuse en 2017, lorsque (pour la première fois en près de 60 ans) elle n’a pas réussi à se qualifier pour le dernier tour d’une course présidentielle. Il y a quelques mois à peine, elle était en plein désarroi, enlisée dans des divisions internes et incapable de marquer la campagne de son empreinte.
Lorsque Valérie Pécresse a remporté les primaires de son parti, beaucoup l’ont projetée comme la challengeuse la plus sérieuse de Macron. En mêlant l’ordre public et l’économie libérale, elle semblait prête à reconquérir le vote de centre-droit, qui soutenait traditionnellement les membres de Les Républicains mais a voté pour Macron en 2017, suite au scandale qui a ébranlé la campagne de François Fillon. Cependant, elle a eu du mal à se distinguer du président, dont les politiques économiques libérales, la stratégie de défense et la décision de limiter 50 % des octrois de visas à l’Algérie et au Maroc et de 30 % à la Tunisie ressemblent considérablement à ses propres propositions ; actuellement, la plupart des sondages placent Pécresse entre 10 et 11 % des intentions de vote. Plus récemment, la guerre en Ukraine a mis sa campagne à l’écart tout en renforçant la position de Macron.
Selon Pécresse, « Pour que la France soit puissante, il faut qu’elle soit indépendante »
Les propositions de politique étrangère de Pécresse ressemblent aussi beaucoup à celles de Macron. Elle a exprimé son soutien à une Union européenne plus forte, notamment en matière de défense ; elle considère l’Europe comme un véhicule par lequel la France peut projeter sa puissance ; et elle souhaite des collaborations militaires plus systématiques avec les partenaires européens. Cependant, contrairement à Macron, dont le programme est basé sur une identité européenne partagée, elle a une vision plus pragmatique de l’intégration, s’alignant sur son mentor, Jacques Chirac. Elle mettrait également un terme au processus d’intégration de la Turquie, opposerait son veto à tout nouvel élargissement et ferait pression pour un contrôle accru des flux d’immigration, notamment en recrutant 10 000 gardes-frontières Frontex supplémentaires.
Selon ses propres termes : « il faut réformer l’UE-27 avant de penser à son élargissement ». Pour défendre les intérêts français à Bruxelles, Pécresse insiste sur la nécessité de rétablir une relation franco-allemande plus équilibrée, mais ne précise pas ce que cela implique.
L’indépendance de la France sur la scène internationale est d’une importance capitale pour le centre-droit traditionnel et Pécresse ne fait pas exception. « Pour que la France soit puissante, il faut qu’elle soit indépendante : alliée des États-Unis mais certainement pas vassale », a-t-elle déclaré. Elle considère l’AUKUS et l’accord raté sur les sous-marins franco-australiens comme la preuve que les priorités des États-Unis se situent dans le Pacifique et qu’ils sont prêts à mettre en œuvre leur virage géostratégique au détriment de leurs alliés historiques en Europe. Néanmoins, elle est convaincue que la défense de l’Europe doit passer avant tout par l’OTAN. Par ailleurs, elle souhaite donner un nouvel élan à la coopération franco-américaine pour la défense des intérêts français, en suggérant une visite annuelle à Washington pour un dialogue constructif.
Quel sont les programmes de la candidate républicaine sur l’immigration ?
La candidate de la droite française se concentre également sur l’immigration alors qu’elle chute à la cinquième place dans les sondages. Valérie Pécresse tente de relancer une campagne en perte de vitesse qui pourrait diviser Les Républicains. À l’approche de l’élection présidentielle en France, les candidats déploient leurs programmes, qui visent à s’attaquer aux problèmes auxquels le pays est actuellement confronté. Cependant, le pays qui assure la présidence de l’UE, et qui abrite plus de 6,5 millions d’immigrants, peut devenir l’un des pays les plus stricts de l’UE en matière d’asile et de citoyenneté, selon le candidat qui remportera les élections.
La candidate républicaine, Valérie Pécresse, estime que les demandes d’asile doivent être examinées hors de France tout en préconisant qu’une loi sur les quotas d’immigrés doit être votée par le gouvernement français. Cela signifie que si cette loi visant à réduire les flux migratoires est votée, le parlement votera et introduira de nouveaux quotas d’immigration chaque année. Par ailleurs, Pécresse souhaite également supprimer l’octroi des visas aux pays qui ne délivrent pas de laissez-passer consulaires pour rapatrier leurs ressortissants expulsés de France. Quant aux prestations sociales, elles ne seraient accordées à un ressortissant non français qu’après cinq ans de résidence en France.
Réécrire la Constitution française ; l’une des promesses de Pécresse
Pécresse estime qu’il faut réviser la directive « retour » en effectuant des contrôles biométriques sur tous ceux qui souhaitent entrer sur le territoire français et en accélérant le recrutement de 10 000 gardes-frontières Frontex. Quant aux prestations sociales, auxquelles les non-Français ne peuvent avoir accès que cinq ans après leur séjour, comme le propose Pécresse, Macron ne s’est pas encore prononcé sur le sujet. Le candidat de la droite a également critiqué la loi pour les arrivants de pays tiers qui se disent mineurs et refusent de passer le test osseux pour prouver leur âge, affirmant que la loi est mal construite. Selon elle, toute personne déclarée mineure mais refusant de se soumettre à un test osseux devrait être considérée comme un adulte, et donc s’attendre à être expulsée.
Pécresse, a promis de réécrire la Constitution française afin de lutter contre la criminalité et l’immigration clandestine, alors qu’elle tentait de relancer une campagne en perte de vitesse qui risque de faire chuter son parti si elle n’atteint pas le second tour. Pécresse a déclaré que ses modifications de la constitution introduiraient des peines de prison minimales pour certains crimes, des quotas d’immigration, et limiteraient le port du foulard musulman dans certains espaces publics, notamment en interdisant le port du foulard aux joueurs lors d’événements sportifs. Les mères accompagnant les enfants en voyage scolaire ne porteraient pas de foulard, a-t-elle ajouté.
Elle a de même fait référence à la mesure qu’elle avait elle-même prise à l’encontre des maillots de bain couvrant tout le corps lorsqu’elle était à la tête de la région Île-de-France : « La laïcité républicaine, qui affirme que la loi est au-dessus de la foi, doit devenir notre ciment. Je prône la signature de chartes de la laïcité dans chaque commune et l’interdiction des burkini dans les piscines publiques », a-t-elle déjà twitté.
Pécresse tente d’empêcher les sympathisants du parti de choisir Macron, dont le programme couvre un terrain similaire au sien sur certaines questions, notamment le relèvement de l’âge de la retraite à 65 ans. Les difficultés de Valérie Pécresse commencent en effet par le fait qu’elle a remporté la primaire de son parti avec une marge étroite et qu’elle doit donc tenir compte des opinions divergentes du parti. De plus, la candidate d’extrême droite Le Pen tenait le centre de gravité de la droite dans les sondages. Pécresse avait également du mal à incarner la campagne et à placer ses idées au centre du débat public. D’autre part, un certain nombre de législateurs du parti pourraient être tentés de sauter dans le camp de Macron afin d’assurer leur réélection lors des élections législatives de juin.