La réforme du système des retraites, le nouveau plan du président pour sa campagne

Remy Legaros
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Emmanuel Macron voudrait faire passer l'âge de la retraite à 65 ans

Emmanuel Macron a déclaré qu’il voudrait faire passer l’âge de la retraite à 65 ans s’il était réélu à présidentielle française, à un mois de l’élection présidentielle française. Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement a de son côté décrit ce plan comme « une réforme de responsabilité et de justice ». L’âge minimal légal pour partir à la retraite en France est actuellement de 62 ans. Le président français a annoncé sa candidature aux prochaines élections d’avril la semaine dernière, un jour avant la date limite, et commence maintenant à dévoiler son programme de réélection. Son porte-parole, Gabriel Attal, a déclaré à RTL : « Est-ce qu’on veut encore pouvoir financer une protection pour les Français et investir pour les Français ? Nous, on dit oui ». M. Attal a encore expliqué qu’« Est-ce qu’on pense qu’il faut le faire en augmentant les impôts ? Nous, on dit non. Et donc il faut travailler plus ».

Président de l’Assemblée nationale française, Richard Ferrand, a précisé que l’augmentation de l’âge de la retraite concernerait les personnes nées après 1969, lors d’un débat organisé par un grand syndicat. Il y aura des exceptions pour les personnes occupant des emplois plus difficiles et plus physiques pour lesquelles il sera possible de prendre sa retraite à 62 ans, a ajouté Ferrand. L’annonce de la position de Macron sur la retraite a été fortement critiquée par les autres candidats de la présidentielle.

« Il nous faudra travailler plus »

La réalité du dévoilement d’un tel geste n’a rien d’étonnant, le chef de l’Etat avait auparavant affirmé cette intention lors de son allocution télévisée du 9 novembre 2021. Par ailleurs, il a écrit une lettre aux Français lors de l’annonce de sa candidature le 3 mars, dans laquelle il confirme : « Il nous faudra travailler plus et poursuivre la baisse des impôts pesant sur le travail et la production. » Le président a ainsi indiqué sa détermination à relancer un projet qui avait été suspendu en mars 2020 en raison de la crise Coronavirus. Macron a pris cette décision avant d’annoncer un an et demi plus tard qu’il y renonçait.

Jean-Luc Mélenchon, qui s’est récemment imposé comme le principal candidat de la gauche, veut ramener l’âge de la retraite à 60 ans. Et il a déclaré que le président n’avait pas calculé ce que cette nouvelle mesure coûterait en allocations de chômage. La candidate d’extrême droite Marine Le Pen, qui propose également de réduire l’âge de la retraite, mais pour ceux qui ont commencé à travailler tôt, a déclaré que Macron avait laissé les « gens se sacrifier eux-mêmes. » La candidate de droite Valérie Pécresse, qui souhaite porter l’âge de la retraite à 65 ans, a reproché à Macron de ne pas l’avoir déjà fait. Le président français avait auparavant tenté de faire adopter une réforme des retraites en 2020 qui aurait porté l’âge à 64 ans, en supprimant les programmes spéciaux au profit d’un système unique. Cette réforme s’est heurtée à une forte opposition, avec des manifestations dans tout le pays au début de 2020. Sa proposition a ensuite été abandonnée dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Le premier tour de l’élection présidentielle française a lieu le 10 avril, et Macron est en tête des sondages parmi les principaux candidats.

« Le système de retraite fait face à un déficit, qui devrait atteindre 10 milliards d’euros par an, jusqu’en 2030 »

L’âge de la retraite encore plus tard ? Cela pourrait bien provoquer une nouvelle contestation, car il s’agit d’un sujet sensible. Selon des informations révélées par Les Échos, mercredi 9 mars, après avoir visé l’âge de 64 ans lors du projet de loi finalement abrogé sur les retraites, le candidat à la présidentielle Emmanuel Macron a cette fois pour le but l’âge 65 ans. Car le président a toujours pour objectif de faire travailler plus dur les Français. C’est le seul moyen de « protéger les droits de nos retraités » et de « financer notre modèle social », avait-il déclaré dans un entretien télévisé en décembre dernier. Cependant, le système des retraites doit être complètement repensé, car si la question du financement des retraites n’est pas résolue au plus vite, la dette publique de la France va à nouveau fortement augmenter. Selon le Conseil d’orientation des retraites, le système de retraite fait face à un déficit, qui devrait atteindre 10 milliards d’euros par an, jusqu’en 2030.

Emmanuel Macron a appelé à cette réforme des retraites lors de sa campagne présidentielle de 2017. Il avait, à l’époque, pour ambition de créer un système universel. L’objectif consistait à faire en sorte que « chaque euro cotisé donne les mêmes droits », indépendamment de votre profession et de votre statut. Évidemment, cela entraînait une uniformisation des méthodes de calcul des droits à la retraite, et par conséquent la disparition de tous les régimes de retraite en faveur d’un système unique.

Attal : « en réduisant les coûts, la réforme des retraites permettrait au gouvernement de continuer à financer la sécurité sociale »

Bruno Le Maire, le ministre français des finances, a reconnu que le rétablissement de l’ordre dans les finances publiques du pays devait être une priorité pour la prochaine administration. Attal a suggéré qu’en réduisant les coûts, la réforme des retraites permettrait au gouvernement de continuer à financer la sécurité sociale et les investissements sans recourir à une hausse des impôts.

Le mois dernier, la Cour des comptes française, l’auditeur officiel, a réprimandé l’administration Macron pour ses dépenses publiques excessives et a déclaré que le déficit structurel du secteur public – hors dépenses liées à la pandémie – s’élevait à 5 % du PIB, soit deux points de pourcentage de plus que le seuil de 3 % fixé par l’UE avant la crise. Ces déficits et le niveau élevé de la dette publique de la France, plus de 110 % du PIB, la placent parmi les moins performants de l’UE, comme l’Italie, et la distinguent des États membres relativement peu endettés, comme l’Allemagne et les Pays-Bas, la dit l’auditeur.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie et les sanctions sévères imposées à Moscou ont fait naître la perspective d’une nouvelle crise économique en Europe. La guerre a éclaté alors que des pays comme la France tentaient déjà de remettre de l’ordre dans leurs finances publiques après une flambée de dépenses d’urgence pour protéger les entreprises et les employés touchés par la pandémie.

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