Une féministe française, défenseuse des groupes minoritaires et icône de la gauche, a déclaré mercredi qu’elle se retirait de la campagne présidentielle française. Christiane Taubira a affirmé lors d’une conférence de presse qu’elle ne pourrait pas recueillir les 500 parrainages exigés par la loi française pour se présenter à l’élection présidentielle. Cette règle a pour objectif de réduire le nombre des candidats à l’élection présidentielle. Ces parrainages doivent provenir des élus d’au moins 30 départements différents, avec un maximum d’un dixième d’entre elles dans un seul département. Les élus qui peuvent donner une signature sont les députés, les sénateurs, les représentants du Parlement européen, les maires et présidents de collectivités locales, les conseillers de Paris et de la Métropole de Lyon, ainsi que les conseillers départementaux et régionaux.
En pratique, la plupart des signatures proviennent des maires. Avec 181 parrainages, Taubira, ancienne ministre de la justice de François Hollande, qui s’était présentée tardivement pour cette course, avait peu de chances de se qualifier avant la date limite fixée à vendredi. Les sondages indiquaient également que Taubira aurait un score marginal à l’approche de l’élection présidentielle française, qui se tiendra en deux tours les 10 et 24 avril. Elle a été députée de l’Union européenne dans les années 1990 et a soutenu une loi concernant la reconnaissance de la traite des esclaves comme un crime contre l’humanité en 2001.
Taubira : « Je mets fin à un inutile suspense »
« Je mets fin à un inutile suspense », a déclaré Taubira lors d’une conférence de presse mercredi. Le Conseil constitutionnel français a publié des chiffres indiquant que Taubira n’avait recueilli jusqu’à présent que 181 parrainages avant la date limite du 4 mars à 18 heures pour obtenir les 500 signatures exigées. Elle a également souligné que sa candidature a été empêchée par un dispositif administratif qui ne survivra pas à cette campagne. La règle des parrainages, en vigueur depuis le milieu des années 1970, est destinée à éliminer les candidats les plus excentriques avant le premier tour.
Taubira, 70 ans, qui a été ministre de la justice sous l’ancien président socialiste François Hollande, était entrée sur la scène électorale en janvier. Elle a remporté le sondage primaire du peuple organisé par des groupes de gauche concernant l’élection d’avril. Sa victoire dans ce sondage avait profondément fragilisé la partie gauche de la sphère politique française, avec au moins six candidats se présentant sous l’étiquette de gauche.
Taubira est devenue la première femme noire à se présenter à la campagne présidentielle française en 2002 où elle a obtenu 2,3 % des voix. D’autres candidats de gauche sont parvenus à obtenir les parrainages demandés, notamment Jean-Luc Mélenchon, figure de l’extrême gauche, Yannick Jadot, candidat des Verts, Anne Hidalgo, maire de Paris, candidate socialiste, et Fabien Roussel, candidat du Parti communiste.
Les socialistes ont perdu une part importante de leurs voix au profit de Macron
L’homme de gauche Jean-Luc Mélenchon est récemment devenu le huitième candidat officiel à l’élection présidentielle après avoir dépassé le nombre requis de 500 parrainages, délivrés par des élus de toute la France. Le succès de Mélenchon intervient quelques jours avant la date limite d’obtention des parrainages. Ce candidat qui représente La France Insoumise et se présente à la présidentielle française pour la troisième fois, après des échecs en 2012 et 2017, est également considéré comme une figure de l’extrême gauche, un ancien trotskiste qui a été devenu socialiste et puis mélenchoniste.
Parmi les principales revendications présidentielles de Mélenchon se trouve l’augmentation du salaire minimum de 1 269 à 1 400 euros par mois, la création d’une allocation mensuelle de 1 063 euros pour les étudiants de l’enseignement supérieur, la réduction de l’âge de la retraite à 60 ans (au lieu de 62 ans) et le recrutement d’ « un million de personnes dans la fonction publique ». Il compte pour cela, augmenter les impôts des plus hauts revenus.
Concernant tous les problèmes auxquels la gauche est confrontée, les partis de cette tendance politique connaissent une situation beaucoup plus difficile. Le déclin de la gauche française est surtout marqué pour le Parti socialiste, dont les présidents ont gouverné le pays pendant deux des quatre dernières décennies. La candidate de ce parti, Anne Hidalgo, maire de Paris, recueille entre 1 et 3 % des voix et ne parvient pas à intéresser le public à sa campagne.
Les socialistes ont perdu une part importante de leurs voix au profit de Macron et de l’abstention en raison de ce que de nombreux anciens partisans considèrent comme l’incapacité de la gauche à repousser vigoureusement les positionnements de l’extrême droite ou à réaliser les leurs sous la présidence de François Hollande. Alors qu’elle a déjà obtenu les parrainages d’un nombre suffisant des élus, mais qu’elle est menacée d’une défaite en avril, Hidalgo a montré peu de sympathie pour ses adversaires cette semaine.
Les candidats Verts et Socialistes ont lancé un appel pour envoyer des armes en Ukraine
Deux candidats d’extrême-droite craignaient également de devoir se retirer de la campagne électorale de cette année. Mais le dernier bilan du Conseil constitutionnel, qui confirme les parrainages, a permis à Marine Le Pen et Éric Zemmour de dépasser la limite des 500. Les noms des élus qui soutiennent les candidats à la présidentielle sont rendus publics depuis 2017, ce qui rend les responsables locaux méfiants à l’idée de parrainer des candidats aux opinions extrémistes. Le président Emmanuel Macron, un centriste, a été le premier à recevoir le nombre requis des parrainages. Il devrait officiellement annoncer sa candidature à la réélection dans les jours à venir. Les sondages indiquent que Macron est le grand favori de l’élection d’avril. La candidate conservatrice Valérie Pécresse, Le Pen et Zemmour, sont les principaux challengers du président de la République.
À gauche, le candidat des Verts Yannick Jadot a annulé son voyage de campagne à Clermont-Ferrand après le début de l’invasion russe. Il a également remis à plus tard sa participation au Salon de l’agriculture de Paris en raison d’une session extraordinaire sur la guerre en Ukraine au Parlement européen, dont il est membre. La candidate des Verts et du Parti socialiste Anne Hidalgo a participé à une manifestation de soutien à l’Ukraine dans le centre de Paris jeudi soir. Les candidats Verts et Socialistes ont lancé un appel pour que des armes soient envoyées en Ukraine pour aider la population du pays à se protéger.
Mélenchon : « Dans une démocratie, on ne s’arrête pas car la Russie a envahi l’Ukraine »
Hidalgo, qui est également maire de Paris, a fait illuminer l’hôtel de ville de la capitale française en bleu et jaune pour soutenir l’Ukraine jeudi. Pour trois soirs à partir de vendredi, à la demande d’Hidalgo, la Tour Eiffel suivra le mouvement. La candidate socialiste a rencontré des membres de la communauté ukrainienne de France vendredi matin et a affirmé qu’elle allait « transformer » son rassemblement à Bordeaux samedi en un « rassemblement de solidarité avec les Ukrainiens ». Faisant campagne dans le territoire français d’outre-mer de La Réunion, dans l’océan Indien, le candidat d’extrême gauche Mélenchon a justifié ce geste en déclarant : « Dans une démocratie, on ne s’arrête pas car la Russie a envahi l’Ukraine. »
Inquiétudes sur le pouvoir d’achat Avant même que la Russie ne lance son invasion, plusieurs candidats à la présidentielle, dont Le Pen à l’extrême droite et Mélenchon à l’extrême gauche, se sont inquiétés de l’impact potentiel du conflit sur le pouvoir d’achat des Français, première préoccupation de l’électorat selon les sondages. Le conflit présente des périls économiques qui incluent la hausse des prix de l’énergie.