Le président français Emmanuel Macron a enfin annoncé qu’il se présentera à l’élection présidentielle d’avril. Il a officiellement affirmé une campagne que la guerre en Ukraine a assombrie. Macron a annoncé sa candidature dans une lettre publiée jeudi, une façon inhabituellement discrète de se lancer dans une campagne que ses rivaux le pressent d’entamer depuis des semaines. Selon la loi électorale française, les candidats à la présidentielle doivent déclarer leur candidature avant la fin de la journée du vendredi 3 mars.
Macron, 44 ans, avait depuis longtemps exprimé sa volonté de se présenter à l’élection, qui devrait se tenir en deux tours les 10 et 24 avril, sans toutefois en faire officiellement l’annonce jusqu’à présent. Cependant, les intentions initiales de sa campagne électorale ont été modifiées à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Ces dernières semaines, le président de la République a consacré l’essentiel de son temps à des discussions diplomatiques avec les leaders mondiaux et à la coordination avec les alliés européens et occidentaux. Les sondages montrent que Macron est le favori de la campagne présidentielle. La candidate conservatrice de droite, Valérie Pécresse et deux représentants d’extrême droite, Marine le Pen et Éric Zemmour, seront les principaux adversaires du président.
Macron : « Je ne pourrai pas mener campagne comme je l’aurais souhaité en raison du contexte »
Macron a de même insisté sur l’importance de trouver une solution pour la situation actuelle en Ukraine lors de sa déclaration d’entrer sur la scène électorale : « Je suis candidat pour inventer avec vous, face aux défis du siècle, une réponse française et européenne singulière. ». Il a également expliqué le plan de sa campagne présidentielle : “Bien sûr, je ne pourrai pas mener campagne comme je l’aurais souhaité en raison du contexte … mais avec clarté et engagement, j’expliquerai notre projet”. La candidature de Macron est de plus en plus renforcée par sa présence au pouvoir. Les 21 millions de téléspectateurs qui ont regardé le discours du président Macron se sont concentrés sur la guerre en Ukraine et ses conséquences.
Ces derniers mois, la popularité de Macron a été relativement stable, avec un taux d’approbation autour de 40 %, plus élevée que celle de ses prédécesseurs François Hollande et Nicolas Sarkozy. Bien qu’il n’ait pas annoncé officiellement sa candidature, Macron a été le premier candidat à obtenir les 500 parrainages requis par la loi. Cette loi est destinée à réduire le nombre des candidatures à la présidentielle. Macron a affirmé dans sa lettre jeudi que la guerre en Ukraine l’empêcherait de faire campagne comme il l’aurait prévu.
Les plans de la campagne électorale se limiteront au minimum pour l’instant, selon la déclaration de plusieurs responsables du bureau du président français. Macron désire que ses fonctions de président à un moment clé pour l’Europe ne puissent pas être bouleversées par sa candidature. La France occupe actuellement la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne, ce qui donnerait à Macron un rôle clé dans l’organisation d’une réponse face à l’intervention militaire de la Russie.
Le camp de Macron attendait le moment favorable pour annoncer sa candidature depuis début février
Après cinq années au pouvoir, le plus grand obstacle auquel se heurte Macron vient des candidats de droite qui l’accusent de se montrer peu sévère à l’égard de la question de l’immigration et de la criminalité et de ne pas défendre la culture française. Il s’agit notamment de Valérie Pécresse, la candidate conservatrice du parti Les Républicains, de Marine Le Pen, la candidate d’extrême droite du parti Le Rassemblement National, et d’Éric Zemmour, le journaliste islamophobe du nouveau parti La Reconquête. Le camp de Macron attend le moment favorable pour annoncer sa candidature depuis début février. Mais à la suite de la crise ukrainienne, il est en train de voyages à l’étranger ou d’organiser des entretiens avec d’autres chefs d’État. Jeudi, il s’est entretenu pour la troisième fois en une semaine avec le président russe Vladimir Poutine et à nouveau avec son homologue ukrainien, le président Volodymyr Zelensky.
Bien que la gestion du conflit ukrainien par Macron et sa diplomatie téléphonique avec le président russe et le président ukrainien lui aient permis de remonter dans les sondages, le moment de sa déclaration de réélection est devenu sensible. Celle-ci devait initialement être faite lors de l’ouverture du prestigieux Salon de l’Agriculture le 26 février, et un premier meeting de campagne était prévu à Marseille ce samedi.
« Je ne suis pas fait pour diriger par temps calme, je suis fait pour les tempêtes »
Depuis qu’il a remporté l’élection présidentielle en 2017, le mandat de cinq ans de Macron à l’Élysée et son programme politique ont été déroutés d’abord par, les attaques extrémistes, les manifestations des gilets jaunes, la pandémie de Covid-19 et maintenant par la guerre de la Russie en Ukraine. “Je ne suis pas fait pour diriger par temps calme. Mon prédécesseur l’était, mais moi je suis fait pour les tempêtes”, a-t-il un jour affirmé lors d’une visite de l’île française de Saint-Martin, touchée par un ouragan, en 2017. Au moment de sa première élection en mai 2017 grâce à un programme pro-business et pro-européen, Macron avait peu d’expérience politique.
Ancien banquier d’affaires, il avait été ministre de l’économie de 2014 à 2016 sous le président socialiste François Hollande. Il a convaincu les français par sa promesse de donner un nouvel élan à la politique et a réussi à obtenir le soutien du centre-gauche et du centre-droit. Il a convaincu les français par sa promesse de donner un nouvel élan à la politique et a réussi à obtenir le soutien du centre-gauche et du centre-droit. Près de cinq ans plus tard, Macron a remarqué que « rarement, la France avait été confrontée à une telle accumulation de crises ».
Macron a effectué des changements dans l’économie pour dynamiser la création d’emplois et diminuer le taux d’Impôt sur les Sociétés. Il a notamment adouci les règles d’embauche et de licenciement des travailleurs et durci les conditions d’obtention des allocations de chômage. Ses adversaires considèrent que ses politiques mettent en péril l’État-providence français. Il est confronté à la première crise majeure de son mandat lorsque le mouvement de protestation antigouvernemental des gilets jaunes a éclaté à la fin de 2018. Nommé d’après les gilets que les conducteurs français doivent garder dans leur voiture en cas d’urgence, il a commencé par des manifestations contre une augmentation prévue de la taxe sur le carburant et s’est rapidement transformé en un mouvement plus large contre les inégalités économiques et sociales.
La pandémie a obligé le chef d’Etat à reporter certaines réformes économiques, notamment la réforme de retraite
Chaque semaine, les manifestations dans tout le pays ont souvent dégénéré en violences éparses. En 2020, la pandémie de COVID-19 a poussé le président à déclarer le pays « en guerre » contre le virus. Après une période de récession historique alimentée par le lockdown, son gouvernement s’est concentré sur le soutien de l’économie avec un plan de relance de 100 milliards d’euros. La pandémie a obligé le chef d’Etat à reporter certaines réformes économiques, notamment la difficile réforme du système de retraite français qu’il avait auparavant promis de faire passer. “Nous n’avons pas tout réussi”, a reconnu Macron dans sa lettre jeudi.
« Grâce aux réformes menées, notre industrie a pour la première fois recréée … et le chômage a atteint son plus bas niveau depuis quinze ans », a-t-il déclaré. Le taux de chômage a récemment atteint 7,4 %, contre plus de 10 % lors de son arrivée au pouvoir. “Je suis candidat pour continuer de préparer l’avenir de nos enfants et de nos petits-enfants”, a-t-il fait remarquer.