L’élection présidentielle fait face à une crise sans précédent. Après deux ans de pandémies, c’est cette fois au tour de la Russie d’envahir l’Ukraine pour redéfinir les équations. Le vertige submerge les Français. « Une guerre qui peut revenir en Europe », a souligné le chef de l’Etat, qui a ouvert le Salon international de l’agriculture à Paris samedi 26 février. L’invasion de l’Ukraine a été lancée par le président russe Vladimir Poutine, jeudi matin 24 février. L’arrivée des chars russes en Ukraine, pays voisin de l’Union européenne, s’est accompagnée d’un avertissement de Vladimir Poutine : “Quiconque a l’intention de se mettre contre notre chemin ou de menacer notre pays et notre peuple doit savoir que la réponse de la Russie sera immédiate. Il a des conséquences qui n’ont jamais été vues dans son histoire”. Aujourd’hui, ce sujet, donne une importance très dramatique et tangible aux événements récents.
« Au-delà des conséquences économiques susceptibles d’affecter notre territoire, il s’agit d’un conflit créé par une puissance dotée de l’arme nucléaire », a déclaré Emmanuel Macron lors d’un conseil de défense. C’est un tournant dans l’histoire de l’Europe et notre pays qui aura des conséquences durables et profondes sur nos vies », a-t-il affirmé le président de la République. A moins de quarante-cinq jours du premier tour de l’élection présidentielle, cette offensive militaire qui, selon les mots du chef de l’Etat, ravive les « fantômes du passé », marque de fait un coup d’arrêt à la présidentielle. Une élection qui tentait déjà de s’imposer dans l’esprit des Français, déjà influencé par une crise sanitaire de deux ans.
Pour Macron, l’intensité des tensions justifie son entrée tardive en campagne électorale
L’opinion publique, jusqu’ici peu préoccupée par les questions internationales, est cette fois en alerte. Avant, c’était la campagne électorale qui était au centre d’intérêt. Aujourd’hui, le contraire semble être vrai. La façon dont les candidats le perçoivent est un enjeu qui rend la campagne passionnante. Pour Emmanuel Macron, qui n’a pas encore annoncé sa candidature, l’intensité des tensions justifie son entrée tardive en campagne électorale. Ce qui peut stabiliser sa position et mettre la pression sur ses adversaires. Réaffirmant sa position selon laquelle il entend aller au-delà des batailles politiques et donner la priorité à l’esprit d’unité nationale, le chef de l’Etat a, à sa demande, rencontré vendredi 25 février deux anciens présidents, Nicolas Sarkozy, l’homme de droite, et François Hollande, celui de gauche.
Toute critique du pouvoir dans cette récente crise peut être considérée comme un acte infidèle. C’est le rôle de la France et non d’Emmanuel Macron. Dans une situation qui rappelle peut-être les années 1930, les gens recherchent quelqu’un qui a le sang-froid et l’expérience du pouvoir. Cette situation ne peut guère être en faveur de candidats comme Éric Zemmour, Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon, qui, en plus, sont soupçonnés de leur satisfaction antérieure avec Poutine.
Marine Le Pen a été forcée de défendre ses liens avec Vladimir Poutine
Marine Le Pen, leader du Rassemblement National et candidate du mouvement extrême droite française à l’élection présidentielle, a récemment été forcée de défendre ses liens avec le président de la Russie, Vladimir Poutine, après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le Pen, qui, selon les sondages, pourrait confronter avec Emmanuel Macron au second tour de l’élection en avril, a fait l’objet de critiques après la publication d’un tract de campagne comportant une photo d’elle avec le chef d’État russe. Son parti, le Rassemblement National, a confirmé qu’il avait ordonné aux bureaux locaux du parti d’effacer le document après que 1,2 million d’exemplaires aient été imprimés et distribués le mois dernier.
Une section de la brochure de campagne de huit pages souligne le statut international de Le Pen, avec des photos d’elle avec des dirigeants du monde entier, dont Poutine. Elle est toujours disponible sur le site web de la campagne de Le Pen. Le Pen a effectué un voyage à Moscou où elle a rencontré le président russe dans le cadre de la préparation de l’élection présidentielle de 2017. En octobre 2014, le parti d’extrême droite, alors appelé Front national, a emprunté 9 millions d’euros à une banque russe pour financer ses campagnes électorales.
Emmanuel Macron qui devait organiser son premier meeting de sa campagne samedi 5 mars à Marseille, a, à son tour, annoncé qu’il annulerait ce programme. Le président français, qui n’est pas encore officiellement candidat à sa réélection, est inquiet de la situation en Ukraine et a une série de rencontres avec différents chefs d’État. Emmanuel Macron a jusqu’à vendredi 18 heures pour déclarer officiellement sa candidature à l’élection présidentielle. En pleine crise ukrainienne, Emmanuel Macron a reporté l’annonce de sa candidature à une date plus proche de l’échéance prévue par le Conseil constitutionnel.
Une réunion « utile et importante » selon les candidats à la présidentielle
Le Premier ministre Jean Castex a par ailleurs accueilli lundi sept candidats à la présidentielle pour une réunion à propos du conflit ukrainien, parmi lesquels : Fabien Roussel, Yannick Jadot, Anne Hidalgo, Valérie Pécresse, Nicolas Dupont-Aignan, Marine Le Pen et Éric Zemmour. Tous les candidats ont accepté l’invitation, sauf Nathalie Arthaud de Lutte Ouvrière. Après près de deux heures de réunion, les candidats sont convaincus. “Nous avons eu des informations très complètes”, a souligné Valérie Pécresse. “Très utile, très intéressant et il faut rendre hommage au Premier ministre”, a déclaré Éric Zemmour. Anne Hidalgo a qualifié la réunion d’ « utile et importante ».
La démarche d’information du gouvernement a été approuvée. Mais des inquiétudes subsistent quant à la campagne électorale. Le leader des Verts, Yannick Jadot, a précisé qu’il ne voulait pas que ces inquiétudes restent lettre morte. “Ce grand moment de la démocratie française doit avoir lieu. C’est un grand débat que le peuple français mérite”. Le gouvernement se montre rassurant. “Des garanties nous ont été données sur le déroulement “normal” de l’élection présidentielle. Donc c’est évidemment important”, a souligné la candidate du parti Rassemblement national (RN) Marine Le Pen. Tous les candidats espèrent que la campagne pour l’élection présidentielle pourra se dérouler comme prévu.